L’industrie du tourisme au Pérou : alerte au désastre !

Faire partie de la masse touristique au Pérou, ça vous tente ? Vous n’y êtes encore jamais allé ? Vous êtes bien le seul ! En même temps le billet est cher pour se faire racoler toutes les 5 secondes par une horde d’attentistes. Il faut croire que trop de tourisme tue le tourisme ! D’ailleurs l’Infographic qui reprend les informations officielles étaye parfaitement cet état de fait. Mais quels sont les ravages d’une pollution engendrée par un tel flux de voyageurs ? Et dans tout ça, qu’en est-il du pauvre paysan quechua ?

http://www.voyageurs-du-net.com/wp-content/uploads/2013/01/Carlos_Canales.png

Trop de tourisme tue le tourisme et vous êtes déçu? Bizarre…

10 jours que vous voyagez au Pérou. Vous êtes ouvert, communicatif et coutumier des rencontres fortuites avec les locaux. Vous passez par Lima, Paracas, Cusco, Arequipa, Ica, etc., mais quelque chose cloche. Vous sentez un malaise ? Le Pérou donne une impression générale de grande machine touristique.

Une pléiade de tours organisés, des racoleurs omniprésents, les principales destinations disponibles uniquement en bus de luxe, sûrement pour votre sécurité : vous êtes vite repéré !

Vente de babioles dans la ville de Ollantaytambo

Vente de babioles dans la ville de Ollantaytambo

Votre guide spécialisé au Pérou

Guide Pérou

Besoin d'aide pour planifier et réaliser votre voyage au Pérou ?
Prenez contact avec Darcy, l’expert local de TraceDirecte.
Nous vous offrons un devis et vous pourrez échanger directement avec lui via votre espace client, et même l’appeler au Pérou avec un numéro gratuit ! En savoir plus en cliquant ici.

Sympa le bus du tour ! Après tous ces arrêts « clichés souvenirs », vous êtes prêt pour une carrière de photographe. Vous avez l’impression de vivre « local », là ? Vous le sentez, le doux parfum de l’« authentique » ? Et que dire des tarifs démesurés ? Vous diviserez vos dépenses par trois si vous créez votre parcours seul. On le sait maintenant, le Pérou détient de beaux records touristiques en Amérique du sud et ça se ressent dans le comportement des Péruviens : la relation entre Péruviens et voyageurs est gâtée par le tourisme de masse.

Très belle vue du restaurant d'Ollantaytambo ! C'est pour compenser le repas ?

Très belle vue du restaurant d’Ollantaytambo ! Pour compenser le repas…

J’ai eu mon lot de rencontres sympathiques mais une constatation s’impose à moi : la communication passe mal. La majorité des Péruviens est-elle blasée de voir autant de touristes envahir l’espace ? Sont-ils racistes vis-à-vis de nous ? Sûrement un peu, mais ils nous prennent surtout pour de gros dollars ambulants ?

A Ollantaytambo

Le Machu Picchu n’est pas loin. Vous mangerez bien pire qu’un MacDo pour un prix exorbitant. Ce n’est pas mieux que spaghettis et pizzas à Aguas Calientes…

A Nazca

C’est à la sortie du bus que l’hôtelier vient me dénicher, une personne très sympathique. Enfin un péruvien avenant… Il en profite pour me vendre des visites guidées à prix fort!

La visite était chère pour voir les lignes de Nazca. Heureusement que le guide était un passioné

La visite était chère pour voir les lignes de Nazca. Heureusement que le guide était un passionné.

A Ica

Je m’étais dit que les motos-taxis étaient insistants au Pérou mais là c’est effrayant. Des klaxons incessants hèlent les touristes, même pour une centaine de mètre. Et si vous déclinez l’offre, un regard indifférent et froid vous fera frémir. Vous avez déjà ressenti ça ? J’ai encore quelques exemples du même acabit dans ma poche si vous voulez. Mais voyons ces fameux chiffres sur le tourisme au Pérou.

Infographics Tourisme Pérou 2011

Une pollution écologique et économique provoquée par le lobby industriel du tourisme au Pérou

Lorsque vous voyagez, vous polluez non ? Où est la limite entre les préoccupations du gouvernement pour son système écologique et les intérêts économiques ?

A la vue des dégâts produits sur l’écosystème, entre les constructions d’infrastructures touristiques polluantes et les décharges sauvages, je pencherai pour l’économie. Et je ne parle pas de la surconsommation d’eau des hôtels alors qu’elle est déjà souvent insalubre, faute de traitement. Carlos Canales, le président de Canatur (Chambre nationale de Tourisme), a déclaré à propos de l’Amazonie :

C'est une grande opportunité à saisir qui nous place dans la vitrine mondiale

Sur les îles Ballestas, selon notre guide les espèces animales ont diminué de moitié. Et pourtant des bateaux font encore plusieurs allers-retours journaliers avec des cargaisons de touristes à bord.

Les milliers d'espèces de la réserve visitée chaque matin et après midi

Un aperçu des milliers d’espèces de la réserve visitée chaque matin et après midi

Les secteurs économiques traditionnels sont avalés par ce géant de l’économie de marché qu’est le tourisme. Couplé à un fort taux de chômage il permet toutes les dérives : précarité, absence de droits et état de servitude envers les touristes et les grosses entreprises. Le cas Machu Picchu est un bon exemple tant au niveau économique qu’écologique.

 Comment dévorer le Machu Picchu en machant bien

Quatre… C’est le nombre de personnes que j’ai vu monter à pied le chemin menant aux Machu Picchu. Comment font les autres touristes ? Les minibus bien sûr ! Des dizaines par jour qui passent en trombe et empestent le gasoil. La conscience écologique est loin d’être ancrée dans tous les esprits.

Pérou - Notre beau pays vend son âme aux touristes et les politiques cautionnent

Même si l’Unesco durcit certains contrôles écologiques, l’institution se penche-t-elle sur les vrais aspects du problème ? Depuis toutes ces années le millier de passages par jour commence à laisser l’empreinte du saccage.

Le Machu Picchu c'est par là et si vous voulez faire moins d'effort montez le Waynapicchu

Le Machu Picchu c’est par là et si vous voulez faire moins d’effort montez le Waynapicchu

Le Machu Picchu est le petit chouchou du tourisme dollarisé. C’est 15 millions d’Euros par an !

  • 37 € l’entrée
  • 80 € le trajet Cusco – Aguas Calientes en train
  • La nuit d’hôtel obligatoire avec des prix multipliés par 5 en haute saison
  • 14 € l’aller-retour en mini-bus spécial feignants pour enfin arriver à destination !

PS : Ces prix ne sont pas contractuels, ils peuvent augmenter à tout moment… Un véritable pactole pour les autorités péruviennes.

Ballade à pied avant la montée de 2h pour atteindre le Machu Picchu. Ou bien préférez le bus

Ballade à pied avant la montée de 2h pour atteindre le Machu Picchu. Ou bien préférez le bus

Une pause s'impose à mi-chemin

Une pause s’impose à mi-chemin et regardez cette végétation luxuriante !

En contrepartie l’écosystème forestier et sa réserve de 200 classes d’orchidées et de 300 espèces d’oiseaux se fait dévorer. Le modèle touristique capitaliste se régale des mystères du Machu Picchu. Voici une petite vidéo montrant le visage défiguré des lieux :

L’espace Machu Picchu est privatisé : mais alors, qui détient les hôtels d’Aguas Calientes ?

Ces sont les Américains et les Péruviens qui se partagent l’espace. Les chefs d’entreprise liméniens détiennent une quarantaine d’hôtels pour seulement 5000 habitants. C’est 10 fois plus qu’il y a 10 ans !

Et le meilleur pour la fin : Perú-Rail est aux mains d’un conglomérat anglo-chilien. L’entreprise chilienne exploite la voie ferroviaire et le chemin des microbus.

De plus en plus haut avec une brume qui se dissipe

Arrivée maintenant tout en haut. Là je peux dire que j’ai monté le Machu Picchu !

Avec de pareils investisseurs il ne manque plus qu’a clôner le Machu pour que le tourisme, déjà en plein essor, fleurisse.

Bienvenue à Choquequirao, la nouvelle cité perdue du Pérou ?

Lors de mon passage au Pérou en 2011, des rumeurs parlaient de la construction d’un complexe touristique de luxe dans cette région avec une piste d’hélicoptère en option !

Choquequirao de près

Choquequirao de près

Ce projet, s’il prend vie un jour, risque fort de ruiner l’économie de cette province qui vit principalement du tourisme généré par le trekking. En revanche, la construction d’une télécabine est à présent officielle.

Prévisions de notre ami Carlos Canales pour la première année

  • 200 000 touristes répondront présent à l’opération « télécabine ». A 20 dollars le ticket, le calcul est rapide : 4 millions de recettes.
  • Pour 2018, 600 000 touristes sont attendus. 12 millions de dollars par an, ça vaut bien quelques sacrifices.

Et le paysan dans tout ça ?

Les Péruviens avec lesquels j’ai réussi à communiquer n’avaient qu’une phrase à la bouche : « corruption et abus de pouvoir » ! La distribution des richesses est déséquilibrée. Mais alors, à qui profite l’argent du tourisme ? Les paysans, artisans et autres petits travailleurs ont des salaires misérables : ce sont souvent les natifs. Les descendants des Espagnols profitent du luxe et des fruits des grosses entreprises.

Population Queshua et touristes mélangés

Population quechua et touristes mélangés

Pauvre Quechua, tu es déjà un moins-que-rien aux yeux de tes compatriotes… mais en plus tu ne bénéficies pas du même traitement que les étrangers.

L’exemple du Machu Picchu ou la bataille des paysans contre les chefs d’entreprise

C’est la lutte contre la marginalisation d’une population vivant du tourisme à petite échelle (vente de produits artisanaux, porteurs, pensions). Les ravages du modèle touristique l’ont réduite à mendier. Ajoutez à cela la hausse du billet de train et des biens de consommation, surévalués par conséquence du tourisme et pour eux c’est la spirale infernale ! Le cannibalisme touristique ne profite qu’aux chefs d’entreprise hôteliers.

