Quand, comment et pourquoi avez-vous eu l’idée de faire ce long voyage en vélo ?
Voici une série de questions auxquelles on pourrait apporter mille réponses ! L’idée a germé en 2004, trois ans avant le premier coup de pédale. Lassé d’être posté derrière un écran d’ordinateur toute la journée, j’avais décidé de tout plaquer et de partir faire le tour du monde à vélo. Vu que je n’avais jamais voyagé de ma vie, j’ai décidé d’organiser un « petit brainstorming » chez moi avec des gens (la plupart rencontrés sur un site de rencontre) afin de me conseiller tel ou tel pays à visiter.
C’est ainsi que j’ai rencontré Corinne, qui avait énormément voyagé dans sa vie mais qui n’était plus jamais montée sur un vélo depuis sa tendre enfance. Tentée par l’expérience, elle a retrouvé un vieux vélo hollandais dans sa cave et s’est mise à rouler, à rouler… jusqu’à prendre goût au vélo.
Après trois années à essayer de boucler un budget avec beaucoup de difficulté, nous avons décidé de commencer par un périple de 6 mois sur ce qui nous paraissait le plus excitant et le plus mystérieux des continents : l’Amérique du Sud.
Pourquoi ce parcours-là précisément : pourquoi l’Amérique du Sud et les Andes ?
En fait de parcours, il faut parler de « deux parcours » vu que nous avons effectué Quito (Equateur)-Ushuaia (Argentine, Terre de Feu), à deux reprises. La première fois, ce fut de 2007 à 2008, et la deuxième de 2010 à 2011. Chaque fois, le périple a duré un total de six mois.
Pourquoi l’Amérique du Sud ? Parce qu’au début des années 2000 j’avais eu l’occasion de voir un reportage sur le coureur de grand fond Serge Girard. De Lima jusqu’à Rio de Janeiro, il a couru plus d’un marathon par jour en traversant la Cordillère des Andes. Plus de 5000 km en 73 jours, impressionnant ! Des paysages à vous couper le souffle… et à 5000 mètres d’altitude, c’est vraiment le cas de le dire.
Et puis il y a cette quasi-absence d’articles dans les médias qui me laissait envisager un peuple dont l’histoire se serait soudainement figée… Intrigant !
« C’est bien cela l’aventure, sortir des sentiers battus et rebattus ! »
Se fixer un itinéraire avec des impératifs temporels (être à tel endroit tel jour), cela implique forcément de ne pas traîner, c’est-à-dire de ne pas sortir d’un itinéraire prévu, de ne pas improviser – chose qui est souvent considérée comme le plaisir et le privilège du voyageur (c’est-à-dire l’imprévu). Pourtant, à voir le diaporama, votre parcours semble riche. Avez-vous parfois regretté de ne pouvoir vous attarder plus longuement ou vous écarter de l’itinéraire prévu ?
En réalité, notre périple n’a été fait que d’imprévus ; même avec deux itinéraires bien établis dès le départ.
Il ne faut pas oublier qu’en voyageant à vélo, si vous vous engagez dans un désert où il n’y a rien à voir durant mille kilomètres, une fois que vous êtes dedans, il est trop tard pour faire demi-tour.
Je conseillerai donc toujours de bien préparer son itinéraire pour un périple à vélo. C’est ce qui nous a d’ailleurs permis d’emprunter ces chemins de traverse, loin des pénibles routes touristiques. Car c’est bien cela l’aventure, sortir des sentiers battus et rebattus ! Et l’imprévu se caractérise par une permanente découverte : je sais où je vais, mais je ne sais pas ce que je vais voir. En fait, pour choisir un itinéraire, il suffit d’écouter les conseils des autres « cyclo-voyageurs » avertis et de s’armer de cartes détaillées afin de tracer un itinéraire qui respecte la moyenne journalière kilométrique que l’on se sent capable d’effectuer.
Quels sont les souvenirs et impressions les plus marquants des deux voyages ?
Ils sont très nombreux, mais si on doit en retenir trois, c’est le Cañon del Pato au Pérou dans lequel on s’engouffre sans trop savoir comment on va en sortir ; la Cordillère Blanche également au Pérou ; et enfin l’extrême nord du Chili et ses volcans toujours en activité. Ce sont en réalité des endroits où l’on est livré à soi-même durant 4 à 5 jours avec très peu de points de ravitaillement.
On pourrait également citer le Paso Mayer qui relie la Patagonie chilienne à la Patagonie argentine. Ce paso fait partie des vrais imprévus de notre voyage. Arrivés trop tard que pour attraper le dernier bateau de la saison qui permet de traverser le Lago del Desierto, nous nous sommes retrouvés durant près de trois jours dans un no man’s land de dix kilomètres. Dix kilomètres de buissons, tourbières et rivières à franchir sans aucun point de repère. Seuls trois ou quatre cyclos avaient tenté cette traversée avant nous.
Les sponsors ? « C’est s’imposer beaucoup de contraintes pour pas grand-chose »
Les deux voyages effectués l’ont-ils été à vos frais ? Ou bien avez-vous eu des sponsors ?
