105 habitants, 25 familles : voilà pour donner une idée des dimensions, très modestes, de ce village spécialisé dans le tourisme écologique et situé non loin de Mazunte et Puerto Angel, sur la côte oaxaqueña. C’est d’ailleurs la forme d’un rocher émergeant du Pacifique qui donne son nom à ce village : « petite fenêtre ».
Les infrastructures n’y sont pas très développées. Preuve en est : la plage qui y débute est vierge sur quelque 5 km et il est possible de s’y promener longuement sans y croiser qui que ce soit. La balade vaut d’ailleurs vraiment la peine.
La grande majorité de cette communauté vit exclusivement des revenus du tourisme : boutique, restaurant, hébergement, coopératives proposant des parcours en barque dans la mangrove. Dans le village, deux coopératives coexistent en effet : l’une, Lagarto real, s’occupe exclusivement d’emmener les touristes à la découverte de la mangrove ; tandis que l’autre, la Cooperativa de servicios ecoturisticos de la Ventanilla, prend également en charge la surveillance et l’entretien de la flore et de la faune locales (crocodiles, biches, tortues, etc.) et d’animaux sauvages repris au commerce clandestin, mais non réinsérables dans la nature (un singe-araignée, un coati, un faucon, etc.).
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C’est le 24 décembre, tôt le matin (7 heures), que nous y débarquons : il est préférable d’y aller tôt, quand il ne fait pas encore trop chaud et que, en l’absence d’autres touristes, il est possible de jouir de la balade en petit comité. Nous étions, nous-mêmes, quatre ce matin-là, deux amis nous ayant rejoints du Guatémala : Joffrey, directeur de l’Alliance française de Quetzaltenango où nous avions fait nos premiers ateliers de journalisme, ainsi que sa copine, accessoirement notre amie, Yesmi.
Malgré l’heure, nous trouvons tout de suite un guide, qui nous conduit à la lagune. La lagune se situe derrière une plage d’une trentaine de mètres, qui la sépare de la mer. La vision est enchanteresse : les vagues puissantes du Pacifique se jettent avec vacarme et creusent la plage à gauche, le sable s’étend à perte de vue au milieu, et à droite, se trouve la flore profuse de la mangrove. Passant par un ponton, nous accédons à la barque… et débute un reposant parcours d’une heure et demie ou deux heures.
Au loin, à la surface, se distinguent quelques crocodiles de rivière, dérivant comme des souches. Ça et là, des oiseaux de toutes tailles, formes et couleurs, passent : chigüiro (oiseau jaune de la taille d’un passereau), toucan gris, martin-pêcheur, héron cendré, cormoran (pato buso), ibis, pélican, aigrette bleue, aigrette neigeuse, etc.
Difficiles à repérer sans le regard exercé du guide, nous apercevons de grands iguanes verts, perchés jusque très haut dans les branches. Après une heure de balade, nous débarquons sur un îlot, où nous trouvons quelques animaux en cage ou dans des enclos : une loutre, un singe-araignée, un coati, de nombreux bébés crocodiles d’eau douce, quelques jeunes caïmans, des biches, un faucon… La coopérative prend soin du maintien de la faune de la mangrove, d’ailleurs été détruite à 20% lors d’un ouragan en juin. Des espaces sont donc aménagés pour permettre la croissance des bébés crocodiles (et de quelques tortues, qui se partagent un même bassin) à l’abri de prédateurs tels que les iguanes ou les boas constrictors.
Notre guide nous informe qu’il existe, occasionnellement, que l’État mexicain accorde un soutien financier aux activités de sauvegarde (des tortues, en l’occurrence) et de reforestation, mais que la coopérative n’en est guère dépendante.
Après une demi-heure sur les lieux, nous reprenons la barque et retournons au village, pour un tardif petit-déjeuner roboratif au restaurant local. A 4, nous nous en tirons pour environ 250 Pesos (15€) avec une nourriture copieuse et goûtue (pescadillas, quesadillas, tortillas enfrijoladas, salade de fruits, pichet de jus de fruits frais, 2 cafés)…
Parce que nous étions venus deux jours plus tôt sur place avec deux Mexicains de la capitale avec qui nous avions sympathisé, pour nous promener longuement sur la plage, nous n’y sommes pas retournés. C’est toutefois une promenade que nous vous recommandons chaudement. Vous pourrez voir les pélicans plonger en piqué dans la mer pour y pêcher les poissons, et une abondante faune aviaire… dans un décor de rêve où vous avez de fortes chances de ne rencontrer personne. Prévoyez beaucoup d’eau car le soleil tape dur.