L’exemple de Choquequirao où le tourisme gangrène

Finis les muletiers, louant leur chevaux aux trekkeurs. Finis les petits proprios laissant les aventuriers planter la tente pour presque rien. Le projet touristique est juteux et les promoteurs peu scrupuleux négocient les terres des paysans à des prix dérisoires.

Le site de Choquequirao bientôt très exploité...

Le site de Choquequirao bientôt très exploité…

Ces choclos (métisse) corrompus persuadent les queschuas que c’est une chance pour eux. Peu importe leur sort, seul le profit compte. Le tourisme de masse est une maladie fatale !

Vous voulez du contraste ? Venez au Pérou. Où la splendeur du pays est gâchée par un tourisme incontrôlé. Où la misère noire s’étend sur les Quechuas, de plus en plus refoulés et méprisés par une population métisse aisée. Et où des étrangers irrespectueux polluent sans vergogne.

Alors que faire à votre petit niveau ? Voyagez responsable !

Logez chez l’habitant et partagez son mode de vie au quotidien. Ne polluez pas, même avec un mégot de cigarette. Pratiquez des sports en harmonie avec la nature, à pied, à vélo ou à cheval. Bref : agissez là où vous en avez les moyens.

Le Pérou, ce sont aussi des paysages de folie. Il faut simplement savoir où aller. Un aperçu, par exemple, avec les magnifiques images de cette vidéo !

Le lama se sent molesté ou quand le lama prend cher !

Vous en voulez encore ?

Articles que vous allez aimer :

Il y a 54 commentaires

Ajoutez le vôtre

Note : vous n'obtiendrez pas de lien en venant commenter sur VDN. Inutile donc de venir spammer... Seuls les liens pertinents, en rapport avec le sujet seront publiés.

  1. jconsult

    Article intéressant, très original qui fait cependant frémir. Que donnerait une telle approche avec le tourisme à Paris ? Ou en Espagne sur la Costa Del Sol ? Voire en Tunisie ou en Egypte ? Où sont donc les paradis touristiques artisanaux comparés aux paradis industriels ? Que ne dirait-on pas des croisières organisées dans les mers du Sud dans les paquebots de luxe « industriels » qui servent le rêve à la règle à calculer ?
    Ne sommes-nous pas dans l’ère du tourisme tous azimuts où notre richesse occidentale précédant celle des Chinois et des Indiens est à l’origine du tourisme de masse ? Et quand on évoque les charters, les voyages organisés, les packages touristiques et tutti quanti…. ne sommes-nous pas au cœur du tourisme de pollution, de la répartition inégale des fruits du tourisme, de l’exploitation des autochtones par des multinationales avides et sans scrupule ?
    Le Pérou en d’autres temps était synonyme de richesse, d’or, d’El Dorado, de pays où il suffisait de se baisser par ramasser l’or au sol. Qu’y-a-t-il de différent maintenant ? Seuls les futurs touristes y croient encore ! Ceux qui y sont passés ont un goût mitigé de beauté et de gâchis où se mêlent l’Histoire et les paysages avec le rendement industriel de la machine du Tourisme de masse et ces salariés locaux maigrement rémunérés sinon exploités.
    Il faut se faire une raison et choisir : on peut rester dans le rêve et le plaisir de la découverte ou bien analyser et critiquer mais ça ne va pas de pair. Faites donc votre choix !

    • Travelplugin

      Bonjour Jconsult,

      Difficile de répondre à un tel commentaire. Tes questions apportent d’elles mêmes certaines réponses.
      Très bonne idée d’imaginer Paris dans une situation proche de celle du Pérou. Les parisiens seraient-ils aussi tolérant avec les étrangers ?

      C’est en restant dans cette optique de développement sauvage que des paradis artisanaux comme de nombreux coins de Colombie sont voués à disparaître au profit du tourisme de masse, victime de leur propre succès. La roue tourne !

      Je ne peux plus regarder un pays touristique avec émerveillement sans me poser les bonnes questions. J’ai une volonté de voyager responsable. C’est ma solution personnelle. En tout cas, mon choix est fait. je préfère la critique constructive et garder mes rêves pour mon sommeil.

      • bibiche

        scoop info : « le tourisme ça abime la nature, »

        « j’ai une volonté de voyager responsable » !

        dans ce cas être responsable c’est ne plus voyager et surtout ne pas aller dans les endroit qui ne sont pas touristiques.
        Car dès qu’un touriste (meme voyageur responsable) se pointe quelque part il va donner l’idée à un « local » d’y développer un business (pour les autres futurs voyageurs responsables qui se refile le plan entre eux via les blogs)

        je m’excuse mais cette vision est assez simpliste, manque de discernement mais surtout ont sent bien le point de vue d’un voyageur qui n’a qu’une analyse pauvre et en surface de problématique économiques complexes liés à l’industrie touristique dans les pays en voix de développement.

        N’y a t’il pas de cabine téléphoniques au pied de la tour eiffel? Connaissez-vous les conditions de travail (non déclaré) des saisonniers en france dans la restauration?

        Si seulement vous ne passiez pas que quelques jours ou semaines dans chaque ville ou pays que vous visité, mais y viviez et travaillé pendant quelques années vous n’auriez pas cette analyse puérile du développement touristique.
        Pardonnez moi mais dans votre vidéo, les comparaisons entre le bon et le mauvais touriste qui monte en bus alors que vous êtes montés a pied, c’est navrant.
        Eux sont des « touristes » mais vous des voyageurs ! (meme itinéraire, meme site touristique, appareil photo à la main, ha mais oui pas la montée en bus)
        Le jour ou voyagerez avec des enfants ou des personnes agés, on verra qui prend le bus.
        Et ce sentiment d’être « le bon touriste, celui qui est responsable » parce qu’il a bu des bieres dans un village paumé avec les habitants, c’est navrant !

        Quand à votre dessin du « bus machupichu tour », c’est d’un goût :
        Le noir est représenté avec un gros nez et des levres rouges (les clichés banania sont encore au fond des esprits)
        Le chinois est jaune avec de longues dents et des yeux bridés, et un appareil photo (pourquoi ne pas avoir ajouté le chapeau pointu?)
        Le chauffeur est bien entendu métis,et la touriste blonde grosse (j’imagine qu’elle est censée représenter une américaine si je suis votre représentation).

        Quelle ouverture d’esprit pour un voyageur qui plus est donne des conseils pour « voyager responsable ».

      • Mikaël

        Bonjour,

        J’ai publié ce commentaire voilà qq jours déjà et n’ai pas voulu prendre le temps d’y répondre en long, en large et en travers : j’ai d’autres priorités et pas envie de m’embarquer dans d’interminables débats où chacun, conforté par l’abstraction de l’autre où l’entretient la virtualité, campe sur ses positions et jette ses anathèmes. J’ai assez donné.

        Je vais toutefois prendre qq minutes car, mine de rien, ce commentaire m’a trotté dans le crâne depuis qu’il a été publié.

        Sur VDN, nous publions des personnes dont les convictions sont proches des nôtres : je n’ai pas la sottise de vouloir que le monde entier me ressemble, ni ne pense détenir des vérités supérieures ; j’accepte donc le débat et que des personnes présentent des vues qui ne soient pas en accord total avec les miennes. Pour cette raison, par exemple, alors même que je suis de plus en plus opposé au tourisme tout court, quelle qu’en soit l’épithète, nous travaillons cependant avec des agences de tourisme alternatif, car leurs convictions éthiques me semblent défendables.

        Je n’ai pas relu l’article de Haydée, que j’avais publié avec une certaine satisfaction car le travail était, à mes yeux, très correct et les constats dressés proches de ceux que j’ai pu faire moi-même ailleurs sur le continent… et proches d’autres témoignages abondant dans ce sens (il me semble que d’autres commentaires ici le montrent), mais, en dépit de critiques dont j’accepte bien sûr qu’elle soient formulées ici, je n’ai pas de regret de l’avoir publié — au contraire.

        Vous pouvez formuler vos désaccords, mais de là à avancer qu’il y a du racisme dans des dessins caricaturaux, c’est à la limite de l’abject. Le racisme, pour faire simple, c’est l’essentialisation d’un groupe social, renvoyé à une infériorité en raison de ses coutumes, de sa langue, de ses traditions (forme de racisme motivée par la culture, la forme la plus fréquente actuellement), voire de sa biologie (couleur de peau, forme du crâne, caractéristiques physiques, taille, etc.). Je vous mets au défi de trouver quoi que ce soit dans l’article et dans les dessins que vous dénoncez, qui démontre une pensée raciste, càd proclamant l’infériorité des Noirs et Asiatiques représentés. C’est une insulte à l’auteure, mais non seulement : c’est une insulte à moi-même en tant que responsable éditorial, ainsi qu’au site lui-même en tant que projet éditorial. Dois-je, en outre, vous rappeler que le racisme n’est pas seulement une opinion, mais un délit passible de sanctions pénales ? Démontrez-moi que nous encourons, moi comme responsable légal de la publication, ainsi que Haydée en tant qu’auteure du texte, une sanction.

        Fermons donc ce chapitre si vous le voulez bien et, si vous avez à coeur de débattre, faites-le au moins avec des formes plus correctes. Nous ne sommes pas à la télé et j’ai l’heur de penser que nous sommes entre personnes civilisées capables d’exposer des arguments sans se les cracher.

        Cordialement,

        Mikaël

      • bibiche

        Mickeal,
        Je n’ai à aucun moment parlé de racisme, mais de mauvais goût dans la caricature un peu « coloniale » des personnages dans le bus. Vous en conviendrez, racisme et colonialisme sont deux choses tout à fait différentes.
        Je faisait simplement une remarque sur la représentation du personnage noir (gros nez et grosse lèvre rouge !) et de l’asiatique (peau jaune, yeux bridés, et dent qui ressortent)…..
        De là à parler de racisme, il y a une différence entre le mauvais goût ou la maladresse de l’auteur et une quelconque pensée raciste.
        Vous ne pouvez pas niez qu’une telle représentation d’un noir ou d’un asiatique est un cliché qu’il faudrait à therme chasser des esprits.
        Pardonnez moi si j’ai heurté votre sensibilité avec ma remarque.

