Marronnier et buzz annuel depuis sept ans, le classement eDreams des « meilleurs aéroports du monde » (et des pires) apporte, en fin de compte, moins les réponses qu’il annonce, que des interrogations… 65 000 personnes ont été consultées, annonce ainsi la page dévoilant les résultats : où ces personnes ont-elles été consultées ? Dans quelles conditions ? De quels aéroports s’agit-il ? Des seuls aéroports internationaux ?
Source : Infographie eDreams
L’efficacité : un 5-en-1 des pires et des meilleurs aéroports du monde
De cette « recherche », se dégagent donc cinq classements : l’un, « tête d’affiche », est le classement des dix meilleurs aéroports ; trois autres sont des top 3 d’aéroports, classés selon deux critères pratiques et mercantiles (lieux de restauration et de shopping) et un de commodité (salles d’embarquement) ; enfin, un dernier classement des dix pires aéroports du monde, en façon de bad buzz.
Pour la triplette des classements top 3, la méthode de notation n’est pas davantage précisée que pour le reste, de sorte qu’on ignore comment la notation a été établie, dans combien d’aéroports, avec quel type de questionnaire… De sorte que la liste des meilleurs et des pires aéroports apparaît, essentiellement, comme le fruit d’une consultation à la volée de voyageurs dans les terminaux d’aéroports internationaux. Ce qui explique que, parmi les pires aéroports, n’apparaissent pas, par exemple, les vertigineux aéroports de Lukla (Népal) ou Paro (Bhoutan), de Saint-Martin, dont la piste se situe juste derrière la plage, sans même parler de Port Harcourt (Nigeria), Kaboul (Afghanistan) ou de Bagdad (Irak)…
Impossible aussi de savoir si l’apparition dans le classement est due à des résultats relatifs (en pourcentage) ou absolus (en nombre). Le même nombre de personnes a-t-il été consulté dans chaque aéroport ? 80% de réponses positives sur un panel de 50 voyageurs, dans un aéroport, n’ont pas rigoureusement la même valeur que 80% de réponses positives sur un panel de 500 voyageurs dans un autre aéroport…
En outre, le classement est largement centré sur les pays « développés » et ne tient pas compte, par exemple, de l’originalité esthétique du design architectural ou de diverses autres particularités. Ainsi, l’aéroport Jewel Changi, à Singapour, mériterait d’être placé parmi les plus originaux, notamment pour son jardin aux papillons et ses cascades dans le terminal 3, mais aussi un cinéma ou un toboggan en spirale (!), des nombreux jardins tropicaux et bassins où travaillent onze employés permanents et une piscine située… sur les toits de l’aéroport. Qui plus est, le 17ème aéroport le plus fréquenté au monde (chiffres de 2016) et considéré comme le plus propre du monde doit accueillir, d’ici 2018… une forêt tropicale !
C’est aussi sans mentionner les étonnantes reconstitutions architecturales de l’aéroport Haneda (Tokyo, cinquième aéroport au monde), avec sa galerie marchande reconstituant une architecture de vieux village japonais, ou l’improbable variété de passe-temps et agréments de l’aéroport d’Incheon (Séoul, Corée du Sud, 19ème) : bain, massage, spectacles, musée, piste de patinage artistique, végétation luxuriante…
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