La Grande Barrière de corail, monument naturel en péril

La Grande Barrière de corail se situe à l’est de l’Australie (dans l’Etat du Queensland), c’est la côte la plus visitée du pays. Deux millions de touristes visitent le récif tous les ans. Entre plongée sous-marine en tuba ou avec des bouteilles, et les tours sur voiliers à travers les îles paradisiaques de sable fin, les touristes trouvent toutes sortes d’activités pour découvrir les merveilles que cache le récif. C’est donc un apport économique considérable pour la région. Mais le tourisme peut aussi fragiliser le corail.

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Un poumon océanique d’une extrême richesse

Selon les scientifiques, le récif corallien du nord de l’Australie existerait depuis plus de 18 000 ans. Mesurant 2 600 km, la Grande Barrière de corail est la plus grande et la plus longue du monde. Sa beauté et sa richesse ont valu son intégration à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1981. La grande barrière de corail abrite plus de 125 sortes de requins, 400 espèces de corail différents, 1 500 espèces de poisson et plus de 4 000 mollusques. Elle est le refuge d’espèces menacées comme le dugong (aussi appelé vache des mers) et la grande tortue verte qui vient pondre sur les plages près de Bundaberg de novembre à mars. Il existe même des hôpitaux spécialisés pour les tortues, afin de veiller à leur préservation. Généralement, les tortues qui atterrissent dans ces hôpitaux ont été heurtées par des bateaux ou ont ingéré des sacs plastiques, croyant manger des méduses. Elles sont alors soignées puis relâchées dans l’océan, lorsqu’elles ont recouvré leurs forces.

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Un environnement méconnu et très fragile

Le comportement des touristes peut être dangereux pour la Grande Barrière de corail : l’ancre d’un bateau peut être lancée sur les coraux, les nageurs peuvent marcher dessus, des déchets peuvent être jetés en mer et la crème solaire chimique (il en existe des bio et/ou minérales) contribuent à sa détérioration. C’est pourquoi des organismes tels que Reef teach (une petite équipe de biologistes, passionné par les fonds marins et par la reproduction des coraux en novembre) consacrent ses soirées aux touristes pour leur enseigner les bonnes pratiques à adopter pour faire de la plongée dans cette zone. Ici, dans une ambiance chaleureuse et conviviale, on apprend les particularités des coraux et des poissons qui vivent avec les anémones, comment les reconnaître et comment les approcher sans les déranger. Ces associations font des actions « préventives » afin de sensibiliser les touristes à la fragilité de cet écosystème.

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L'association Reef Teach

Reef Teach est un centre d’éducation unique situé à Cairns, au nord du Queensland en Australie. Il est créé en 1992 par le biologiste irlandais Paddy Colwell et a pour but de sensibiliser le public à la vie aquatique. Paddy s’est rendu compte en effet que les touristes étaient très intéressés par la Grande Barrière de corail et voulaient plus qu’un exposé de 15 minutes pour comprendre ce monde sous-marin. Il forme alors une équipe de biologistes spécialisés dans la vie marine pour répondre à cette demande. Tous les soirs à partir de 18h30, les biologistes de Reef Teach donnent des formations, exposent aux visiteurs la diversité de la vie marine, leur apprennent à quelle époque et où rechercher les animaux marins qui peuplent cette zone, et mettent l’accent sur comment les approcher sans les faire fuir. Ils leur délivrent aussi un message important sur la conduite à avoir lorsqu’on fait de la plongée, afin de respecter cet environnement fragile. Tous ceux qui souhaitent découvrir la barrière de corail devraient suivre cette présentation pour comprendre et apprécier la vie aquatique de cette incroyable région.
Site internet de l’association : ReefTeach.au.

Comme nous l’a appris Reef teach, les coraux sont des organismes vivants et même des êtres vivants, et appartiennent au règle animal et non végétal comme beaucoup peuvent le penser. Ces êtres vivants sont aujourd’hui menacés : en 30 ans près de 50% du récif a disparu.

Les scientifiques expliquent cette disparition par le phénomène du « blanchissement » des coraux. D’après eux, ce phénomène provient de la pollution de l’eau qui forme de la boue et recouvre les coraux, les empêchant ainsi de voir la lumière du jour et expulsant un élément vital, une algue. Les coraux vivent en effet, en symbiose avec une algue qui leur apporte l’oxygène dont ils ont besoin. Sans elles, ils sont condamnés et meurent. Il ne reste plus que leur squelette, d’où l’expression de blanchissement. L’augmentation de la température de l’eau due au dérèglement climatique, l’acidité élevée de l’eau due à la pollution agricole des nombreuses exploitations de cannes à sucre et à la présence massive de crème solaire chimique, la diminution du plancton dont se nourrit le corail, font partie des causes de décrochage ou d’expulsion des algues qui fragilise les coraux. Le réchauffement climatique ainsi que l’activité humaine constituent donc des menaces sérieuses pour la survie de la Grande Barrière de corail et son écosystème.