      • Mikaël

        Bonjour,

        Le colonialisme est historiquement basé sur un présupposé raciste : il faut « civiliser » les peuples inférieurs, apporter les lumières à des peuples arriérés, etc. Il s’inscrit donc bel et bien dans un racisme scientifique, dont les conséquences ultimes furent les camps d’extermination — dont j’estime, à la suite de Rosa Plumelle-Uribe dans « La férocité blanche » (dont par ailleurs je réprouve bien des conclusions), qu’ils ont été préfigurés par le traitement réservé aux peuples esclavagisés et colonisés d’Afrique et d’Amérique. Concernant le colonialisme, les débats parlementaires en France ne mentent pas. Je vous renvoie à ce livre (parmi bien d’autres) : http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-1885___le_tournant_colonial_de_la_Republique-9782707149374.html

        Quand Jules Ferry défend l’idée d’une « colonisation républicaine » au nom du droit des « races supérieures vis-à-vis des races inférieures », Jules Maigne, un vieux républicain de 1848, lui réplique : « Vous osez dire cela dans le pays où ont été proclamés les droits de l’homme ! ». Et Georges Clemenceau : « Je ne comprends pas que nous n’ayons pas été unanimes ici à nous lever d’un seul bond pour protester violemment contre vos paroles ! »

        Par ailleurs, concernant le cliché, il ne me pose problème que dès lors qu’il est indéboulonnable et de l’ordre de l’essentialisme, et qu’une personne le revendiquant en tire des conclusions sur lesquelles elle ne revient pas : Noirs lascifs, Arabes et Corses paresseux, Allemands rigoureux, Suisses ponctuels, Polonais alcooliques, Français séducteurs, Juifs intéressés, Italiens voleurs, Occidentaux décadents et luxurieux, Arabes fanatiquement religieux, etc. En voyage on est répétitivement confronté à la réalité apparente de lieux communs divers, dont il importe de chercher à comprendre l’arrière-plan, la structuration historique, la réalité statistique aussi. Car dans « lieux communs », il y a « commun », il y a souvent le début d’une curiosité, de quelque chose en commun sur la base de quoi discuter. « Vous autres, vous êtes comme ça. – Oui, c’est pas faux, mais il faut comprendre pourquoi ». Exemple : « Vous les Français, vous êtes jamais satisfaits de rien. – Ben c’est ptêt l’image que vous avez, mais c’est qu’historiquement, les jacqueries, révoltes, révolutions de 1789, 1830 et 1848, la Commune, les mouvements ouvriers, le Front populaire, la Résistance, Mai 68 sont la marque d’insatisfaction qui ont fait avancer la collectivité », et sur ce point-là bcp de pays sont plutôt envieux. De la même façon que derrière un cliché positif du voyageur en quête d' »authentique », il y a l’arrière-plan : exemple de l’émerveillement qui saisit devant la solidarité transgénérationnelle dans certaines sociétés traditionnelles, sans voir le poids de misogynie et de contrôle social (plus fort sur les femmes)…

        Ce dessin n’a rien de raciste, de colonialiste, de haineux ou de douteux. Si je l’avais estimé ainsi — et je crois avoir conservé une certaine de mes sympathies pour certains courants antiracistes et implications même un peu distantes, que j’ai partiellement reniées parce qu’elles s’inscrivent dans une certaine « gauche de la Pureté » — je n’aurais pas publié ce dessin. En outre, vos remarques sont absurdes, car oui, les Asiatiques d’Extrême-Orient ont bel et bien les yeux bridés et la peau « jaune » et beaucoup d’Africains ont un gros nez et de grosses lèvres… et même, vous savez quoi ? la peau noire !

        Allons, ça suffit. Faut arrêter de voir le racisme partout, et surtout où il n’est pas, au risque de ne plus le voir là où il est, plus insidieux sans doute.

        Clorons ce dossier, je vous prie. Merci, par ailleurs, pour votre participation.

        Cordialement,

        Mikaël

    • Antucko

      Bonjour à tous,

      depuis 16 ans je partage la moitié de mon temps au Pérou et depuis 4 ans j’y vis à plein temps et y travaille comme consultant en tourisme durable et responsabilité sociale d’entreprise des grandes entreprises touristiques.

      Il y a quelque chose que j’aime bien dans l’article, c’est cette fraîcheur dans l’indignation et la critique mais en même temps elle me dérange car je ne vois pas qu’elle repose sur autre chose qu’une expérience forcément subjective et non pas sur une étude basée sur une méthodologie précise. Il me semble donc que les avis exprimé sont à prendre avec prudence.

      Un exemple: Perurail une compagnie anglo-chilienne !! Il est vrai que l’un des deux grands actionnaires de la société est Orient Express dont le siège est à Londres. Cependant l’autre moitié du capital est détenue par Peruval S.A., une société bien péruvienne. Malgré la rumeur répandue au Pérou il n’y a pas un centime de capital chilien dans Perurail S.A.

      En deuxième lieu Ollantaytambo, Machupicchu, Nazca, Arequipa, le lac Titiqaqa, … tout cela fait partie du circuit classique que tout le monde appelle ici le « Gringo Trail » car c’est le même circuit que tout le monde fait. Cependant il ne représente qu’une infime partie de tout ce que le Pérou a à offrir au voyageur. Explorant tout le pays depuis 1996 je suis désespéré de savoir que je ne pourrai jamais mettre un point final à cette exploration. A chaque porte qui s’ouvre il y en dix derrière. Alors il est vrai qu’à de nombreux endroits le rabattage est un peu ennuyeux, cependant rien à voir avec le harcèlement connu dans certains pays comme le Maroc ou l’Egypte. Et une fois sorti des lieux communs (au propre comme au figuré) du tourisme péruvien le reste du territoire regorge de lieux incroyablement accueillants et intéressants. Je pense donc qu’il ne faut donc pas jeter le bébé avec l’eau du bain. 😉

      Après cela il me reste à dire que malgré la corruption qui représente une « privatisation » d’entre 10 et 20 % des budgets publics les autorités péruviennes utilisent l’argent qu’ils percoivent de l’activité touristique à la protection et mise en valeur du patrimoine culturel, à la conservation du patrimoine naturel et dans des programmes qui lient visite touristique et développement local (Programme national de Tourisme Rural Communautaire, Programme national « De Mi Tierra un Producto », … qui ont un véritable impact sur les populations qui en bénéficient.

      Par ailleurs le Pérou est un pays où la créativité est incroyable et où on essaye d’inventer le tourisme de demain, un tourisme justement plus inclusif, plus durable qui contribue au développement local et à la conservation de l’environnement. L’énergie et l’honnêteté avec laquelle les péruviens des jeunes générations, surtout dans le secteur public, travaillent à créer un tourisme qui permette une rencontre entre visiteurs et amphitryons est impressionnante et louable à plus d’un titre.

      Sans vouloir sombrer dans un angélisme idéaliste et romantique le Pérou est un pays qui permet une telle diversité d’expériences sur un territoire qui est le double de celui de la France et qui est reconnu comme le 5 ème pays au monde des 7 pays de méga-biodiversité que je vois mal comment le réduire à la vision que tu donnes Travelplugin.

      Je voudrais donc t’inviter à revenir au Pérou pour que je puisse te recommender des voyages qui te feront peut-être changer d’avis.

      • Mikaël

        Bonjour Antoine et merci pour cet avis contraire exprimé avec douceur et civilité. A l’heure de rapports qui par écrans interposés nous confrontent tous à la virtualité de l’Autre déguisée sous le label novlanguien de « réseaux sociaux » (depuis quand le réseau qualifie l’éclatement ? depuis quand est « social » ce qui suppose la distance et la déconnexion du rapport concret ?) et où bcp s’enflamment et s’insultent comme si énoncer une opinion autre était digne de la fusillade, un échange simple et pacifié est bienvenu.

        Vous énoncez que de la critique de Haydée : « elle me dérange car je ne vois pas qu’elle repose sur autre chose qu’une expérience forcément subjective et non pas sur une étude basée sur une méthodologie précise. Il me semble donc que les avis exprimé sont à prendre avec prudence.

        Une opinion, par nature, ne peut être objective. L’intérêt de l’article de Haydée — et je pourrais en citer plusieurs autres — est justement dans son caractère subjectif, dans le ressenti formulé. Si nous ne devions ouvrir la bouche qu’après avoir compulsé des ouvrages d’anthropologie, de sociologie, d’économie, c’en serait fini de l’idée démocratique même qui, par essence, s’oppose à l’idée d’expertise, càd de confiscation du savoir et, partant, de la décision. C’est de cette confiance excessive dans le magistère des Experts (en économie, en art, en politique…) que crèvent les démocraties. C’est peut-être une digression, mais elle n’est pas arbitraire. Le voyage et le tourisme étant une expérience individuelle autant qu’un phénomène économique et anthropologique, il ne me semble pas malvenu de l’aborder aussi bien avec un abord subjectif que par une analyse pointue et documentée. Voyageurs du Net est volontiers un espace de débats : les deux ont leur place ici.

        Ceci étant dit, je vous remercie pour toutes ces — importantes — précisions et corrections que vous apportez, et me réjouis, ayant lu et répondu à votre courriel à l’instant, de votre future participation à VDN. Quand je lis ceci : Explorant tout le pays depuis 1996 je suis désespéré de savoir que je ne pourrai jamais mettre un point final à cette exploration. A chaque porte qui s’ouvre il y en dix derrière, je ne peux que le confirmer en le rapportant à mon expérience présente au Guatémala, quoique plus courte (7 mois, et je suis parti pour m’y installer durablement)… et répéter toute la bêtise qu’il y a dans l’expression « J’ai FAIT » tel ou tel pays…

        Il ressort de vos propos, ce que là encore je confirme, que connaître un pays ne se peut que lors d’une longue et patiente immersion. De ce point de vue, l’avis de Haydée peut paraître manquer de nuance. Il n’en demeure pas moins le témoignage d’un ressenti que, du reste, dans plusieurs articles publiés par les blogueurs lors de l’opération Unis pour un tourisme alternatif, nous avons beaucoup retrouvé ce ressenti, cette gêne provoquée – surtout sur les hauts-lieux du tourisme international – par une relation outrancièrement mercantile, au détriment d’un rapport plus simple et humain ; ainsi qu’un sentiment de ce que le tourisme est trop souvent un big business profitant à une minorité de capitalistes plutôt qu’à la majorité de ceux qui triment.

