Menant un projet sur la promotion du tourisme responsable en Asie du Sud-Est, nous sommes parties à la rencontre de Capucine et Pabu, jeune couple franco-indien à l’origine d’un établissement atypique au cœur du désert.
L’histoire de Pabu Ki Dhani, littéralement « le village de Pabu » est à la fois touchante et source d’espoir. Tout a commencé lorsque Capucine, une française expatriée, est tombée en amour à la fois devant l’immensité du Thar et devant Pabu, alors chamelier dans les environs de Jaisalmer. Après maintes péripéties, c’est en 2006 qu’elle décide de venir s’installer au Rajasthan, mais la vie dans le désert n’a rien d’une sinécure !
Pabu, comme beaucoup de personnes dans cette région, est un nomade de la famille des Bhils, appartenant à la caste la plus basse de la société, celle des Intouchables (Dhalits). Cette ethnie, originaire du nord du Gudjarat, était constituée de redoutables chasseurs à l’époque des Maharajas, avant d’être chassée et dépossédée de ses terres par des castes supérieures. C’est avec cette communauté vivant encore aujourd’hui dans des conditions parfois très précaires, que Capucine et Pabu ont progressivement tissé des liens. Sensibles aux nombreux problèmes sociaux dont souffre la région, ils créent l’association Malenbaï et s’engagent à relancer l’artisanat traditionnel des villages voisins. Grâce à leur soutien, l’activité des artisans se développe rapidement et l’idée de créer un lieu pour accueillir des voyageurs souhaitant découvrir la vie du désert dans toute son authenticité ne tarde pas à prendre tout son sens. L’ecofarm Pabu Ki Dhani voit ainsi le jour en 2009 et vient soutenir les actions de l’association, guidée par un seul mot d’ordre : la simplicité ! Ici pas de chichis, on partage le quotidien de la famille et l’on rencontre avec plaisir les artisans du désert, leur tradition, leur histoire, leur production locale… de sorte qu’il ne faut pas plus de cinq minutes pour se sentir comme à la maison.
Un établissement engagé pour les droits des Intouchables de l’Inde rurale
Faisant partie intégrante de la philosophie du lieu, l’aide à autrui et le partage des richesses font aujourd’hui de Pabu Ki Dhani un endroit unique, source d’espoir pour les communautés du désert. Parcourant des kilomètres à pied pour venir bénéficier de leurs conseils ou demander de l’aide, les Dhalits savent qu’ils trouveront ici du réconfort, des soins médicaux, un peu de nourriture voire un petit soutien financier.
L’association Malenbaï mène en effet diverses actions de lutte contre les injustices sociales subies par les intouchables dans cette région inhospitalière de l’Inde. Parrainage pour la scolarisation d’enfants, politique d’achat local, relance de l’activité des artisans alentours et diversification de leurs sources de revenus, utilisation de matériaux recyclés… Capucine et Pabu sont sur tous les fronts. À cela s’ajoutent de gros problèmes écologiques liés à l’eau (difficulté d’accès, présence d’eau salée ou encore sécheresse) qui rendent la culture des terres difficile. Beaucoup de choses restent encore à faire notamment en matière de traitement des déchets non-compostables, mais étant partis de rien nous pouvons d’ores et déjà dire que le chemin parcouru par cette petite famille est admirable !
Enfin, bien que les Intouchables aient en théorie le droit d’aller à l’école, ils sont en fait les souffre-douleurs des professeurs et autres élèves. Jusqu’à présent c’est donc Capucine qui prend en charge une grande partie de l’enseignement des enfants vivant à Pabu Ki Dhani, leur apprenant à lire, écrire, compter et même parler anglais. L’objectif à terme est de pouvoir ouvrir une école sur le terrain de l’association afin d’accueillir les populations Bhils et Gitanes n’ayant pas accès à l’éducation…. Une priorité pour ces enfants qui ne demandent qu’à appendre.
Un lieu riche d’activités
Lors de votre séjour sur place de nombreuses activités vous seront proposées, parmis lesquelles:
- La visite des villages alentours: en jeep ou à dos de chameau, rien de tel pour découvrir le travail des artisans locaux (potier, sculpteur, tisserand…), leur mode de vie et les actions de l’association Malenbaï.
