Au pied de la falaise, se trouvait à l’abandon depuis la fin de la guerre un site insolite : une « usine à cerises ». Le nom intriguait les plus jeunes… mais les anciens du village, souvent des femmes, se rappelaient avec nostalgie y avoir travaillé. Sur un terrain d’environ mille mètres carrés et dans les grottes sous la falaise dominée par une tour originale, se préparaient les cerises de la vallée pour être ensuite menées à Apt, de l’autre côté du Luberon pour y être confites. Les femmes venaient chercher dans de grandes corbeilles les fruits qui avaient subi un premier traitement : acide chlorhydrique pour les blanchir et les attendrir. Les vieilles femmes racontaient que les bouts de leurs doigts étaient brûlés lorsqu’elles les dénoyautaient. Retour à l’usine pour subir un traitement à base de soufre et enfin départ pour Apt.
Quand le dénoyautage se fit avec des machines, l’usine n’avait plus d’utilité : elle dut fermer. Puis elle demeura à l’abandon pendant plus de cinquante ans, jusqu’à son rachat. Quelle désolation que ce bout de terrain : la végétation avait tout recouvert, les murs d’enceinte s’étaient effondrés et les grottes étaient devenues un repaire pour chauve-souris et toiles d’araignées. Un ensemble lugubre à faire peur.
Sous le sol, des siècles d’histoire
« Que faire de ce terrain et de ces vestiges ? », se demanda le nouvel acquéreur, accessoirement l’auteur de ces lignes. Pourtant, lors de sa première visite, il fut pris par d’étranges sensations : dans ce lieu, avaient vécu des générations d’êtres humains. Comme des vibrations lui pénétrèrent l’esprit et il se dit que quelque chose pouvait en être tiré si l’on procédait avec patience et prudence.
La première étape consista à nettoyer 150 ans de déchetterie, car les habitants du village avaient pris l’habitude de se débarrasser de leurs déchets en les jetant du haut de la falaise. Vieux frigos, poste de radio, chaises : tout était balancé par dessus bord ! Ce fut un va-et-vient d’un camion pour vider la cour.
Puis, vint la deuxième étape. Qu’y a -t-il sous cette terre ? Dans les environs du village, se trouvaient d’après des archives, sept fermes romaines. Trois avaient été retrouvées. Où étaient les autres ? De longs mois de fouilles archéologiques (loisir idoine pour l’acquéreur, ancien professeur d’histoire) firent découvrir d’abord un pressoir à agrafes d’époque gallo-romaine, un vestige exceptionnel. Puis le four de potier, entièrement taillé dans le rocher. Enfin, la merveille : un système de captage d’eau avec citerne, canalisations, bassins de rétention et surtout de splendides mines d’eau qui récupéraient l’humidité du rocher.
L’ensemble fut alors mis en valeurs sous des plaques de verres au grand bonheur des visiteurs. Le propriétaire, un brin artiste, décida d’agrémenter le jardin et les grottes de mosaïques, de fresques qui raconteraient l’histoire de ce lieu magique : la vie à travers les siècles de ces hommes et femmes qui habitèrent cet endroit.
Les Jardins de Magali sont à présents ouverts au public à des dates bien précises pour des concerts et des expositions. Et les visiteurs sont nombreux à s’y presser.
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Infos pratiques
Plus d’informations sur le blog des Jardins de Magali.
Adresse : 5, rue Philippe de Girard, Lauris.
Téléphone : 04 90 08 20 70.
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