        Merci pour toutes ces précisions que vous apportez et qui annoncent, à coup sûr, des articles passionnants sur le Pérou, que nous nous ferons plaisir et honneur de relayer.

        Cordialement,

        Mikaël

    • tadjoura

      Il y a de l’espoir car beaucoup de passionné du Pérou organise des séjours solidaires aux populations autochtones, le plus souvent en forêt . Ces « agences  » militent pour la préservation de leur culture avec ses rites ancestraux. La préservation des terres des indigènes, une partie du prix du séjour sert à financer des programmes de rachat de terres avec le gouvernement péruvien.
      J’ai séjourné plusieurs fois au Pérou mais bien loin des sites touristiques et ce que j’apprends sur votre blog ne me surprends pas.

  2. Jean

    Très bonne analyse ! J’ai souvent ressenti ce petit malaise quand j’étais là-bas. Je n’ai jamais bien su si c’était une sorte de jalousie, une exaspération du touriste, un ras-le-bol du contraste entre leur pauvreté et notre richesse ou plutôt un mélange de tous ces paramètres…

    Cette surpopulation touristique est néfaste, comme tout excès ! Tant pour le touriste qui va payer son billet de train pour le Machu Picchu 3 fois plus cher que les locaux, que pour le Quechua qui ne profitera sûrement jamais des devises qui entrent dans le pays.

    Tout n’est qu’une question de gros sous tombant dans les poches de l’état péruvien…

    Au rythme de leurs prévisions reportées sur ton infographic je ne sais pas ce que sera le Pérou dans 10 ans mais je le fuirai à coup sûr pour me réfugier plutôt en colombie… par exemple.
    Quand les bons filons pourrissent il faut en trouver d’autres. 🙂

    • Travelplugin

      Bonjour Jean,

      Concernant le prix du billet plus cher pour les touristes par rapport aux autochtones, je ne pointais pas du doigt ce phénomène, on le retrouve en Asie, et sûrement dans beaucoup d’autres pays.

      C’est marrant, je viens à l’instant de prendre l’exemple de la Colombie pour répondre à Jconsult. Ce pays fait aussi des prévisions sur le tourisme et redore son image à cet effet. Peut-être que dans dix ans ce sera la même.

      En quelle année étais-tu au Pérou ?

  3. violette cosmique

    Je découvre votre blog avec plaisir. Le Pérou doit être une très belle destination et je comprends qu’elle attire de nombreux visiteurs. J’aimerais beaucoup y aller mais par mes propres moyens (sans passer par les tours opérators), c’est comme ça que j’ai eu l’habitude de voyager et c’est comme ça à mon avis que l’on découvre le plus de choses (d’un point de vue humain et même au niveau des paysages). Je pense que notre attitude vis à vis des locaux y est pour beaucoup au niveau des relations. Certaines personnes veulent juste un peu « d’exotisme » et ne se comportent pas toujours de façon correcte avec les gens. Je reviendrai vous lire. Bonne journée à vous.

    • Travelplugin

      Bonjour Violette,

      C’est comme en amour, il faut être deux pour instaurer une relation quelle qu’elle soit. Je suis donc d’accord avec toi.

      Quand comptes-tu y aller ? N’hésites pas à me demander des infos sur les endroits que j’ai préféré.

  4. Carla

    Cet article est une honte ainsi que le blog qui y est affilé,
    le Pérou réduit à des clichés sur l’industrie du tourisme avec des relents de racisme manichéen.
    Les méchants patrons descendants de colons et leurs sbires sans vergognes que sont les métisses et de l’autre côté les gentils natifs surexploités… L’organisation de la société Péruvienne et ses subtilités semblent vous avoir échappé.
    Combien de temps êtes vous resté au Pérou? Il semblerait que vous n’y avez jamais vécu…
    Encore un voyageur occidental qui ne comprend pourquoi il devrait payer plus cher qu’un local.
    En lisant votre « blog » qui si j’ai bien compris, propose de gagner sa vie grâce aux clics égarés en lisant des articles tristement creux, vous avez été victime d’une agression dans le nord Pérou, ceci explique probablement votre vision caricaturale de ce pays.

    • Mikaël

      Bonjour Carla et merci pour votre intervention. Je suis le responsable éditorial de ce blog. Je laisse à Haydée le soin de vous répondre, puisque c’est elle que vous interpellez.

      Pour avoir voyagé – et y être encore – en Amérique latine, j’aurais tendance à opiner à votre remarque : « Encore un voyageur occidental qui ne comprend pourquoi il devrait payer plus cher qu’un local ». Non pas tant contre Haydée (ce n’est pas un point de l’article qui avait retenu mon attention) que parce que la « préférence nationale » (qui fait pavloviennement frémir en France) me semble juste dans des pays où le niveau de vie est bas et où, précisément, il faut à la fois permettre à la population locale d’accéder aux lieux de loisirs et à ses lieux d’histoire à un coût accessible, ce qui me semble le moindre des devoirs d’un Etat à l’endroit de ses administrés, et d’autre part engranger des recettes permettant l’entretien des lieux et la rémunération des employés. Ca c’est pour le principe qui fait qu’on paye plus cher l’accès à un lieu (je pense à Tikal, au Guatémala, où je me suis rendu en septembre, par ex), que j’approuve.

      Après, se pose la question de la répartition des recettes… C’est un autre dossier.

      • Carla

        Merci Mikael pour votre étayage,
        Au Pérou, comme ailleurs, la beauté est dans les yeux de celui qui regarde.
        Contrairement au bilan catastrophique que tire Haydée du tourisme en terre Andine, je ne saurai que trop conseiller à vos lecteurs d’aller juger par eux mêmes des trésors que renferme ce merveilleux pays et ses habitants.
        Quant à la préférence nationale je me permets de pousser le raisonnement un peu plus loin en affirmant qu’elle s’applique instinctivement à tous les secteurs liés à l’économie du tourisme ( restauration, transport, hôtellerie etc ).
        Cet article, et ce n’est que mon avis, ne correspond pas tout à fait à la ligne éditoriale de votre blog, vous vous êtes fait spammer… L’intérêt de votre blog est justement de ne pas tomber dans la caricature anticapitaliste liée aux problématiques du tourisme.
        Vous proposez un voyage alternatif donc une solution. Haydée propose un monologue aigri, étrange flot de commentaires complaisants et de conseils à ne pas conseiller!

      • Mikaël

        Bonjour Carla,

        Je ne pense pas m’être trompé et considère que le travail de Haydée n’a rien d’aigri et apporte un point de vue intéressant ; si je m’en tiens aux autres commentaires publiés, je pense que d’autres, majoritaires, partagent son avis.

        Ce blog se veut analytique et donc critique contre le capitalisme industriel du tourisme, mais non seulement : l’idée est précisément de ne pas se montrer seulement critiques, mais aussi de proposer des alternatives, ce que nous nous efforçons à faire, je crois, avec honnêteté. Nous ne proposons donc pas seulement « un voyage alternatif donc une solution », mais aussi des articles de réflexion critique sur le fait touristique (voir notre onglet « édito »), qui invite chacun à se questionner, à interroger sa responsabilité. Je ne suis pas favorable à une ligne exclusivement critique, pas davantage que je ne souhaite une ligne éditoriale exclusivement destinée à promouvoir les lieux méconnus, etc. Les deux vont de pair, même si les articles ne représenteront, au plus, que 1/4 à 1/5 des publications.

        Je ne pense pas que nous tombions dans la « caricature anticapitaliste », notion d’ailleurs très vague et affaire de point de vue.

        Merci toutefois pour vos commentaires et, pourquoi pas? à bientôt pour une proposition d’article ? 🙂

        M.

      • Travelplugin

        Salut Mike,

        Cet article n’a pas pour unique vocation de critiquer le tourisme de masse. Comme le stipule un des articles du dossier agression de Travelplugin, c’est avant tout à titre préventif que je l’ai écrit. Combien de Cancun devra-t-on créer avant de tirer la sonnette d’alarme ? D’ailleurs ce très bon article illustre bien ces propos. Espérons qu’il ne finisse pas dans une boîte à spam 🙂

    • Travelplugin

      Bonjour Carla,

      Merci de ton commentaire, c’est un sujet à débat en effet ; on ne peut pas tous être d’accord. Cet article dépeint le mauvais côté du tourisme au Pérou. La honte serait de ne pas en parler.

      Par contre, relax Carla, prends ton temps pour te relire car je suppute un énervement contre-productif. Nous sommes là pour discuter comme le stipule très bien Voyageur du Net en bas de chaque article.

      Si tu as lu l’article jusqu’au bout tu as forcément vu que la fin insistait sur le côté positif du Pérou tout comme dans le dernier article du dossier Agression. J’aime autant le Pérou que toi. C’est le gâchis que provoque ce tourisme de masse qui me fait mal.
      Des agressions j’en ai vécu d’autres en France jusqu’à porter plainte et faire incarcérer mon agresseur (je passe les détails) et je chéri toujours autant mon pays.
      Petite parenthèse, prend encore ton temps avant d’affirmer certaines choses. Je ne suis pas Jean. C’est avec plaisir que je payerai le prix fort, surtout si c’est la « plèbe » qui en profite.

      Quant au racisme manichéen, j’ai l’impression d’entendre un BHL contre Dieudonné : la stigmatisation est au goût du jour en ce moment ! 🙂
      Bien sûr que les descendants de colons ne sont pas tous pourris. Mais nous n’y pouvons rien si au Pérou le profiteur est plus souvent le métisse plutôt que le natif : éducation oblige.

      Quelques petits pourcents de la population détiennent 80 % des richesses mondiales. Crois-tu que ce soient les paysans qui les détiennent et savent les faire fructifier ? Soyons sérieux…

      Mais de fait quelques subtilités m’ont peut-être échappées. Toi qui fais du voyage Pérou depuis longtemps, peux-tu développer ton argumentation sur l’organisation de la société Péruvienne ? Je serai ravie que tu m’en apprennes plus.

      Concernant la monétisation, malheureusement tu n’as pas bien compris, mais c’est un autre débat et si tu veux nous l’aborderons prochainement sur http://www.travelplugin.com.