Les deux voyages ont été effectivement effectués à nos frais. Nous avions dans un premier temps monté un dossier de presse afin de trouver l’un ou l’autre sponsor, mais nous nous sommes vite rendus compte que c’était finalement s’imposer beaucoup de contraintes pour pas grand-chose.
Et puis, il faut savoir que voyager à vélo coûte moins cher que rester chez soi. Il faut juste investir dans le matériel (vélo, tente, sac de couchage, etc.). Hors billet d’avion, il faut compter un budget de 1 500 euros par personne pour le logement et la nourriture. Sur six mois, cela représente moins de 10 euros par jour.
Pourquoi conseillez-vous le voyage en vélo ? Quels sont ses particularités les plus jouissives, que d’autres types de voyage n’apportent pas ?
Le vélo est le seul moyen de locomotion qui permet d’aller plus vite qu’à pied tout en permettant de tout voir, tout entendre, tout sentir. Cela peut paraître étonnant, mais nous avons en effet très souvent rencontré des voyageurs que nous recroisions après avoir effectué plusieurs millier de kilomètres. En fait, lorsque l’on voyage en bus, que fait-on ? On va de ville en ville et pour avoir l’impression d’avoir vu quelque chose, on rayonne quelques jours autour de la ville avant de continuer. Nous, nous préférions ne passer par les villes que pour nous ravitailler et trouver parfois une bonne douche chaude.
L’avantage du vélo est également de pouvoir pratiquer le camping sauvage presque tous les jours puisque nous pouvons nous éloigner d’une ville rapidement afin de trouver un petit coin de paradis pour poser la tente. Et enfin, point également très important, c’est que nous ne portons pas nos bagages sur le dos. Nous pouvons donc nous permettre d’emporter des rations de nourriture et d’eau pour un équivalent de 5 journées.
Des expéditions en Amérique du Sud pour les passionnés de vélo
Peux-tu expliquer ce que propose CycloCosmos-ProTour ? A qui cela s’adresse et quand vos voyages sont-ils prévus ?
Aujourd’hui, avec CycloCosmos-ProTour nous organisons pour les passionnés de vélo des treks VTT de 15 jours dans la Cordillère Blanche au Pérou. C’est pour qui ? Les cyclistes : il n’y a pas de profil-type pour participer à cette grande aventure. Néanmoins, vous devez savoir que vous roulerez entre 5 et 6 heures par jour, que les distances varieront entre 30 et 80 km par jour, et que dès le troisième jour, vous évoluerez toujours au-dessus des 3 000 m d’altitude.
Faut-il être un(e) grand(e) champion(ne) sportif pour autant ? Non ! Cette aventure n’est pas une course. Chacun évolue à son propre rythme. Toutefois, que vous ayez 18 ou 65 ans, nous vous conseillons de faire un check-up chez votre médecin avant le départ (obligatoire pour les participants de plus de 60 ans).
Si vous êtes non-cycliste et désirez accompagner un cycliste sur ce tour, vous pourrez, aux mêmes conditions que les autres participants, suivre le tour dans une de nos voitures. Il vous sera loisible de participer aux montages des bivouacs, à la préparation des repas, etc.
C’est quand ? Vous pouvez retrouver toutes les dates sur Cyclocosmos Pro Tour. Attention : un Tour n’est organisé qu’à partir de 5 et avec un maximum de 10 participants.
Si vous êtes un groupe d’un minimum 6 participants, nous pouvons organiser des tours « à la carte » durant les mois de septembre, octobre et novembre. Libre à vous de choisir les dates de départ et d’arrivée.
Concernant la logistique, lors de votre périple, vous logerez principalement sous tente. Des bivouacs quatre étoiles comportant toutes les commodités (tente réfectoire, cuisine, toilette…) seront mis à votre disposition. Le reste des nuitées se fera dans des hôtels confortables.
Vous êtes toujours précédés par une équipe chargée de la préparation du bivouac et suivis par deux véhicules prêts à intervenir en cas de problèmes techniques ou physiques. Nous mettons à votre disposition un vélo de marque de grande qualité en parfait état. Chaque soir, il est vérifié, réglé, huilé et nettoyé si nécessaire.
Et voici les photos :
Pour plus de renseignements, rendez-vous sur :
– le blog de Cyclocosmos, riche en carnets de voyages et en images (2007-2010) ;
– le site Cyclocosmos Pro Tour, qui fournit tous les détails à ceux qui souhaiteraient s’embarquer pour un périple à vélo.
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Il y a 1 commentaire
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Bonjour!je viens de lire votre blog!C’est vraiment impressionnant de savoir que vous avez parcourus les 9000 km en vélo.Vous êtes plutôt fort et professionnel dans ce domaine.J’apprécie beaucoup votre brainstorming du début, vous avez plein de courage de penser que vous pouvez accomplir ces 9000 km.Un grand félicitations pour vous et votre partenaire durant ce voyage.