Quelques semaines après notre reportage sur la Isla Verde, hôtel écologique du lac Atitlán, sa propriétaire Ana me recontactait pour m’inviter à me pencher sur le cas de la Posada del Cerro, à El Remate dans le Petén, où elle passait ses vacances. Un autre hôtel écolo, supposé-je alors, puis je visite le site… où les informations sont relativement succinctes. N’importe : contact pris, on me confirme la réservation pour août, après que j’aurai terminé mon contrat de deux mois à l’Alliance française. Et m’y voici, d’où je rédige maintenant, après quelques jours sur place, au grigri des grillons ponctué de pépiements (?) de lézards, cet article que je vais tâcher de pas étirer trop en longueur, pour parler de ce chouette endroit que j’ai envie de recommander.
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C’est où, El Remate ?
El Remate, c’est un petit coin, à peine une bourgade, situé sur la route de Tikal à 30 kilomètres de Santa Elena et de sa célèbre île de Flores (Q10 en colectivo : ils passent jusqu’à 19h, donc ne vous laissez pas entourlouper par les taxis qui, là comme partout ailleurs, sont des menteurs). Pour beaucoup de touristes, la majorité sans doute, Flores est un passage obligé, le lieu de leur première et/ou dernière nuit au Guatémala, lorsqu’ils viennent du Mexique ou du Bélize, ou qu’ils y vont. Flores a ses attraits : c’est une petite île charmante et colorée, très sûre, pleine de restaurants et de bars où l’ambiance est détendue. Elle me fait un peu penser à des lieux comme Saint-Malo ou le Mont-Saint-Michel, que le tourisme a changé en développant surtout le souci des visiteurs extérieurs plutôt qu’une vie locale, intérieure, qui ne résiste pas à l’incessant flux des visiteurs. Flores, par ailleurs, étant pour beaucoup le premier lieu qu’ils découvrent au Guatémala, est très propice à la vente de produits artisanaux à des coûts excessifs, ce dont les touristes ne peuvent se rendre compte, faute de points de comparaison.
Du côté d’El Remate, c’est quand même plus peinard : peu de commerces et seulement quelques hôtels-bars-restaurants. En plein mois d’août, peu d’agitation… et surtout, un calme qu’il n’y a pas à Flores, où se joue une symphonie continue de moteurs de taxis et tuktuks, et d’appels de rabatteurs. Du coup, à El Remate, ben on respire. L’atmosphère est reposante, l’environnement est vert : que demander de mieux ?
C’est quoi la Posada del Cerro ?
Ouverte en octobre 2008, la Posada del Cerro a le privilège d’être mitoyenne du biotope Cerro Cahuí, une des quatre zones du département du Petén prises en charge par l’Etat par le biais de l’Université San Carlos (Usac). Il n’est donc pas rare, par exemple, d’y voir des singes hurleurs, des écureuils ou des cotetes. Avec ses quelques chemins frayant à travers des espaces de forêt tropicale, la posada forme une sorte de compromis ou de transition, entre le biotope voisin luxuriant et la présence humaine, intégrant harmonieusement un habitat élégant et discret à son environnement vert.
On peut s’y reposer en silence – ou, plutôt, aux sons apaisants de la nature : la vie respire ici, la nature bien vivante, d’insectes qui s’entrebouffent, de lézards qui bouffent les insectes, d’oiseaux et d’écureuils qui bouffent les lézards, et de végétations qui n’en finissent plus d’abonder. La nuit, les grillons forment une toile sonore de fond qui berce. Pas de bar-discothèque, pas de télévision : le bruit ici n’a pas sa place. L’endroit est parfait pour se défaire du rythme ordinaire, parfait pour la détente. Avec un peu de chance, vous devriez apercevoir divers animaux dehors, et peut-être même une mini-grenouille viendra-t-elle se mettre au frais dans votre salle de bain.
Un hôtel écologique ?
Si la Posada del Cerro ne va pas aussi loin que la Isla Verde, engagé dans une démarche permaculturelle, c’est-à-dire mettant en pratique une vision globale et transversale de l’écologie et du bien vivre, sa démarche cependant va dans le bon sens et mérite d’être encouragée. Déchets organiques triés et destinés au compost ; circuits courts et locaux des produits (qu’il s’agisse des pierres, du bois brut acheté auprès de fournisseurs certifiés ou des produits alimentaires) ; recyclage du bois de récup’, destiné à être brûlé ou jeté, utilisé pour divers détails mobiliers : portes des habitations, bancs à l’extérieur, réalisés à partir d’écorces…
De fait, l’espace de la posada comporte un espace menuiserie, où Santos, un employé permanent de l’hôtel, pour lequel il accomplit d’autres tâches également, réalise divers travaux. Les meubles, fenêtres, charpentes et d’autres travaux de menuiserie des diverses habitations ont d’ailleurs été réalisés par lui, ainsi qu’un artisan-designer à qui l’on doit le dessin élégant des réalisations, ainsi qu’à d’autres artisans locaux contractés pour l’occasion. Au vu du résultat, on ne peut que saluer le beau boulot. (Même les porte-clefs des habitations sont de jolis petits objets sculptés à la forme des animaux dont celles-ci sont baptisées : coatis (pizote), toucan, crocodile, etc. C’est son frère, m’apprend Santos, qui les a réalisés.)