  5. Jean

    D’ailleurs à votre avis quels sont les pays dans la même dynamique que le Pérou et inversement ?

  6. Delphine

    Le Pérou est une très belle destination malgré le tourisme de masse et le coût du Machu Picchu qui nous a arraché les deux bras ! Mais je ne te rejoins pas sur l’acharnement des rabatteurs, ils sont beaucoup plus agressifs en Asie du Sud-Est et ne te lachent pas d’une semelle. Or au Pérou, ils viennent te voir et tentent de te vendre de tout mais si tu leur dis NON, ils partent et ne t’ennuient plus.

    • Travelplugin

      Bonjour Delphine,

      Ça dépend sûrement des lieux visités. Prend le port de Nanay à Iquitos, le harcèlement était sans limite et ce n’était pas le seul.

      Où es-tu allée au Pérou ? Cela m’évitera de faire les mêmes erreurs à mon prochain passage dans ce pays.

      Pour être allée en Thaïlande, je vois bien ce que tu veux dire. Les racoleurs et autres vendeurs à la sauvette ont tendance à ne pas nous lâcher. Ça ne m’empêche pas de repartir en Asie du Sud-est le mois prochain .

      Tu as l’air de bien connaître. A propos, aurais-tu des plans au Vietnam, au Cambodge et au Laos où la pression mercantile est moins prononcée qu’ailleurs ?

      • Delphine

        Pour l’Asie du Sud-Est, tu peux aller jeter un coup d’oeil sur le blog où nous avons décrit certains endroits coup de coeur. Après, pour l’agressivité des commerçants, il faut faire avec, ça fait parti d’un jeu dont il faut apprendre les règles 🙂

  7. Benoit (novomonde)

    Question sensible… mais en même temps on ne peut pas leur en vouloir d’investire dans le tourisme à mon avis. Après, la question de comment est partagé le gateau des gains, c’est autre chose.
    J’ai aussi l’impression que partout ou le tourisme représente une partie importante de l’économie, Il y’aura toujours des locaux qui regardent les touristes de travers… Il faut aussi dire qu’il y’a parfois des touristes un peu envahissants et peu respectueux. Donc je comprend qu’une personne habitant là à l’année puisse parfois montrer un certain raz-le-bol.
    Sinon encore bravo pour les illustrations qui sont toujours top!

    • Travelplugin

      Bonjour Benoît,

      En effet, on ne peut pas leur jeter la pierre. Ce qui est important c’est la manière dont l’état va développer son tourisme. Une bonne répartition des richesses glanées par les devises étrangères, une organisation touristique qui ne dénature pas les sites historiques et une préservation des écosystèmes devraient être les chevaux de bataille des politiques. Fort de ces principes le touriste étranger serait obligé de respecter un peu plus le pays visité.

      Essaye de cracher dans la rue au Japon et tu risques de te prendre une amende. Du coup tu ne le fais pas ! Retourne en France et tu cracheras à nouveau 🙂

      Vous passez par le Pérou lors de votre tour du monde 2013 ?

      Un grand merci de Tony, le dessinateur (et pas que) de Travelplugin, ton compliment le touche beaucoup.

  8. kevin @voyage world

    C’est marrant mais cela me rappelle un peu la Thaïlande ou plusieurs pays de l’Asie de Sud Est! Ce genre un peu disney Land où l’on te vend pas mal de rêve. Alors oui tu va te croire dans la peau de Jack Sparow à découvrir des territoires splendides et encore vierge.

    Mais quand tu arrives, tu regarde avec soin ta boussole lorsque tu t’aperçois que c’est noir de monde.

    C’est une peu comme sur une carte postale, tu ne vois jamais les bidons villes et la pauvreté, mais tu ne vois aussi jamais une masse touristique qui prend d’aussi les sites.

    • Travelplugin

      Bonjour Kevin,

      Bien dit !
      Et pour rebondir sur cette misère, nous sommes toujours surpris de la différence dès lors que nous dépassons les frontières.

      Lors d’un séjour de 2 mois à Buenos Aires, je suis partie à 200 km de la ville, j’ai pu voir l’envers du décor.

      Je suis à Bangkok uniquement quelques jours mi février, as-tu 2-3 endroits insolites et typiques à me conseiller pour le jour et la nuit ?

  9. Pascal

    Le Pérou, c’était mieux avant…de lire ton article ! 😉

    Depuis longtemps, j’ai dans ma ToDolist de voyage le Machu Picchu. Il est entre la muraille de chine et Petra en Jordanie.

    Quel gâchis ! Le tourisme est quelques choses d’important, mais c’est dommage de vendre son âme pour quelques dollars (énormément en réalité).

    Y-a-t il un moment pour visiter le Pérou plus tranquillement ou c’est toute l’année comme le métro parisien ?

    Je ne pensais pas que le Pérou était gangréné à ce point par le tourisme…

    • Travelplugin

      Bonjour Pascal,

      Je ne cherche pas à ce que l’on reste sur une touche négative, c’est à titre préventif que j’ai écrit cet article.

      Je te conseille d’aller au Machu Picchu ou à Choquequirao ! A toi de penser responsable dans chacun de tes gestes. Ce sont des lieux à voir bien évidemment. Pendant la mousson est probablement le meilleur moment.

      Par exemple, lorsque je suis arrivée à Iquitos, j’étais soulagée de ne pas me faire klaxonner à tout bout de champ. J’y ai fait la rencontre d’un français vivant depuis des années au Pérou. Il m’a envoyé vers ces destinations qui sont des villes plus reculées et bien plus authentiques où tu pourras faire du trekking :

      Pedro, Ruiz, Chachapoyas, Karajia, Quiocta, Chiclayo où tu pourras visiter le fameux musée de Sipan, la plus grande découverte archéologique du Pérou. Un article à ce propos sera en ligne d’ici peu sur mon blog.

  10. Jérémy@ExpatEnVrac

    C’est vrai que récemment il y a une vague de com’ sur le Pérou.

    J’ai reçu pas mal de demandes d’annonceurs pour publier des articles ou des vidéos sur mon blog au début de l’année et ça reprend maintenant.

    Ton article est très bien écrit et j’espère vraiment que l’afflux de touristes ne portera pas préjudice à toute la beauté de ce pays.

  11. Olisan

    Bonjour,

    Je suis un expatrié résident au Pérou depuis 4 ans et à la lecture de votre article je vois une approche assez simpliste des problèmes sociaux de mon pays d’adoption… que j’avoue comprendre de moins en moins plus le temps passe!

    À mon arrivée j’avais le même constat, une poigné de « Cholo » de Lima (et non choclo, choclo veut dire maïs en Quechua, Cholo signifie le métissé mais peut être perçu de façon péjorative) et d’étrangers possédant tout les pouvoirs, l’éducation et l’argent et abusant des pauvres natifs, grosse majorité oublié.

    Mais avec les années, le concept de l’innocent natif et de « l’abuseur » nanti s’est effrité.
    Le Pérou est un pays d’une richesse culturelle, ethnologique, biologique, historique, climatique, géographique immense, ce qui engendre aussi une complexité dans les rapports sociaux des ces habitants.

    Premièrement sont les nantis avec une éducations occidentale de qualité, des moyens qui leur permettre de faire de la « business » et leur procure une ouverture sur le monde et certain accès aux plus hautes sphères de la société. Ce point est indéniable, avec l’argent de bonne famille vient les contacts et l’éducation privée de qualité qui ultimement aboutisse vers de bons emplois et revenus, bref le capitalisme libéral.

    Les pauvres ont des moyens souvent limités, sinon de pure subsistance, ce qui ne permet pas, dans la plupart des cas, d’espérer une amélioration de leur situation au cours des générations par l’éducation pour sortir du cercle de leur parents…

    La petite classe moyenne entre les deux… la roue tourne et tourne, les castes économiques reste intactes de génération en génération, ceci est un fait, un problème social qui n’a rien à voir avec le tourisme.

    Mais, une fois ce constat établi, je me pose toujours la même question de : pourquoi le Pérou, pays aussi riche et diversifié patauge encore pour s’en sortir quand tout les ressources sont disponibles.

    Un concept qui est très fort ici, est le « chacun pour soi », l’individualisme à sont meilleur, la loi du plus fort la loi du plus « vivo ». Ce qui engendre un combat constant dans la vie de tous les jours, pour les choses les plus simples et ce qui justifie dans la tête des gens la corruption, le vol, et l’irrespect des autres dans leur vie quotidienne. Il est largement accepté de tromper les impôts, de payer la police une «coimission », de voler l’électricité du voisin, de dépasser dans les files et ne pas respecter le code de la route, de jeter les déchets dans la rue. Au Pérou, le plus « vivo », le plus roublard est le plus respecté, la personne honnête est vue comme un idiot et une personne faible, et ce, indifféremment de sont statut social. Dans ce contexte, de grands problèmes sociaux (corruption, vol, délinquance, fossé entre riche et pauvre) qui mine le Pérou s’explique très facilement par le psyché général, que le plus fort gagne et chacun pour soi. Il ne faut pas être naïfs, les pauvres natifs qui arrivent à des niveaux de pouvoir et de moyens économiques sont et seront tous aussi corrompues et roublard, sinon plus, que la caste des riches dirigeante, parce qu’ils ne perçoivent pas l’abus comme quelques choses de mal et condamnable (à tout le moins pour soi-même!) en soi. Dans ce contexte de loi de la jungle, la fin justifie les moyens.

    Il y a aussi un concept fort bien établi ici, qui est le concept de victime. Beaucoup de péruviens résument les problèmes de façon très simple comme vous le faite, c’est la faute du gouvernement et du pouvoir établi, c’est la faute des riches plus pâle que les autres qui abuse des pauvres natifs sans défense! C’est beaucoup plus simple ainsi, c’est la faute des riches métisses c’est la fautes des dirigeants. Peu de péruvien ont un concept de responsabilité citoyenne très développé, premièrement parce qu’il ne croient pas en leur institution, qui souvent sont corrompu et inefficace et que le concept de la loi du plus fort supplante le concept de responsabilité collective, ce qui justifie tout les abus et les vols. Le nationalisme péruvien se résume souvent en un chauvinisme peut réfléchi.