Informations pratiques
Comment s'y rendre : Si la destination est au programme de votre voyage au Mexique, réservez votre avion (vous pouvez trouver un vol pas cher en un clic) et, depuis Cancún ou depuis la capitale, vous pourrez descendre à Oaxaca de Juárez, capitale de l’État d’Oaxaca. Là, rende-vous à la station de bus située sur le périphérique, d’où partent les bus pour Pochutla. Là, vous pourrez ou bien prendre un autre bus (ou taxi) pour Mazunte (d’où vous pourrez vous rendre à la Ventanilla en taxi pour 80 Pesos : nous étions 4 ; ça nous est donc revenu à 20 Pesos, soit 1,50€, par personne) ou bien aller directement à la Ventanilla. Pas compliqué : la destination est affichée en haut du pare-brise sur le colectivo, facilement reconnaissable : il est blanc et bordeaux.
Tarifs : 50 Pesos (3€/personne)
Site internet : Site de la Ventanilla(en espagnol)
Lire aussi : l’article de Kalagan sur Mazunte : « Travailler au soleil à Mazunte, Mexique et pourquoi pas s’y installer ? »
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Il y a 4 commentaires
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Original comme petite cavale.
Trouvez un guide sur place ne coute en général pas cher surtout quand c’est un local (au black), expérience identique pour aller sur la muraille de Chine.
Au black… ou pas ! A dire vrai, ce qui me gêne le plus c’est de filer de la thune à une agence de voyage, en ne sachant pas trop les conditions salariales des guides. Au Guatémala, en discutant avec des guides locaux dans le cadre d’un travail d’enquête, il paraissait clair qu’ils étaient exploités. Donc, dans ce cas, payer au black, oui. Mais sinon, et c’est le cas de Ventanilla, mais aussi de la lagune de Chicabal, par exemple, ou encore de la communauté de Santa Rita la Union, les revenus sont intégralement perçus par la communauté elle-même, dans un cadre légal. C’est une solution touristique que je trouve excellente, car proche de mes convictions socialistes (et je parle d’un certain socialisme du XIXe siècle) : autonomie (atteinte ou en voie de l’être) économique, projet micro-politique, revenus réinvestis dans la communauté (je pense à des communautés guatémaltèques) pour construire un dispensaire, une école, une bibliothèque… Ces modèles quasi politiques montrent les ressources d’imagination et d’humanité que peut aussi raviver dans les meilleurs – et trop rares – cas, un pays ayant embrassé le modèle néolibéral càd n’assumant pas la redistribution des richesses. Le tourisme permet donc de découvrir des solutions micropolitiques alternatives au capitalisme.
C’est sûr que c’est écolo, puisqu’il n’y a pas de touristes ! (enfin… peu)
Oui et non… Le village de 105 habitants tire l’intégralité de ses ressources du tourisme. Vu que les prix ne sont vraiment pas excessifs, il faut en conclure qu’il y a un flux régulier de touristes, tout le long de l’année.
De fait, toute la côte oaxaqueña est comme tavelée de projets écologiques et communautaires, qui semblent s’accorder assez bien avec un flux de touristes qui n’est pas négligeable.
A Mazunte, autre village, celui-ci plus grand, le tourisme n’a pas défiguré le paysage : ce sont des paillotes, des chambres, des restaurants, toits de chaume ; rien qui dépasse les deux étages, rien qui défigure le paysage. Je n’ai malheureusement pas eu trop le temps de creuser sur la question, mais il semble que des exigences écologiques minimales soient observées, notamment le tri sélectif des déchets et la réutilisation des déchets organiques pour le compost. J’y ai même trouvé un hôtel écolo, le Tonatiuh, qui pratique la permaculture, et dont je parlerai tantôt, ici ou ailleurs.
Les gens y sont en vacances mais semblent agir plutôt responsablement : y’a pas de flics, mais à ce que j’ai pu voir, y’en a pas besoin ; les gens font la fête, mais ne se comportent pas comme des pourceaux ; les gérants et employés locaux sont en large majorité mexicains ; dans le village, on trouve une boutique de produits bio produits dans les environs et un centre d’informations orientant vers divers projets écotouristiques des environs : rafting, découverte des tortues ou dauphins, etc.
Un autre tourisme est donc possible… quand du moins il n’atteint pas à la disproportion. Cela suppose donc peut-être une taille maximum au-delà de quoi ça devient le bordel. D’ailleurs, à en croire le gérant du bar-resto-hôtel L’Arquitecto, la limite de taille raisonnable est en train d’être dépassée, ce qui l’emmerde quelque peu car il préférerait se la couler douce plutôt que turbiner, son but n’étant pas d’engranger des masses de blé — comme d’ailleurs la majorité des gens de Mazunte impliqués dans le tourisme, j’ai l’impression.