Dans les espaces naturels de la posada (difficile de parler vraiment de jardins), des arbres locaux ont été replantés, et certaines graines présentes dans le compost (l’hôtel composte ses déchets organiques) semblent commencer à pousser en arbustes. Difficile, cependant, explique Raimunda, de développer un potager : le sol n’y est pas favorable, car à la saison sèche, la terre est sèche sur une profondeur que n’atteignent pas les racines des plantes de potager.
Un travail de terrassement a également été accompli pour l’amortissement et la répartition des eaux de pluie, ainsi qu’un système de canalisations au sol pour leur évacuation. Contrairement à la Isla Verde, la Posada del Cerro n’a pas mis en place de système de récupération d’eau de pluie ou de traitement des eaux usées : ces dernières sont évacuées dans la fosse septique et l’eau utilisée provient du système d’approvisionnement de la bourgade, tout simplement. Sur le plan énergétique, la posada n’est pas non plus autonome comme la Isla Verde, mais il est question d’y installer des panneaux solaires.
Côté miam-miam, ne vous attendez pas aux habituels burgers & frites surgelées, ni à être servi dans les 10 minutes. Les plats sont, à moins que vous ne passiez commande plus tôt dans la journée en prévision du repas, préparés à la commande. Il peut donc arriver d’attendre 20 ou 30 minutes avant d’être servi – par exemple, dans le cas d’une famille de 4 personnes demandant des plats différents. Pas de hâte, et c’est très bien comme ça.
Les plats divers sont réalisés avec des produits frais achetés au marché ; quelques produits sont faits maison (confiture, yaourt, pain). Le petit déjeuner offre une variété de choix assez large (pancakes, omelettes, yaourt et céréales…) ainsi que des formules de 30 à 60 Quetzales (3 à 6€). Le choix de plats de midi et du soir est assez varié et, pour les avoir presque tous testés, sains et savoureux. Pâtes à la bolognaise ou au pesto, légumes vapeurs, patates gratinées (façon gratin dauphinois) ; et surtout un gros coup de cœur pour le délicieux curry de poulet aux fruits secs et le poulet au four en crème de poivrons et tomates. Les végétariens y trouvent aussi leur compte et la quiche végétarienne est aussi très réussie. Les viandards ne seront pas en reste non plus.
Pourquoi y aller ?
Constituant pour beaucoup de voyageurs qui arrivent par le Yucatán le hall d’entrée au Guatémala, le Petén est une zone connue pour ses lieux archéologiques d’intérêt majeur, dont Tikal, un des trois lieux du pays inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco, ou El Mirador, le site maya le plus étendu découvert à ce jour. Sa grande biodiversité en fait aussi un espace privilégié pour le tourisme écologique.
Cerro Cahuí
En raison de graves problèmes de braconage et de déforestation (pour la vente ou l’utilisation illégale du bois, pour étendre les cultures agricoles aussi bien que pour construire des pistes d’avion sur la route du narcotrafic), l’Etat a créé des aires protégées, afin de contrer la dévastation de l’habitat de nombreuses espèces animales. Dès lors, outre que celles-ci sont sûres, visiter ces aires protégées est un régal pour l’observation de la faune et de la flore.
Créé en 1981, le Cerro Cahuí s’étend sur une superficie de plus de 7km² et forme le refuge de nombreuses espèces, depuis le paon ocelé jusqu’aux singes hurleurs et aux singes araignées, depuis le jaguar ou l’ocelot jusqu’aux cervidés (venados), en passant par un grand nombre d’insectes, de papillons ou d’araignées. On y trouve aussi une immense variété d’arbres et de plantes, dont le cèdre, le palmier de Corozo, le ramón ou le caoba. Deux sentiers interprétatifs, l’un court, l’autre, plus long et qui prolonge le premier, permettent la découverte de ce biotope, et offrent sur les miradors (« points de vue », en espagnol), une vue panoramique sur le lac Petén Itzá. Le parc ouvre tôt, dès 7h30, donc partez tôt sur le chemin si vous voulez pouvoir observer des animaux, et faites-vous le plus discrets possible. Bien sûr, il n’y a aucune garantie d’y observer des animaux, mais la promenade à elle seule vaut la visite.