    Un video youtube (http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=H30jOvc3hAk) intitulé : « ¿En que momento se jodió el Perú? » (À quel moment s’est baisé le Pérou) reprend un texte de Mario Vargas Llosa, écrivain péruvien reconnu internationalement, du livre « Conversación en La Catedral », qui exprime très bien ces deux concepts et posent la question suivant : n’est-il pas de notre faute à tous, par notre conception des relations sociales et collectives, nos actions dans le quotidien et notre sentiment de ne pas être responsable des problème de notre patrie que, justement, notre pays est en si mal état?

    Je ramène donc cette réflexion à votre article. Faire des victimes les populations indigènes et natives du Pérou des méchants métis est une analyse très simpliste. Je côtois plusieurs personnes de communauté andines et ce que j’arrive à comprendre, c’est qu’ils sont pris entre deux mondes différents le monde de leurs traditions ancestrales (souvent très communautaire et socialiste) qui est rester figé dans le temps; et le monde moderne 2.0 et la loi du plus fort et du chacun pour soi qu’ils comprennent peu ou mal qui rentre comme un bulldover et bouleverse leur univers connu. Ce sont des gens aux connaissances inouïes et aux qualités humaines profondes, avec un grand manque d’éducation du monde moderne (ce qui n’est pas négatif à certain niveau!), de curiosité et de dynamisme, qui les isolent de plus en plus dans un pays qui se développe rapidement. Il faut arrêter de les infantilisés et de les glorifiés, les Quechuas m’apprennent grandement et sont des êtres humains adultes vaillants, complexes et complets, certains bon, d’autre mauvais, mais qui peuvent se défendre, si ils décideraient, tant soit peu, de prendre la responsabilité de leur vie et arrêter de ce considérer comme des victimes de tout et chacun et de justifier leur inaction.

    Oui, le Pérou, à besoin de cet argent du tourisme, qui sera inévitablement développé par des gens avec les moyens et l’éducation pour le faire. Il ne sont pas des méchants diaboliques machiavéliens qui ne vivent que pour abuser des pauvres gens de pays du tier monde, mais souvent des entrepreneurs et des hommes/femmes d’affaires qui apportent aussi un développement et des moyens à un pays au potentiel inouï, qui en à grandement besoin pour l’amélioration de la qualité de vie de ces habitants. Il faut aussi comprendre que les travailleurs particuliers ne paye pas ou très peu d’impôt, mise à part les taxes sur les produits et services, les revenus du pays sont en grosse majorité perçu dans les entreprises, d’ou la nécessité de développer des industries solides pour permettre l’acquisition des fonds pour des éventuels programmes sociaux. Tous ne sont pas des bourlingueurs à petit budget ou à la recherche de la grande aventure hors des sentiers battus et à la « India Jones », plusieurs voyageurs sont des gens qui recherchent le confort (est-ce un crime?) de bonnes infrastructures leur permettant de visité et de leur rendent accessible ce pays magnifique aux richesses incommensurables.

    Reste maintenant à savoir comment intégrer cette industrie (3ième au pays) de façon responsable et surtout bénéfique pour la TOTALITÉ de la population, le gouvernement mettre ces culottes et devra s’assuré que les investisseurs étrangers et locaux intègrent leur entreprise dans un concept de développement durable et connecté avec les populations locales et pour leur bénéfice premier, sans bouleversé à outrance les fragiles microcosmes ou ils s’implante. Mais les populations locales et les péruviens en général, ont aussi une grande responsabilité de défendre leurs intérêts collectifs et non seulement individuels et d’arrêter de revendiquer leur DROITS CITOYENS à tout vents mais qu’ils commencent à prendre conscience de leur REPONSABILITÉ CITOYENNES… d’arrêter d’avoir une morale à deux vitesses, de dénoncer la corruption gouvernementale mais de payer la police pour éviter une contravention plus salé. De se sentir les acteurs de leur destin et non seulement les spectateurs et victimes d’une machiavélique société d’élite et de privilégié.

    Il y a une expression ici… « El Peru es un mendigo sentado en una mina de oro »… le Pérou est un mendiant assis sur une mine d’or… tout y est, tout reste à faire, faudrait-il arrêter avec cette putain de rancœur anti étrangers, anti riches, anti blancs, anti colons ou mélanger et collectivement et sans discrimination se mettre à creuser tous ensemble…

  12. Travelplugin

    POUR RÉSUMER TON COMMENTAIRE

    I. La population péruvienne c’est :

    – Les nantis qui ont l’argent, viennent de bonnes familles et font du business grâce au capitalisme libéral.
    – La classe moyenne qui reste et restera toujours à la même place.
    – Les pauvres et une bonne partie des natifs qui sont dans le cercle vicieux de la non-éducation. Ces 3 catégories naviguent entre 2 eaux : Le monde traditionnel et ancestral d’un côté, et le monde moderne et son capitalisme de l’autre.

    II. Ils sont régis par 2 concepts :

    – La réussite par la loi du plus fort avec le vol, la corruption et l’irrespect qui sont intégrés aux mœurs, voir même prônés et qui s’opposent à la gentillesse et au respect vus comme des faiblesses.
    – Le rejet de la faute sur les autres : ceux qui n’ont pas réussi se placent en victime sous prétexte que c’est de la faute des nantis et du gouvernement.

    NOTRE RÉPONSE

    LE TOURISME
    Ton constat est réaliste et intéressant mais il n’est pas centré sur notre sujet de départ : le tourisme. Je ne dis pas que c’est à cause du tourisme que le pays est dans cet état, mais bien parce que le pays est irresponsable que l’industrie touristique l’est aussi. Je parle des Quechuas dans ce contexte et non dans celui politique et social.

    Développer le tourisme pour garnir l’économie du pays, oui ! Mais sans qu’il en devienne sauvage. De plus il faut redistribuer ces richesses en aval quitte à faire payer plus d’impôts aux particuliers une fois cette redistribution effectuée.

    POLITIQUE SOCIALE DU PÉROU
    Je n’ai pas la prétention d’expliquer tous les rouages des problèmes péruviens mais je suis ouvert au débat concernant le sujet évoqué.

    Fort de tes constats, tu dis que l’état et la population doivent être responsables. L’état doit obliger les entreprises à faire de l’argent en respectant les disparités sociales et culturelles, et ainsi redistribuer les ressources engendrées. Quant aux populations, elles doivent penser collectif et non individuel.

    Mais comment est-ce possible lorsque l’état fait l’inverse et ne montre pas l’exemple ?

    Une personne non éduquée ne peut pas se responsabiliser seule quand le gouvernement ne donne lui-même aucune notion de responsabilité citoyenne. Ce n’est déjà pas toujours le cas dans nos pays développés . De plus, pour être acteur de cette citoyenneté, il faut en avoir les moyens et le temps. Regarde notre bonne vieille pyramide de Maslow mentionnée dans cette article “Pourquoi certains pays sont plus dangereux que d’autres” : http://www.travelplugin.com/dossier-agression-tout-savoir-sur-le-vol-et-lagression/6/.
    Avant de penser développement personnel ou citoyen, il faut pouvoir combler ses besoin primaires et je doute que ce soit le cas de la majorité des pauvres.

    Enfin tu parles de programmes sociaux éventuels. Sont-ils bien réels ? As-tu des exemples concrets qui pourraient par exemple utiliser cette campagne de sensibilisation que tu nous présentes en vidéo et qui essaye de réveiller les consciences ? D’ailleurs ton commentaire s’en inspire grandement.

    Je n’infantilise pas les pauvres et les natifs péruviens face au capitalisme sauvage, c’est une question de repère. Une personne née dans le confort des grandes villes et lâchée dans un milieu naturel (chez les Masaïs ou en pleine forêt amazonienne par exemple) est sans repère ni éducation face à ces milieux. On lui trouvera des raisons de ne pas être capable de se défendre face à cette nature sans l’infantiliser pour autant. Il en va de même pour toutes ces populations de tradition ancestrale inadaptées à nos systèmes économiques.

    AU NIVEAU MONDIAL
    De manière plus générale, c’est l’histoire des 200 dernières années de ce monde que tu essayes d’expliquer à travers le Pérou. Doit-on excuser les gouvernements qui ont décidé de se développer à l’américaine parce qu’ils suivent notre exemple en accéléré par manque de connaissance et d’éducation ? Même si c’est le seul système économique restant depuis la chute du communisme soviétique, ils ne doivent pas réitérer les erreurs de leur aïeux européens sous prétexte d’exiger avoir droit au même niveau de vie qu’eux. C’est une vision à court terme.

    Prend comme exemple la Chine et l’Inde qui rattrapent nos niveaux économiques le plus vite qu’ils peuvent au détriment de la préservation de leurs écosystèmes, de leurs ressources naturelles et humaines. Est-ce excusable simplement par le fait qu’ils ne sont pas éduqués correctement ? C’est un peu le concept de science sans conscience.

    Alors si les hommes à la tête d’un état, donc parmi les plus éduqués du pays, sont incapables de comprendre cela, comment pourrait-on le demander à leurs citoyens nécessiteux. Va leur demander de ne pas avoir toutes ces rancœurs. Creuser tous ensemble dans ces conditions restera la simple utopie d’un écrivain intellectuel péruvien.

    Et toi au fait, où te situes-tu ? Quechua, classe moyenne ou nanti ?

    En tout cas merci pour ce commentaire riche en renseignements.

    Dernier article Travelplugin : Les 10 choses les plus difficiles lorsque l’on part vivre à l’étranger.
    http://www.travelplugin.com/les-10-choses-les-plus-difficiles-lorsque-lon-part-vivre-a-letranger/

  13. Nowmadz

    Salut Haydée,

    La première fois que j’ai lu cet article, j’ai trouvé qu’il était un peu trop caricatural. Sans être toutefois de l’avis de Carla qui commente plus haut, je pensais que tu exagérais les choses, avec des titres et des propos destinés à faire « scandale ».

    Puis on est allés au Pérou, dans le cadre de notre Tour du Monde.

