Un voyage aux Galápagos ! Le nom seul évoque le Voyage, l’Ailleurs, un sanctuaire inviolé et inviolable… Du moins, c’est ce que je croyais, moi, simple voyageuse amoureuse de la faune sauvage, emportant ma naïveté dans ma valise pour fouler ces terres lointaines dont je rêvais depuis que j’ai pris conscience du nombre incalculable de trésors éparpillés à la surface de notre planète…
Dans mon esprit, les Galápagos étaient cet archipel situé à 1000 km des côtes équatoriennes, serti d’îles protégées de la plus dangereuse espèce du monde, l’humanus bipedus, en raison de son éloignement du continent… Dans mon esprit, les Galapagos étaient des îles peuplées d’une faune extraordinaire qui s’est adaptée à cet environnement particulier du bout du monde, faune rare ou en densité telle qu’elle paraît irréelle, des fous à pattes bleues, à pattes rouges ou masqués aux iguanes marins, aux requins en passant par les tortues géantes, les tortues marines, les pingouins et les raies manta.
C’est vous dire à quel point, en tant que photographe animalière, je rêvais de ces joyaux à la surface de l’océan : le voyage aux Galápagos allait enfin me révéler la réalité de ces îles.
Changement de liste pour les Galápagos
Avant mon départ, je n’avais pas pris pleinement conscience de la grave menace qui pèse sur les Galápagos. Oh, je ne parle pas ni du réchauffement climatique, ni d’un éventuel cyclone dévastateur, ni d’une inversion de courants maritimes. Non, je vous parle là d’une contamination bien plus grave, bien plus pernicieuse qui s’insinue dans les entrailles des Galápagos : le Consommateur de voyage, une espèce pire encore que l’humanus bipedus, que le Voyageur ou le Touriste-de-base.
Bien sûr le tourisme de masse avait déjà commencé à y faire bien des dégâts. Imaginez : les Galápagos étaient le premier site inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco pour basculer, quelques années plus tard dans la liste du Patrimoine mondial en péril, les sirènes du pactole touristique provoquant des dérives qui ne nous sont pas étrangères :
- Introduction d’espèces domestiques et invasives provoquant une diminution des populations de faune sauvage
- Pression sur les ressources naturelles
- Création de routes grignotant l’habitat naturel de la faune
- Hôtels poussant comme des champignons, entraînant déchets immortels et mutation du paysage
- Surpêche
- Immigration
- Augmentation du nombre de bateaux de croisière… de touristes… d’exploitants touristiques…
… tout cela masqué par une (soi-disant) volonté de protéger l’environnement unique des Galápagos en établissant des quotas, des taxes prohibitives pour entrer sur le territoire…
Malgré tout, je m’attendais à rencontrer sur place des voyageurs et des touristes amoureux de la faune, de la nature dans son caractère le plus sauvage et respectueux du monde extraordinaire qui les entoure… Quelle méchante claque je me suis prise !…
Le Consommateur, pire que le touriste
Pourquoi je parle du Consommateur, comme espèce pire que le touriste ? Parce que les comportements humains que j’ai observés sur place ne sont dignes ni des touristes ni des voyageurs. Enfin, disons que, dans mon esprit, les touristes et voyageurs se rappellent de la signification du mot “respect” et ont conscience de la chance énorme qu’ils ont de pouvoir voyager et découvrir ce monde à part.
Sur place, j’ai vu des comportements qui m’ont profondément choquée et que je n’avais encore jamais observés dans les paradis sauvages que j’ai eu la chance de voir de mes propres yeux : Masaï Mara au Kenya, Serengeti et Ngorongoro en Tanzanie, parc Kruger en Afrique du Sud ou Seychelles.
Désormais les Galápagos sont envahies par les Consommateurs ; c’est-à-dire :
- Des gens qui font des excursions journées dans les îles (qui coûtent quand même entre 75$ et 150$) en ne pensant qu’à se goinfrer, sans accorder plus d’importance que ça aux animaux ;
- Des gens qui se baladent sur les îles comme ils iraient au supermarché ;
- Des gens qui bravent les interdictions du guide accompagnateur et piétinent des espèces végétales endémiques pour se faire prendre en photo dans des poses de starlettes ;
- Des gens qui écrabouillent sans vergogne les fonds marins pour se faire prendre en photo dans l’eau ;
- Des gens qui jettent leurs mégots, leurs papiers de bonbons sans aucun complexe ;
- Des gens indécollables de leur téléphone portable, même à côté des fous à pattes bleues, même à côté des lions de mer.
Franchement, je n’avais encore jamais observé ce type de comportements aussi extrêmes dans l’irrespect du voyage… Bien sûr, en tant que voyageuse, je ne suis pas toute blanche et j’ai bien conscience de mon empreinte environnementale… Mais là, quand même, ce genre de comportements me donne envie de vomir…
Aujourd’hui, en 2013, les gens consomment un voyage aux Galápagos comme ils consommeraient un hamburger dans un restaurant de fast food. Et, pendant ce temps-là, des tortues de mer meurent à cause d’un sac plastique dans leur estomac, des lions de mer sont blessés par des boîtes de conserve, des espèces de requins disparaissent dans l’indifférence la plus totale.
