Témoignages d’une histoire tragique, les costumes traditionnels mayas font l’admiration des visiteurs, qui souvent en ignorent l’origine. D’après l’historien Severo Martínez, les costumes furent imposés aux populations par les envahisseurs espagnols, pour distinguer à qui appartenaient les Indigènes chargés de travailler pour eux selon une logique de servage. S’appuyant dans un essai de la fin des années 60 sur les travaux de José Díaz Bolio, l’anthropologue Jean-Loup Herbert nuance cependant que cela n’a pas empêché les Mayas d’y inscrire les symboles de leur cosmovision : « le tissu autochtone actuel, loin de constituer un exemple d' »acculturation » comme plusieurs auteurs le soutiennent, démontre une persistance constante des croyances ésotériques » (La société autochtone guatémaltèque avant la colonisation, in Indianité et lutte de classes).
C’est de ce patrimoine de la culture populaire et de la mémoire nationale que les créateurs de l’entreprise Utzil s’inspirent et auquel rendent hommage leurs créations. Un patrimoine qui apparaît aujourd’hui, du reste, menacé, parfois corrodé par l’avancée de la « modernité » individualiste occidentale, face à quoi les traditions perdent de leur attrait. Cela est surtout visible au Guatémala au faible nombre d’hommes portant encore le costume traditionnel, tandis que beaucoup de femmes continuent en revanche à le porter.Ofelia Sáenz Cárdenas, l’une des gérantes de l’entreprise, qui nous reçoit à l’atelier Utzil de Quetzaltenango, signale que le Guatémala compte plus de 300 costumes, différant selon le lieu, mais aussi selon le type de cérémonie (mariage, enterrement), le sexe ou la hiérarchie sociale à l’intérieur des organisations indigènes. Publié dans les années 1970, un livre de Carmen L. Pettersen (Maya of/de Guatemala : Life and Dress/Vida y Traje) documente la grande diversité de ces costumes à travers des textes et de nombreuses aquarelles de l’auteure. C’est l’un des livres sur lesquels s’appuient les artisans pour la réalisation des poupées.
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Une histoire de famille
L’histoire d’Utzil remonte au début des années 1980. Les sœurs de Cárdenas, avec l’appui de leur père Roberto, et parallèlement à la création par Willy Alvarado du ballet folklorique Siguán Tinimit , commencent à créer des poupées portant des costumes traditionnels mayas. D’abord, elles travaillent sur une vingtaine de costumes, à une époque où, signale Ofelia, « l’intérêt pour le « typique » était moindre ». La production est alors assez faible : une vingtaine de poupées par mois, l’activité étant « d’abord un hobby ».
Bientôt, elles attirent l’attention d’un premier client d’importance : le Musée du costume traditionnel indigène Ixchel, à la capitale, qui continue aujourd’hui encore à vendre ces créations. À partir des années 1990, réputation croissante aidant, la production se structure, se spécialise et les premiers employés « externes » sont recrutés : certains prennent en charge la fabrication de la poupée, d’autres la peinture, etc. Elle se diversifie aussi jusqu’à atteindre les quelques 120 modèles existant aujourd’hui , en plus de produits récents : « cadres » représentant divers costumes traditionnels ou encore des poupées de plus petit format. Et ce sont à présent, en moyenne, quelque 200 poupées qui sont fabriquées dans l’atelier par les 10 employés chaque mois, sans compter les autres créations.
Une fabrication en 6 étapes
La fabrication suit un processus de six étapes :
1. Recyclage d’emballages, de fils de fer, journaux, toile, pour créer la structure à forme humaine ; la toile, baignée dans la colle, puis séchée, forme le vêtement.
2. Application au vêtement de sa couleur dominante.
3. Peinture des symboles et des détails du costume.
4. Peinture de la peau de la poupée.
5. Application du vernis.
6. Pose des cheveux et des accessoires (pour les femmes : corbeille, jarre, boucles d’oreille, etc. ; pour les hommes : chapeau, ceinture, etc.).
Informations pratiques
Site internet : Creaciones Utzil
Suivre l’actualité des créations sur la page FB de Creaciones Utzil
Où trouver les poupées Utzil ? Tout d’abord, à l’atelier de fabrication, à Quetzaltenango ; mais aussi au Musée Ixchel du costume traditionnel, à la capitale, dans l’enceinte de l’université Francisco Marroquín, dans la zone 10
Remerciements à Ofelia Sáenz Cárdenas pour sa disponibilité, à Creaciones Utzil pour les photos, ainsi qu’à Check In Trivago, à qui l’article était initialement destiné et qui n’a finalement pas été publié sur leur blog.
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