Flores et ses environs
Pour ceux qui n’auraient pas envie d’y passer quelques nuits, la petite île de Flores mérite la visite pour une promenade dans ses petites rues charmantes et animées. Elle est clairement un lieu destiné aux touristes : restaurants, embarcadaires pour visiter les îles, boutiques d’artisanat à des prix excessifs, agences de tours. N’y soyez pas réticents : visitez, discutez, tout le monde est aux petits soins et d’un accueil très chaleureux et détendu.
En consultant les agences, vous pourrez découvrir des endroits pas forcément référencés dans les guides, et trouver en discutant ce qui vous convient le mieux : sites archéologiques dont beaucoup demeurent peu touristiques (l’attrait et la qualité d’entretien de Tikal capte l’essentiel des visiteurs de sites archéologiques), ou bien observation de la faune et de lieux de prise en charge d’animaux sauvés du trafic illégal.
Prenant une lancha (barque à moteur) depuis Flores, vous pourrez ainsi visiter quelques-unes des îles du lac, dont Santa Bárbara (un petit musée archéo) ou las Arcas (île où sont pris en charge divers animaux sauvés extraits du circuit de trafic animalier clandestin, un lieu un peu anecdotique qui ne mérite pas forcément la visite). Le zoo du Petencito est un autre lieu de prise en charge, mais il nous en a été dit que les animaux n’y sont pas aussi soigneusement suivis qu’aux Arcas. Renseignez-vous : les opérateurs touristiques locaux ne cherchent pas vraiment à vous vendre n’importe quoi à n’importe quel prix, mais plutôt à s’ajuster à vos désirs.
Tikal
Depuis la Posada del Cerro, vous pouvez prendre un minibus : Q50 (env. 5€) aller/retour. Le lieu peut paraître une tarte à la crème du tourisme, mais croyez bien qu’il mérite la visite, même pour les personnes que l’archéologie maya n’intéresse pas.
Ce n’est pas seulement pour la qualité d’entretien et pour la majesté du site et de ses temples que sa visite vaut le déplacement, mais encore pour la faune abondante et étonnante qu’on y trouve : crapaud de la taille de l’ongle, cervidés, crocodiles, coatis, paons royaux, pizotes, singes araignées, toucans, etc. Il est très recommandable de s’y rendre tôt le matin pour y observer les vols de toucans. Mais, à tout heure du jour, les animaux les moins cauteleux, habitués au flux de touristes, sont visibles.
(Lire aussi notre article sur le blog Road Calls : « A la découverte du site Maya de Tikal, au Guatemala ».)
Autres visites dans les environs
Dans les environs de El Remate, se trouvent divers lieux de promenade, moins spectaculaires ou touristiques que les susmentionnés, mais qui, si vous passez une semaine à El Remate, peuvent mériter une visite. Si vous louez une bicyclette à la Posada del Cerro, vous pourriez aller à Ixlú, un site archéologique connu et recensé, mais qui n’a pas été converti en chantier et dont les monuments restent ensevelis sous la végétation, arbres et racines. Cela ressemble davantage qu’autre chose à un bosquet rythmé de quelques mamelons dissimulant des ruines, sept petites structures de forme pyramidale. Dans un rayon plus large, se situent d’autres sites, dont Yaxhá, autre site archéologique et, lui aussi, lieu d’observation de la faune.
On ne peut aussi que recommander, bien plus au nord, de se rendre au village Carmelita à l’entrée de la jungle dense, et de réaliser le parcours du Mirador : 5 jours de randonnée dans la jungle, accompagné de professionnels, pour découvrir 5 sites archéologiques – dont El Mirador, le plus grand site maya connu à ce jour – et la vie sauvage et profuse de la forêt subtropicale.
La ristourne VDN
Lectrices exquises, lecteurs délicieux, de la même façon que nous avons obtenu pour vous une ristourne à la Isla Verde, la Posada del Cerro vous offre 10% de remise (descuento). Vous pouvez imprimer l’article ou tout aussi bien écrire par courriel à l’hôtel (adresse e-mail contact) en précisant que vous venez de notre part et en indiquant un lien vers cet article. Et puis n’hésitez pas à nous raconter par la suite votre expérience dans les commentaires.
Infos pratiques
Téléphone : (502) 5305 1717
Autres détails (contacts courriel, tarifs) sur le site de la Posada del Cerro
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Il y a 2 commentaires
Ajoutez le vôtreNote : vous n'obtiendrez pas de lien en venant commenter sur VDN. Inutile donc de venir spammer... Seuls les liens pertinents, en rapport avec le sujet seront publiés.
Moi je suis convaincu (par la Isla Verde aussi)… On note les adresses et si on passe par là ben on n’oubliera pas de vous raconter comment c’était (et merci d’avance pour la ristourne 😉 )…
Salutations de Kangding dans le Sichuan
Génial ! Et si besoin de conseils, comptez sur nous. Bon(s) voyage(s).