Les Galápagos, autrefois, étaient le paradis pour les animaux… Sont-elles condamnées à devenir leur enfer ?
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Il y a 12 commentaires
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Dommage de lire à propos de ces gens qui ne vont pas aux îles Galapagos parce que ça les intéresse, mais parce que c’est « un incontournable ». Et ce manque de savoir vivre… si tu ne le ferais pas à la maison (ou DANS ta maison…) ne le fais pas dans un autre pays!
Ces « consommateurs » (le mot est bien choisi!) ne cherchent qu’à cocher une liste de choses à faire, à suivre ce que le guide de voyage dit, et se foutent bien de ce qu’ils font, tant qu’ils puissent dire qu’ils l’ont fait!
Totalement d’accord avec vous, Lucie. Du reste, c’est une expression qui ne laisse pas de me faire horreur, que celle du voyageur qui raconte avoir « fait » le Vietnam, « fait » le Mexique, « fait » tel et tel autre lieu, comme s’il cochait une liste de courses.
Heureusement, il y a encore d’autres façons de voyager aux Galapagos. J’ai voyagé durant trois semaines avec une française qui s’est rendue seule durant 15 jours sur les îles, en ayant pris seulement un vol sec de Quito. Elle a ensuite loué un vélo sur chacune des trois îles sur lesquelles elle s’est rendue, se déplaçant à son rythme. Elle cuisinait dans les guest-house où elle logeait, écoutait les habitants pour connaître leurs coups de coeur etc… Juste pour partager une autre manière de voyager au Galapagos, hors saison, pour un moindre coût et dans le respect des hommes, de la faune et de la flore.
Hello,
Merci encore d’avoir accueilli mon témoignage sur votre site ! 🙂
Quel bonheur pour moi de lire en commentaire qu’il existe des alternatives et que le respect des locaux et de la nature existe encore ! 🙂
Mince alors ! Voici un compte rendu de visite intéressant, et pour le moins surprenant : en effet, comme beaucoup, je pensais que cet endroit était ultra-protégé et surveillé de près par des rangers ! Je suis loin de la réalité, et du coup, mon désir de m’y rendre avait tendance à s’amenuiser, jusqu’au dernier commentaire de Lily qui me réconforte ! Rien n’est donc perdu ! Mais tout cela est tout de même très inquiétant, j’en conviens !
Bonsoir Didier,
Mon article avait pour but d’alerter sur les menaces qui pèsent sur les Galapagos. Maintenant le site est très protégé et à l’avenir des mesures encore plus restrictives pourraient être mises en place. Autrement dit, il est grand temps d’aller aux Galapagos ! Les îles sont tout simplement magiques : pour la proximité avec la faune surtout !
Salut Nathalie,
Merci pour ce témoignage et nous allons dans ton sens! La « consommation » dont tu parles vient aussi du manque d’information je pense. La plupart des personnes visitent les Galapagos sur le mode croisière. Nous avons justement essayer de faire autrement et avons découvert pleins d’activités (dont des gratuites), écologiquement responsable (marche, kayak) et respectueuse des animaux. Si cela peut aider d’autres voyageurs, je mets le lien internet de notre séjour à Santa Cruz.et Isabela.
Bonne journée!
Murvin et Chloé
http://auboodhoomonde.com/galapagos-pas-cher-cest-possible/
Hello,
Moi aussi j’ai été ravie de découvrir les Galapagos sans croisière, mais pour aller sur les îles il faut quand même prendre des excursions à la journée.
Je n’ai pas essayé le kayak. C’est sympa ? Sur quelle île en avez-vous fait ?
C’était sur Isabela et cela change des excursions traditionnelles. Nous en avons loués et parcouru la baie : cela permet de s’approcher des pingouins, nous avons vu des tortues autour de nous et surtout jouer avec les otaries qui adorent passer sous le kayak ou venir taquiner la rame!
Je regardais un reportage sur Arte sur les Galapagos et ce que j’ai vu m’a dégouté. J’ai donc commencé à rechercher des infos sur le net jusqu’à tomber sur cet article .. Je suis catastrophée par la situation et je ne sais plus si je vais vraiment me rendre aux Galapagos, je ne veux pas me rendre complice de cette horreur .. A moins de trouver des solutions alternatives pour un voyage respectueux des espèces, je n’irai pas :/
Bravo : décision de bon sens et de cohérence éthique, que je salue. Pour trop, le voyage c’est un peu « après moi le déluge »…
Oh dommage j’ai raté un reportage sur les Galapagos 🙁 C’était quand ?
Je rejoins Mikaël : effectivement chapeau pour votre éthique de voyageur, elle est rare !
Moi qui aime tant la faune sauvage, je m’efforce de respecter les espèces sauvages que j’ai la chance d’observer car c’est nous qui sommes sur leur territoire, pas l’inverse…
Je ne sais pas si la solution est totalement dans un tourisme alternatif aux Galapagos (comme ailleurs…) car aussi louable soit cette forme de tourisme, malheureusement elle n’empêche pas l’irrespect de ceux qui confondent paradis sauvage et parc d’attractions…