Partir arpenter des contrées éloignées de ses chemins quotidiens, se déplacer sans frais au lever de pouce, improviser l’itinéraire et la destination, rencontrer la chaleur d’un foyer et celle de ses occupants qui vous ouvrent leurs bras et leur cœur pour la nuit, retourner aux valeurs fondamentales de l’échange, du partage et de la solidarité spontanée … c’est vrai que cela peut paraître tentant ! Mais, attention ! Voyager sans savoir où l’on va, sans moyen de transport particulier et en comptant sur la générosité des gens rencontrés pour se nourrir et être hébergé comporte des risques auxquels il faut être préparé. Ceci est une mise en garde, car les prétendants à ce genre d’expérience s’exposent à bien des péripéties qui échapperont à leur contrôle … Bernard Ollivier disait « Marcher seul, sac au dos, c’est se livrer entièrement aux dangers et aux hommes ».
Le maître mot : rester optimiste
Parti avec plein d’enthousiasme et l’espoir de rencontrer des gens admirables, la première barrière à laquelle on peut être rapidement confronté est un certain scepticisme en réponse à votre engouement débordant. Tout le monde ne partagera pas votre goût de l’aventure et votre confiance en l’hospitalité et certains ne se priveront pas de vous le faire partager. « Bon courage, les gens sont méfiants ». Pas de panique, vous n’avez simplement pas (encore) rencontré les bonnes personnes.
D’autres partiront avec des craintes tenaces de rencontrer des gens dérangés, malsains ou pervers. On connaît tous l’histoire du film The Hitcher, où un couple prend pour passager un auto-stoppeur tueur en série qui n’a de cesse de les persécuter ensuite. Rassurez vous, c’est une fiction bien que le risque zéro de tomber sur un déséquilibré n’existe pas, mais pas plus que de le croiser au coin de la rue, ou n’importe où ailleurs.
Solliciter l’hébergement chez des personnes de tout horizon qui ne vous connaissent ni d’Eve ni d’Adam est une démarche assez rare. Cela risque de surprendre quelques-uns de vos interlocuteurs et les réactions peuvent être assez diverses. L’échec est assuré ! Il faut savoir l’accepter, être compréhensif et surtout rester optimiste et persévérant car si votre moral en souffre, cela se fera ressentir dans vos échanges suivants et cela ne vous aidera pas à convaincre et gagner la confiance de vos hôtes potentiels.
Malgré votre bonne humeur et votre ténacité, rien ne garantit que des portes s’ouvrent pour vous. C’est pourquoi il peut être conseillé de ne pas trop attendre avant les premières sollicitations et pour ceux dont une nuit à la belle étoile ne serait pas synonyme d’amusantes recherche de constellations, il est prudent d’envisager un plan B dans une auberge ou un gîte d’étape.
Développer une extraordinaire confiance en l’humain
J’évoquerai maintenant d’autres types de risques que l’on peut rencontrer dans ce type de voyage, puisque« un homme averti en vaut deux » paraît-il.
En voyageant vers l’inconnu, vous courrez le risque d’être surpris ! Pour sûr, vous oublierez toutes les règles qui vous inhibent, vous vous éloignerez de toutes les barrières que la pudeur impose et qui enferment l’individu dans un rapport social étroit et vous développerez une extraordinaire confiance en l’humain quand votre premier jour, un hôte vous répondra en souriant « avec plaisir » à la seule évocation de dormir chez lui.
Vous risquez de faire des rencontres qui marqueront le fil de votre vie, vous croiserez le chemin de personnages atypiques déboussolantes de simplicité, de générosité et de spontanéité. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de Carlos, en flânant le long des routes normandes, lui qui n’a pas hésité pas à s’improviser guide touristique l’espace d’une bonne heure avant de rejoindre son travail. Vous serez accueillis par des familles extraordinaires qui vous inviteront à leur table à l’égal d’un membre de la famille.
Vous vous sentirez probablement gênés, partis dans l’idée d’échanger et vous retrouvant incapable d’offrir à la hauteur de ce que vous recevrez. C’est ainsi que nous avons rencontré Françoise et Patrice, qui nous ont laissé les clés de leur maison en leur absence en nous invités à goûter leurs spiritueux. Bref, vous risquez de vivre une aventure qui dépasse vos espérances si modestes soient-elles à l’orée d’un voyage vers l’inconnu.
Finalement, le principal risque du voyage, c’est d’en revenir transformé, de ne plus se reconnaître, d’avoir l’impression de marcher sur l’eau tant le voyage et les rencontres sont sources d’évolution et de satisfaction. Émile Zola disait que « rien ne développe l’intelligence comme les voyages ». Le souvenir précieux de ces rencontres marquées par l’altruisme, la solidarité, la simplicité, bref l’humanité… restera au fond de mon cœur. Risquerez-vous d’expérimenter votre foi en le genre humain ?
Lire aussi le récit de Germain de son voyage à l’improviste en auto-stop, sur le blog Travel Make People.
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Il y a 2 commentaires
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A vouloir éviter les mauvaises rencontres, on est sûr de pas faire les bonnes.
faut aussi être prêt à faire quelques nuitées à belle étoile 😉