    J’ai relu cet article, à postériori, et je le comprends bien mieux aujourd’hui, avec le vécu et notre propre expérience dans ce pays. Si je me souviens bien, tu es allée là bas, un peu comme nous, après être restée quelques temps en Argentine. Nous étions passés aussi par là bas, et le Chili également. Notre arrivée au pérou nous a fait un choc, mais dans le mauvais sens. Nous ne nous sommes jamais senti à l’aise là bas. Après plusieurs mois de voyages, nous étions en mesure de savoir ce que nous aimions ou pas, et nous avions également un seuil de tolérance à l’arnaque certainement un peu plus réduit que le vacancier qui ne se fait « avoir », ou harasser seulement 15 jours dans l’année. Pour nous, et pourtant nous avions passé aussi 5 mois en Asie, ça n’a pas été du tout un pays coup de coeur.
    Nous avons sciemment évité la zone touristique, de Cusco, Puno etc, non pas pour éviter les touristes que nous sommes aussi, mais pour essayer de partir plus au Nord, afin d’y trouver un peu de répit et d’authenticité. Mais ça n’a pas pris non plus.

    Je ne sais pas si ce flop dans notre voyage vient de tout ce que tu décris, en tous cas nous avons bien senti l’effet de la « grosse machine touristique ». Nous avions l’impression d’être traités uniquement comme des portes billets, et ça n’est pas vraiment un sentiment interéssant. Bien sûr, en voyage, en tant que touristes, on paie. Plus que les locaux. Ca c’est partout. EN Argentine, on s’est fait plaisir, au Chili aussi, on a payé pour des expéditions, cher parfois, mais le service était à la hauteur. Il y avait un donnant-donnant, un respect mutuel local-touriste. C’est, il me semble la clé d’un tourisme réussi que nous n’avons pas ressenti au Pérou. Là bas, nous avons eu l’impression qu’on nous « balançait » le service payé au visage (pour être poli) et qu’en plus, il ne fallait pas se plaindre. Nous sommes partis dans le canyon du Colca en tour organisé par exemple, et ce fût une bien belle erreur. Voyager dans un fourgon à bestiaux n’aurait pas été pire, sans compter les fois où les bus se barrent sciemment sans la totalité de leurs voyageurs!

    Bref, pour nous c’était du foutage de g… qui ne nous a pas du tout plu.

    Pour conclure, nous sommes bien conscients d’être des touristes, nous savons bien qu’il est normal de payer pour obtenir un service, pour une visite etc… Mais le service rendu doit être, nous semble t il, au niveau du prix que l’on pait. Nous ne sommes pas que des vaches à lait, le respect du touriste doit être aussi important que celui du local, sans quoi beaucoup de gens repartiront, comme nous, déçus de leur passage dans le pays….

    A bientôt,
    Nowmadz

  14. Haydée@Travelplugin

    Salut Nowmadz,

    Je comprend qu’en lisant mon article au début, on peut être déçu, surtout lorsqu’on a jamais mis les pieds dans le pays et que l’on a cette image idyllique que les médias veulent bien nous servir. D’ailleurs, ça aussi c’est une stratégie mise en place par les gouvernements. 🙂

    Je tiens tout de même à dire que mon titre a été changé par le responsable éditorial du blog ici présent. Au départ il était un peu plus soft, je parlais de tourisme « sauvage » et non « désastreux ».

    Ton commentaire me conforte dans l’idée que je me suis faite du Pérou, pour nous « touristes » et j’insiste sur ce point. Ici il est question de deux choses : l’accueil touristique déplorable et l’acheminement vers la destruction de certains sites sur le long terme.

    J’étais comme vous avant d’y aller, en quête d’un pays dont on dit tant de bien. La communication fut très difficile avec la population alors que je suis bilingue. Je n’ai jamais eu ce problème dans tous les autres pays d’Amérique latine.

    D’autre part j’ai de plus de plus de mal à saisir comment associer les mots « tourisme » et « responsable » à partir du moment où l’on prend l’avion !

  15. Nowmadz

    Ah bah voilà, « sauvage », je comprends et j’adhère mieux que « désastreux »..! Pourquoi l’avoir changé, c’est dommage! Les mots sont importants, on ne peut pas les moduler ainsi au risque de choquer, voir donner un mauvais aperçu de ton texte!

    Sauvage, le tourisme au Pérou, oui. On sent bien que ce n’est pas du tout cadré. Il n’y a pas de règle, un peu comme s’ils démarraient et voulaient déjà jouer dans la cours des grands en annonçant des prix massifs sans apporter le service conséquent.

    A Arequipa nous avons discuté avec des membres de l’office de tourisme, des agents de voyages. Ils nous ont dit que les choses s’arrangeaient, que c’était bien pire avant, mais qu’encore aujourd »hui chacun faisait un peu ce qu’il voulait. Pratique les prix qu’il veut, fournit un service minimum voir pas de service du tout sans être inquiété. Il y a un grand besoin de réguler tout ce trafic. Et déjà commencer par réguler le système des transports en bus: après le Chili et l’Argentine où tout était parfaitement organisé, nous avons été surpris de constater qu’au Pérou, chacun faisait ce qu’il voulait. Bus archaîques, chauffeurs bourrés, complices des voleurs qu’ils font monter en route… (bien sûr certaines compagnies sont safe, mais il y en a encore tellement qui ne le sont pas!)

    Alors bien sûr, on pourra toujours comparer avec l’Asie, où, dans certains pays, c’est du grand n’importe quoi aussi. En Indonésie par exemple, les tours organisés, c’est au p’tit bonheur la chance. On part, oui, mais le programme n’est jamais respecté. Mais pourtant on le perçoit différemment, sûrement parce que le niveau de développement du pays n’est pas le même.

    A plusieurs niveaux, le Pérou n’est pas un pays sous développé. Il y a des infrastructures bien plus importantes qu’en Asie. Mais c’est le bordel, voilà. Et puis les prix ne sont pas les mêmes non plus.

    Et m’entendre dire que parce que je suis touriste je dois accepter n’importe quel prix pour du n’importe quoi, euuuuh…??!!!

    • Mikaël

      Bonjour Nowmadz,

      Outre le fait que j’assume notamment un rôle de secrétaire de rédaction (ce qui dans n’importe quel journal ou magazine signifie la possibilité de couper dans l’article, reformuler des phrases, changer le titre), pourquoi ai-je changé « sauvage » par « désastreux » ?

      La réponse est simple : elle figure dans le dictionnaire, à la définition de sauvage : http://www.cnrtl.fr/definition/sauvage. Aucune des définitions de « sauvage » ne justifie de l’apposer comme épithète à « tourisme ». Le tourisme est un fait culturel, civilisationnel, économique : il n’a donc rien à voir avec l’état sauvage.

      A la rigueur, peut-être aurait-il été plus judicieux de parler de « tourisme déréglé », de « tourisme anarchique », par exemple. Mais tout de même, il ne me semble pas, eu égard au contenu de l’article, que ce titre fût injustifié.

      Salutations,

      M.

  16. nowmadz

    Bonjour Mikael,

    Je ne cherchais absolument pas à t’accuser d’une quelconque infamie: tu es ici chez toi, et ma foi tu fais en effet ce que tu veux des articles que tu choisis de publier. Je suis ton blog et n’ai jamais eu l’impression d’avoir à faire à quelqu’un d’irresponsable, bien au contraire.

    Cependant, je maintiens ma réflexion au sujet du terme « désastreux » à mon sens bien moins adapté que celui choisi par Haydée. Peut être n’ai je pas lu le dictionnaire (encore qu’on y trouve de tout et surtout ce qu’on veut) mais pour être allé au Pérou, il me semblait simplement que le terme « sauvage » était plus adapté…

    Mais tu as raison, « anarchique » peut marcher aussi… Bref tout adjectif signifiant qu’ils ont encore du chemin à faire… Mais ce n’est que mon avis, et relatif à l’expérience que nous y avons eu!

    Lydia

    • Mikaël

      Allez, dans mes bras Lydia, oublions ce malentendu et dansons la gigue ! 🙂

  17. Saveur Pérou

    Bonjour,

    Je viens de lire votre Article ma foi fort bien écrit, argumenté et documenté, mais j´avoue que votre vision du Pérou me dérange quelque peu. En effet beaucoup des choses que vous évoquez sont des problèmes tout a fait réel au Pérou mais je trouve votre approche un peu « insolente », ne prenez pas mal ce terme que j´emploie ce n´est pas une attaque, simplement une remarque.
    Je ne connais pas votre expérience avec le Pérou, j´entend par là si vous connaissez réellement ce Pays ou si vous y avez voyagé une seule fois, je ne vais pas vous faire le discours classique du « moi je sais mieux », vous avez eu votre expérience, je la respecte et chacun a le droit de les vivres comme il l´entend.
    Le Pérou est un pays que je connais très bien et que j´aime beaucoup, je suis tout a fait lucide sur ces travers et ils sont nombreux, peut être même plus que vous ne pouvez l´imaginer mais expliquer a des gens désireux de s´y rendre qu´il est impossible de découvrir ce Pays d´une manière « authentique » (concept très occidentale, puisqu´il existe en fait beaucoup de réalités différentes au Pérou) je trouve cela assez présomptueux et il me semble que c´est un jugement taillé a l´emporte pièce.
    Au Pérou comme dans TOUS les Pays du monde, si vous restez dans les circuits Touristiques classiques et sur-exploités alors oui vous serez prit pour un sac a billet et vos rapport avec les locaux seront forcement perverti par votre statut de « gringo ». Mais il existe des alternatives au Pérou comme partout ailleurs et elles sont nombreuses de plus il est facile de rendre responsable les Péruviens de cet état de fait quand ce sont les touristes eux mêmes qui en portent la responsabilité. La plupart des touristes que je vois au Pérou se foutent des locaux, ils viennent visiter des musées de sites archéologies sans comprendre que la culture ancestrale est encore bien vivante au Pérou et que ce n´est pas un Folklore ni une attraction touristique mais une réalité.
    De plus votre manière de décrire la société au Pérou est tout a fait caricatural et je pense que vous pensez connaitre les réalités de ce pays mais que vous en êtes très loin, le Pérou est un pays extrêmement complexe sur le plan sociétale, ce n´est pas les méchants blancs descendants de colons contre les gentils Incas…Oui la société Péruvienne est raciste et inégalitaire, mais la discrimination se pratique dans tout les bords de la société et les inégalités sont souvent entretenu par cela même qui en ont été victime auparavant. Vous analyser les choses d´une manière très européenne et c´est pour cette raison que vous vous trompez, un Péruviens ce n´est pas forcement un descendant d´Inca, il y a des chinois, des noirs et des Blancs, qui composent TOUS ce qu´est le Pérou aujourd´hui.
    Pour ce qui est du Gouvernement je ne peux que vous rejoindre mais sachez tout de même que encore une fois tous n´est pas tout noir ou tout blanc, beaucoup de Péruviens pauvres ou riche (plus souvent riche j´en conviens) s´arrange bien de la corruption et du désordre qu´il règne dans le Pays et c´est une réalité qui dérange souvent les occidentaux et leurs visions manichéennes des choses.
    Le Pérou est un pays a l´histoire récente tourmentée, vous oubliez de préciser qu´il sort tout juste d´une guerre civile d´ont on ne sait rien en Europe (souvent au Pérou même) qui a fait des milliers de victime et laissé le Pays divisé. Le Pérou a énormément d´atout et il faudra compter avec lui dans l´avenir, j´ai bon espoir pour lui même si la route est encore longue. Visiter le Pérou c´est le rêve de beaucoup de gens, ceux qui se creuse un peu la tête en reviendrons ravis, ceux qui se laissent porter par le flux de l´industrie touristique seront surement déçus en effet…. A chacun sa vision du voyage.

