Lucha libre de cholitas : à La Paz, on décline le catch… au féminin

Depuis une dizaine d’années, « Les Titans du Ring», véritable combat de catch folklorique d’El Alto, ville Bolivienne et banlieue à l’ouest de la capitale La Paz, attire de plus en plus l’intérêt des médias et des touristes. Si, lors de votre prochain voyage en Bolivie vous avez l’occasion de visiter sa capitale La Paz, ne manquez pas l’occasion d’aller voir ces singuliers matches de catch féminin, que les guides ou sites anglophones nomment « cholita wrestling ».

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A La Paz, dans un gymnase à plus de 4000m d’altitude, il est possible d’assister à une lutte sans merci. Pour ceux qui ne connaissent pas le principe de la lucha libre (catch), il s’agit d’un spectacle où les acteurs simulent un combat violent. Quant à l’arbitre, il se doit de prendre parti pour un des deux combattants et de participer à la lutte. Il s’agit bien-sur une mascarade, tout est prévu à l’avance !

La particularité de la lucha libre de cholitas (c’est-à-dire « catch de paysannes ») est que les adversaires sont des cholitas, des femmes de la campagne. Timides et prudes durant la semaine, elles sortent de l’ombre le dimanche après-midi. Vêtues du costume traditionnel bolivien, elles enflamment la foule et déchaînent les passions en incontestables stars du ring !

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Stars adulées… à temps partiel

Les tenues traditionnelles des femmes aymaras (peuple indigène de l’ouest de la Bolivie, dont est issu le président Evo Morales) sont très onéreuses. Elles se composent de polleras (jupes ultra colorées avec huit épaisseurs de tissus), de enaguas ( jupons avec des petits gilets assortis), de chapeaux melons et de souliers plats.

Fières et ainsi accoutrées, les cholitas crient de rage, donnent des claques et font des acrobaties fracassantes. Face à elles, leurs adversaires, des hommes au visage masqué, ne font pas le poids.

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Les plus célèbres, telles que Juanita « la Cariñosa »  (« la Tendre »), Elizabeth « Roba corazones » (« l’Attrape-cœurs ») sont le symbole de femmes fortes et indépendantes et incarnent le renversement des rôles en Bolivie. Adulées, elles s’entraînent dur durant leur temps libre. Le catch leur permet d’arrondir leurs fins de mois et de compléter leur salaire de vendeuse de fruits et légumes sur les marchés, de secrétaires… ou de sortir de leur rôle de mère au foyer. Elles gagnent plus de 60€ par combat, ce qui équivaut presque à un salaire mensuel moyen bolivien.

Renverser les rôles dans une société machiste

Les sorties du ring sont monnaie courante : les lutteurs se battent parmi le public et se lancent même des chaises. Une partie du public, surtout les vielles dames et les enfants, prend le spectacle très au sérieux, insultant copieusement, en idiotismes boliviens, l’arbitre et les lutteurs masculins, notamment lançant des « chabón » (« pédé », « lascar ») lors des combats mixtes. Les légumes pourris volent dans tous les sens et saccagent le gymnase. Conseil de voyageur : ne pas mettre ses plus beaux habits ce jour là !

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Derrière le succès de la lucha libre en Bolivie, une réalité sociale moins drôle et joyeuse : la Bolivie, comme la majorité des pays latinoaméricains, est un pays machiste, où les violences faites aux femmes sont un problème de société d’envergure. Le spectacle des cholitas, qui gagnent toujours leurs combats contre les hommes, est à la fois une manière de dénoncer ces violences, et de redonner courage et fierté aux femmes, d’ailleurs très présentes dans la salle.

L’impunité des crimes commis contre les femmes , provoque l’indignation de plusieurs mouvements féministes et motivent les femmes à se révolter, à manifester leur colère. Depuis peu, la politique bolivienne s’efforce de faire des progrès sur le respect des femmes ainsi que sur l’éducation et la santé. Ce pays a beaucoup souffert de bouleversements politiques jusqu’au 20eme siècle mais mérite d’être visité. Les cholitas sont l’emblème d’une nation en développement qui a beaucoup à offrir.

Crédits photo : blog O’Tour du Monde.

Infos pratiques

  • La représentation, accessible tous les dimanches de 15h à 19h, est sans égal : l’ambiance, les rebondissements et les fous rires sont aux rendez-vous.
  • Le billet d’entrée coûte 15Bs (soit 1.5€) pour les boliviens mais il faut compter 50Bs (5€) pour les étrangers ou 80Bs (8€) pour le bus et l’entrée. Beaucoup d’autres pays en Amérique latine fonctionnent ainsi.

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Il y a 2 commentaires

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  1. Voyage Perou

    haha ça a l’air génial, depuis que j’ai vu un article sur un autre blog j’ai tellement envie d’y aller! Mais sérieux, la première photo on dirait un enfant c’est flippant! ^^


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