- Une promenade à dos de chameau entre lac asséché, plaines buissonneuses et plateaux de roches noires. Vous apprenez à connaître votre monture et à lâcher prise, bercé par la nonchalance de ses pas.
- Des cours de sculpture, tissage et musique du Rajasthan aux côtés d’artistes passionnés pour en apprendre davantage sur les traditions du désert et de l’Inde profonde.
- Des ateliers ponctuels de fabrication d’enduit et de peinture naturelle vous permettant de participer à la construction d’une petite hutte en terre.
Jaisalmer, trésor de sable tout droit sortie des contes des Milles et Unes Nuits
Ne ratez pas également la visite guidée des ruelles de la ville voisine de Jaisalmer, citadelle aux nombreuses richesses architecturales dont le Fort s’élève au dessus des plaines sableuses tel un mirage. Si cette caverne d’Ali baba touristique peut vous donner la sensation d’être un « porte-monnaie ambulant » aux yeux des populations locales, son atmosphère rappelant les routes marchandes et l’exotisme des caravanes de dromadaires vaut néanmoins le détour.
Les petits coups de coeur des auteurs:
- Nous avons particulièrement aimé nous laisser bercer par le son des tambours et les chants du désert entonnés en Marvadi (dialecte local) par les hommes, le soir au coin du feu.
- Il n’y a rien de plus grisant que d’expérimenter un mode de vie atypique, nous initiant à la guimbarde (ici appelée « Morchang ») autour d’un bon repas.
- Amateur de calme vous ne serez pas déçu par le sentiment de solitude et de sérénité qui se dégage du paysage alentour.
- Mais surtout, il est bien difficile de ne pas succomber à la chaleur et l’authenticité des échanges avec Capucine, Pabu et les membres de leur nombreuse famille.
Si l’aventure vous tente
Vous logerez dans une petite hutte en terre battue
Sur une petite colline en surplomb d’un lac (parfois asséché) de plusieurs kilomètres, vous êtes accueillis dans de petites huttes traditionnelles en terre battue et toit de chaume, joliment décorées. Les repas, préparés par la famille et les voyageurs (s’ils le souhaitent) se prennent sur la terrasse ombragée de la maison et le soir autour du feu. Vous pouvez notamment gouter à ses « lady’s fingers » délicieusement préparés, ses chappatis au miel ou encore d’excellents pakhoras (petits beignets frits), un délice !
Comment venir jusqu’ici ?
Le village étant situé dans le désert du Thar à 28 km de Jaisalmer, le plus simple est d’arriver en voiture. Compter 6h de route de Bikaner et environ 5h de Jodhpur jusqu’à Jaisalmer, point à partir duquel un transfert d’une demi-heure peut être organisé avec la camionnette de l’association. Vous avez également la possibilité de prendre le train jusqu’à Jaisalmer ou un bus local, mais les horaires et les jours de passage ne sont pas réguliers (se renseigner auprès de Pabu et Capucine).
La période la plus propice pour venir à Pabu Ki Dhani s’étant de décembre à fin février, lorsque la chaleur est supportable, les nuits étant même un peu fraîches. Éviter la saison des pluies, de même que la période de canicule s’étendant de mars à juin (températures pouvant aller jusqu’à 50°C).
Une initiative à encourager
À Pabu Ki Dhani, un petit coup de pouce n’est jamais de trop et des missions de volontariat dans les domaines sanitaire, social et écologique peuvent être aménagées selon vos compétences. De même, toutes aides financière et matérielle sont les bienvenues lors de votre visite ou à votre retour en France auprès de l’association Malenbaï. Pour des questions d’organisation il est préférable de contacter directement l’association par email.
Informations pratiques
Adresse : Pabu Ki Dhani Eco-Farm, Jaisalmer, Rajasthan, Inde
Site internet : http://pabu-ki-dhani.com
Association Malenbaï : http://malenbai.com
Contact : contact[@]pabu-ki-dhani.com
L’association VESTA – Voyage Ethique et Solidaire en Terre Asiatique
Auteur du guide Autrement l’Asie (dont est issu cet article), ouvrage rassemblant plus de 60 adresses pour voyager autrement en Asie.
Site internet de l’asso.
Email: contact[@]vesta-project.com
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