La sécurité en voyage : le guide Atipic, de Fabrice Dubesset

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Résumé : Connu pour son excellent blog Instinct Voyageur, riche de conseils pratiques et d’anecdotes de plus de 15 ans de voyage par le monde, Fabrice Dubesset a réuni dans ce livre numérique (eBook) des dizaines de conseils avisés pour voyager l’esprit tranquille. L’un des freins majeurs de beaucoup de personnes aspirant à voyager est bien la crainte de la violence et du vol ; mais un voyageur conscient et informé de la réalité des dangers est un voyageur plus sûr.

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L'avis de la rédaction

« Certains ont peur de voyager, de franchir le pas à cause d’une peur au niveau de la sécurité. J’ai notamment un ami comme cela. Qui n’a pas entendu cette phrase “mais c’est dangereux là-bas !” » : à la lumière de ce constat initial, Fabrice Dubesset conclut à juste titre qu’un voyageur en sécurité est un voyageur bien informé. D’où l’acronyme un peu barbare qui donne son titre au livre : « Attention/Techniques + Information/Prévention + Intuition/Confiance = méthode ATIPIC ». Parce qu’il ne faudrait tout de même pas se priver de vivre et de voyager au nom de la peur, l’auteur propose un mélange de trois ingrédients, chacun constituant un chapitre abondamment étayé :

  • des connaissances (information, prévention),
  • des techniques (attention),
  • de la psychologie (intuition, confiance).

La chronique de Mikaël

Pour se sentir bien et minimiser les risques qui sont la cause de la peur du voyageur, il faut avoir conscience de leur réalité. Fabrice invite donc d’abord à bien s’informer de son voyage. Rien de plus vulnérable en effet qu’un voyageur inconscient de l’environnement où il débarque. Lorsque nous rendez-vous professionnel auquel nous (Kalagan et moi-même) étions convoqués en octobre 2012, notre passage à la ville de Guatémala, l’une des plus violentes au monde, ne pouvait être entrepris à la légère. Il fut judicieux, en effet, de se renseigner, de mesurer la réalité des risques – non pas pour renoncer à nous y rendre, mais pour minimiser les risques. C’est un cas illustrant que les conseils donnés par Fabrice (avoir peu d’argent sur soi, ne pas porter étaler un luxe ostensible, ne pas paraître trop hésitant ou lent en marchant dans les rues) peuvent contribuer à tranquilliser : « simplicité = plus de sécurité ».

N’ayant qu’un téléphone dérisoire et une somme inférieure à 20€, nous n’avions pas grand chose à perdre : peut-être étions-nous dans une ville dangereuse (et que le ministère des Affaires étrangères classe zone orange : « déconseillé sauf raison impérative »), mais nous étions en confiance : et cela est d’importance. Résultat : une soirée épique avec un poète ivre qui nous emmena à la rencontre d’un chef cuisto francophile et sa collègue indigène issue d’une famille pauvre et devenue anthropologue, puis d’amis DJs de réputation internationale dans un bar clandestin… Un souvenir inoubliable.

Nous pouvons aussi donner un triste contre-exemple de tout ce qu’il faut ne pas faire en voyage : partir de façon improvisée dans une zone retirée de la ville en sandales et le sac chargé de biens coûteux. Sur la colline à l’extérieur d’Oaxaca de Juárez, nous fûmes rackettés par deux patibulaires individus armés de crans d’arrêt. Kalagan y perdit beaucoup, moi beaucoup moins – mais pour l’un comme pour l’autre, ce traumatisme et ce sérieux désagrément matériel nous marqua. Au fond, comme l’indique Fabrice, l’intuition se développe et s’affine avec l’expérience – et nous aurions dû être plus attentif à celle qui nous mettait en garde, tandis que nous bavardions sur le chemin.
Si son conseil est juste lorsqu’il invite à ne pas opposer de résistance, car il vaut évidemment mieux se délester de 20€ que de quelques litres de sang, on peut en revanche contester les conseils matériels donnés : si un bandit de grand chemin peut, à l’occasion, être plus apeuré que vous-même, il peut aussi être coutumier de la pratique. La palpation dont j’ai fait l’objet me prouve qu’une pochette-ceinture sous le pantalon ou une pochette-bandoulière sous la chemise n’auraient été d’aucune utilité, pas plus que la technique consistant à mettre de l’argent dans deux poches différentes. En revanche, je conseillerais plutôt de placer ses billets dans la chaussure, voire sous la semelle intérieure… ou dans la semelle dans le cas où une chaussure usée le permet… voire entre les pages d’un carnet de notes qui pourrait ne pas susciter l’intérêt du voleur… C’est dans de telles circonstances que l’on comprend en effet ceci :