D’autres associations optent pour des actions « curatives » comme c’est le cas de Tangaroa Blue, qui veille à laisser des plages propres en organisant des beach cleaning days (« journées de nettoyage de la plage ») : nous avons participé à celui près de la Daintree River en juillet 2013. IMG_2159On trouve toutes sortes de déchets sur les plages : mégots de cigarettes, bouchons de bouteilles, bouteilles en plastique ou en verre, contenants en polystyrène (utilisé principalement par les pécheurs), canettes, stylos et tout autre morceau de plastique non identifié. On peut parvenir à ramasser plusieurs dizaines de kilos de déchets en une demi-journée. Tangaroa Blue trie et recense les déchets et les renvoie aux entreprises identifiables afin de les informer sur le devenir de leurs emballages.

Ainsi, les associations australiennes de préservation de l’environnement sont très actives sur la côte est. Elles cherchent à diffuser l’information pour faire changer les comportements. Ces organismes de protection de l’environnement mettent en lumière la richesse mais aussi la fragilité des écosystèmes afin que le visiteur puisse apprécier et respecter le milieu.

Pour limiter les menaces qui pèsent sur le récif, une autorité publique a été créée et veille à sa préservation : the Great Barrier Reef Marine Park Authority (qui après plusieurs contacts, a finalement refusé de nous accorder une interview). Mais aujourd’hui, aux yeux de la communauté internationale, cette autorité ne remplit pas son devoir, car elle vient d’autoriser la construction de plusieurs méga-ports de charbon tout au long de la Grande Barrière de corail.

Un écosystème mise en péril par l’industrie du charbon

Le projet industriel est d’une ampleur colossale : six terminaux portuaires gigantesques tout le long de la Grande Barrière afin d’approvisionner les pays voisins, dont la Chine, en charbon. Pour information : les ports existants ne sont qu’à 65% de leur capacité maximale. Un tel projet industriel serait désastreux pour l’écosystème marin. La Barrière de corail deviendrait alors une autoroute de la mer et les risques d’accidents seraient terribles pour la biodiversité déjà très fragile. D’ailleurs, il existe « une cicatrice longue de 3 km », qu’un bateau chinois qui transportait du charbon a laissée en avril 2010.

Pour que ce projet de construction de ces méga-ports, voit le jour, il faut draguer les fonds marins. D’après le gouvernement australien il n’y aurait aucune incidence sur les coraux mais ce n’est pas l’avis des scientifiques. En effet, en remuant le fonds, les coraux et les algues seraient recouvert de boue ce qui les plongeraient dans l’obscurité, or ils ont besoin de lumière pour vivre. De plus les algues servent de nourriture aux tortues vertes et aux dugongs, la disparition des algues auraient donc de lourdes conséquences pour ces espèces déjà menacées.

En mai 2014, le gouvernement australien a autorisé le déversement de trois millions de mètres cube de gravats dans les eaux limpides de la mer de corail, à moins de cinquante kilomètres des paradisiaques Whitesundays islands où l’on peut observer la migration des baleines bosse (de juillet à octobre). De plus, le port en question, Abbott point, est situé près d’un marais, Kaili Valley Wetlands ( save the Caley Valley ). En saison humide, d’octobre à avril, ce sont plus de 40 000 oiseaux migrateurs qui confluent vers cette vallée. Les travaux seraient alors aussi néfastes pour ses nombreux habitants.

L’Unesco a donc menacé de placer la barrière de corail sur la liste des sites en péril, si aucun progrès significatifs n’est enregistré en 2015. En juin 2013, l’Unesco avait déjà menacé l’Australie. Vraisemblablement, le gouvernement australien ne semble pas préoccupé par les remarques de l’organisation mondiale qui cherche à sauvegarder le patrimoine de l’humanité. Pour sa défense, le gouvernement australien tient à préciser qu’il n’autorisera aucun projet industriel qui serait inacceptable pour l’environnement. La question est de savoir ce qu’entend le gouvernement par « acceptable ».

De très nombreux citoyens protestent ardemment contre ces choix économiques qui mettent à mal l’environnement marin et terrestre. L’association Fight for the reef dénonce ce projet « écocidaire » et appelle les citoyens du monde à faire entendre leur voix concernant l’avenir incertain de la Grande Barrière de corail. Des actions sont proposées régulièrement sur leur site et sur leur page Facebook pour faire bouger les choses dans le sens de la préservation de l’environnement.

Maureen Loth, du blog Unlimited Projects

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