La principale cause de danger, c’est le comportement du voyageur lui-même

Mais si nous délaissons ces détails, les conseils de bon sens et d’expérience dont le guide ATIPIC regorge sont, le plus souvent, des gestes simples, qui facilitent le quotidien du voyageur. Se renseigner sur la situation du pays, questionner les locaux (questions ouvertes, précision d’importance – dans certains pays, dire non revient à avouer une faiblesse ou est inhabituel ou peut passer pour conflictuel), connaître les gestes et les mots… Certains conduisent à de comiques quiproquos : je pense, par exemple, à un copain ayant acquis son excellent espagnol en Espagne où « coger » veut dire « prendre », « saisir », « attraper »… et qui découvrit en donnant une conférence que, au Guatémala, cela signifie… « niquer ». D’autres quiproquos peuvent être plus embarrassants, comme celui consistant à demander deux bières dans un pub anglais en montrant l’index et le majeur en V en direction du serveur… car, héritage du Moyen-Âge et de la guerre entre Français et Anglais, ce geste qui visait à narguer l’ennemi français qui tranchait ces deux doigts-là aux archers anglais, est l’équivalent du majeur dressé…

Expérience, connaissance : deux clés de la psychologie du voyageur sûr

Il n’y a pas plus vulnérable qu’un voyageur mal préparé et mal informé. Et Fabrice a raison de rappeler que sur bien des plans, dans beaucoup d’autres pays l’on est beaucoup moins libéral et beaucoup moins respectueux de la loi que dans les pays occidentaux. Qu’il s’agisse de sexualité et de rapports sociaux, par exemple : l’homosexualité est passible de prison à vie, voire de condamnation à mort dans bien des pays, par exemple ; l’amitié homme-femme est un concept à peu près inconnu dans beaucoup de pays où, effet de la tradition, le machisme est la norme et organise l’espace social. Cela est frappant dans certains pays arabes, avec une séparation entre le monde masculin et le monde féminin ; je constate aussi cela, dans un tout autre contexte anthropologique, au Guatémala.

Il faut avoir conscience aussi des conséquences pénales relatives à la drogue – là aussi, dans certains pays, la condamnation est lourde, et le cas de cet Anglais emprisonné pour 30 ans en Thaïlande pour une histoire de drogues. Conscience aussi de la corruption, une réalité quotidienne dans bien des pays du monde.

Pour sa sécurité physique, pour celle de ses biens, pour la tranquillité de l’esprit qui en découle, au fond, « les précautions à prendre sont les mêmes partout ». Multipliant les conseils pour éviter les soucis, le guide ATIPIC offre avant tout des méthodes permettant de voyager l’esprit tranquille. Vous ne pourrez jamais atteindre le « risque zéro » en voyageant, comme du reste dans votre quotidien : un trottoir endommagé, une plaque d’égout mal fixée, un chauffard ivre sur le chemin – la mort peut advenir près de chez vous comme à l’autre bout du monde. Et cependant, il ne faut pas s’empêcher de vivre. Selon ce même principe, il ne faut ni être naïf en s’ouvrant sans retenue, ni davantage paranoïaque en se fermant à des rencontres improvisées parfois marquantes ou décisives ; c’est pourquoi je rejoins tout à fait ces propos de Fabrice :

« La méfiance positive est le fait de maintenir toujours un côté prudent et en alerte lors des rencontres que l’on fait. Il ne s’agit pas surtout de se fermer aux rencontres qui font le sel du voyage. Non. Il s’agit de rester ouvert à l’imprévu tout en maintenant une vigilance de tous les instants afin d’éviter les abus et les problèmes. Le principe est de ne jamais baisser complètement sa garde. Vous éviterez ainsi les mauvaises surprises… »

En résumé, malgré quelques parties faibles (notamment un passage trop expéditif sur le voyage au féminin ou en solo, ou le voyage en bateau), ce livre offre globalement un travail synthétisant tout ce qu’il faut savoir sur la sécurité en voyage. Fruit à la fois des recherches, de la réflexion et de l’expérience d’un homme qui voyage par le monde depuis dix ans, ce recueil de conseils s’appuie aussi sur des anecdotes qui ponctuent le livre et montrent que Fabrice n’est jamais dans l’abstrait. Tout comme il l’a fait avec son autre livre sur le voyage pas cher, il mentionne un certain nombre de sites Internet très utiles.

C’est donc là un livre chaudement recommandable à toute personne désirant voyager mais que des appréhensions retiennent de sauter à l’eau. Les voyageurs aguérris y trouveront aussi les conseils pour diminuer les risques de sécurité en voyage.

Les points positifs de l'ebook :

  • Des conseils basés sur une expérience riche de voyages, d'anecdotes vécues et de témoignages recueillis dans le monde entier
  • De la connaissance des réalités du danger et de la société (circulation, homophobie, rapports entre sexes, alcool...), jusqu'aux conseils pratiques les plus essentiels (sécurité personnelle et des bagages, habillement), psychologie du voyageur serein : rien ne semble avoir été oublié
  • Comme dans tous les eBooks de Fabrice, un gros travail de documentation et une grande abdondance de conseils pratiques
  • De nombreux liens externes pour prolonger

En détails :

Mise en page
8
Qualité de l'information
9
Taille de l'ouvrage
8
Style
7

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Il y a 1 commentaire

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  1. fabrice

    Merci pour cette critique Mike! Je tiendrais compte des points faibles dans la prochaine édition.

    Sinon, la promo de printemps se termine le vendredi 29 à 11h et non le jeudi 28.

    Bonne journée!


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