    Saludos

    • Mikaël

      Bonjour et merci pour votre message.

      Cet article a été critiqué déjà ; il le sera peut-être à nouveau. Tant mieux s’il invite au débat, à la contestation, à être complété par d’autres éléments. C’était aussi le but d’une telle publication.

      Je ne peux répondre pour l’auteure, qui se chargera de le faire. Ce que je peux dire, en revanche, en tant que responsable éditorial de VDN, c’est que le tourisme de masse est un fait dont il importe de rendre compte. Du reste, lorsqu’on prend le temps d’y réfléchir plus en détail, le tourisme de façon générale, et même lorsqu’il est prétendument « alternatif » ou « authentique » (vous avez raison de signalez la foutaise de cet épithète ; j’escompte, du reste, écrire un article sur le sujet, ce sera probablement pour janvier), est souvent désastreux. Je n’ai pas lu beaucoup de choses sur le sujet abordant les effets du tourisme international sur un plan anthropologique, mais si l’on réfléchit à l’impact du tourisme, on ne peut, je crois, que conclure au fait qu’il est surtout un agent de la mondialisation libérale sur le plan économique (introduction d’une anthropologie utilitariste et de la transaction financière dans les rapports humains), tout autant que sociale-culturelle. D’ailleurs, les gens en quête d' »authentique » finissent presque toujours (surtout quand il ne sont pas dans une démarche d’immersion), par causer avec d’autres voyageurs en quête d' »authentique »… ou bien avec les classes moyennes locales capables de parler une langue véhiculaire (ne prenons pas l’exemple du Pérou, hispanophone, mais de pays dont la langue est inconnue de la majorité des touristes), donc des personnes éduquées et instruites, souvent urbaines et adhérant souvent à des valeurs libérales en contradiction avec l' »authentique » des campagnes et du monde indigène. Je force volontairement le trait, mais on prendra le temps d’examiner tout ça plus en détail.

      En tout état de cause, si vous souhaitez contribuer à Voyageurs du Net et nous éclairer sur le Pérou, n’hésitez pas à me contacter : mikael[at]voyageurs-du-net.com.

      Cordialement,

      Mikaël

      • Saveur Pérou

        Bonjour,

        Effectivement le débat est important, surtout quand celui-ci est constructif, le Pérou peut en effet parfois représenter ce qui se fait de pire en matière de Tourisme, sur ce point je rejoins l´auteure, c´était plus cette description un peu caricaturale de la société Péruvienne qui me dérangeait et sur laquelle je tenais a apporter mon opinion.
        Je connais le Pérou sous bien des aspects, en tant que touriste, j´y travaille parfois, une partie de ma famille s´y trouve. C´est peut être pour cette raison que j´ai une vision plus contrastée de ce Pays, mais même avec tout ces paramètres je ne prétend pas connaitre la réalité des Péruviens, encore une fois a l´instar de beaucoup de Pays d´Amérique latine le Pérou se révèle très complexe et l´analyser avec nos critères Européens est impossible.
        Vous savez au Pérou il y a beaucoup d´endroits où les gens ne parlent pas Espagnol et où le concept même d´appartenance a une nation n´existe pas, pour ces populations un Pays c´est une plaine, une foret… Il est évident qu´elles ne sont pas en contact avec le Tourisme (tant mieux!), l´effet pervers est que ces gens sont totalement ignorés du reste du Pays, ils n´ont accès à rien, car au Pérou comme dans beaucoup d´autres Pays, là où il n´y pas de Touristes les gouvernements refusent d´investir le moindre centimes. Culturellement le tourisme est un désastre au Pérou mais prétendre qu´il n´a pas améliorer les conditions de vie de certaines population est totalement faux, j´entend par là, accès à la santé, à l´éducation ect…
        Evidemment pour un Européen pour qui toutes ces choses sont des droits « basiques » que n´importe quel citoyen est en droit d´exiger tout cela reste inégalitaire et désastreux mais quiconque a connu le Pérou avant vous dira que la situation c´est largement améliorée.
        Quel dilemme n´est ce pas?
        Est t´on en droit d´exiger d´un peuple qu´il continue de vivre dans la misère pour satisfaire notre envie d´exotisme et « d´authentique »?
        Je serais ravis d´apporter mon expérience sur le Pérou, je suis actuellement en train de travailler sur un site Internet qui aura pour objectif d´informer sur la Gastronomie Péruvienne mais aussi et surtout du travail des ces agriculteurs, j´ai longtemps hésiter avant de démarrer ce projet, est-ce une bonne chose d´informer les gens parfois? La situation de la Quinoa au Pérou en est l´exemple frappant, il aurait été préférable que ce trésor reste caché…Mais c´est encore un autre débat…
        Saludos. Thomas

      • Mikaël

        Bonjour Thomas,

        La question n’est pas « d’exiger d’un peuple qu’il continue de vivre dans la misère », etc. Du reste, avec ou sans le tourisme, la misère a davantage à voir avec des considérations macroéconomiques, en bonne partie liées à l’organisation du Capital. Vous savez comme moi que l’Amérique latine a été le laboratoire du néolibéralisme (étrenné sous le très sympathique régime de Pinochet avec financement de la CIA pour mise en application des théories des Chicago Boys — je crois me souvenir que Milton Friedmann est allé plusieurs fois au Chili) et qu’elle a été et reste le terrain d’une bataille idéologique marquée par la lutte de classes : l’oligarchie contre le peuple, ou bien les mouvements socialistes de diverses sensibilités théoriques contre l’oligarchie. C’est évidemment très schématique et de nombreux paramètres s’y greffent (narcotrafic, corruption, bureaucratie, racisme, indigénisme, etc.).

        En revanche, ce qui n’est jamais posé ce sont les conséquences de la venue massive d’étrangers sur un territoire. Prenons un cas qui m’a été évoqué ici au Guatémala, où je vis. Au Guatémala, qui est l’un des pays d’Amérique latine (avec notamment le Pérou et la Bolivie) où vit une large proportion de la population dite « indigène », càd descendants des peuplades précolombiennes, on m’a évoqué et j’ai pu observer aussi un fait : beaucoup de jeunes ne parlent pas la langue indigène de leurs parents, ou mal. Pour leurs parents, l’espagnol est une seconde langue, que certains parlent d’ailleurs avec des fautes, ce qui peut être assez comique (« Donde vive tu casa? », « Qué nombre te llamas? », etc.). Mais pour bcp de jeunes, l’espagnol est la première langue. L’éducation nationale, les médias, y sont à coup sûr pour bcp et le tourisme ne peut être blamé. Mais lorsque le tourisme représente une manne potentielle pour un village, pour une communauté, l’économie vient bouleverser les choses : telle lagune, tel coin de montagne cesse d’être un élément du quotidien pour devenir une sorte d’outil de travail ou d’objet à vendre et donc à entretenir ; ensuite, le fait que le touriste ne parle évidemment pas une langue maya, contraint à privilégier l’espagnol, puis l’anglais. En quelque sorte, le tourisme, oui, participe de la mondialisation libérale qui contribue à détruire les terroirs et les identités, les langues et les particularismes d’us & coutumes — que, précisément, veulent voir les touristes.

        Au Mexique, au Cameroun, au Kenya, en Thaïlande, au Maroc, en Inde, en Turquie, vous pouvez voir des danses traditionnelles, des rites sacrés, contre monnaie sonnante et trébuchante : le tourisme a le droit de tout voir, il paye. Son désir d’authentique ne conduit qu’à la prostitution de l’authentique : que reste-t-il d’authentique dans une danse massaï quand elle n’est plus motivée par des raisons anthropologiques internes à cette civilisation, mais par le besoin de faire du fric ? Que reste-t-il d’authentique dans telle danse de derviches-tourneurs lorsqu’il est coupé de ce qui est sa raison d’être, càd le mysticisme, pour n’être plus qu’un spectacle. Dès les années 1960, Guy Debord avait signalé le devenir-spectacle du monde.

        Alors, voyageur ou voyeur ?

        En tout état de cause, Thomas, n’hésitez pas à me contacter si le coeur vous en dit, pour parler du Pérou.

        Cordialement,

        Mikaël

  18. Saveur Pérou

    Bonjour Mikael,

    Un plaisir de te lire, je vois que tu connais bien ton sujet, c´est une chose appréciable et suffisamment rare pour être notifiée.
    J´évoquais plus le fait que le touriste dans sa quête de « typique » serait souvent tenté d´exiger des populations des pays qu´il visite de vivre loin du « progrès » dans lequel il se vautre et se complaît dans son pays toute l´année.
    Combien de fois ai-je entendu au Pérou un touriste interloqué en voyant un Péruvien qui selon ses critères devrait vivre dans une hutte en terre au milieu de la montagne « ohh regarde il a un I phone!! », « ils ont un écran plat chez eux! », en quoi l´indigène n´aurait pas le droit lui aussi de se complaire dans l´acquisition futile et inutile qui est notre mode de vie en occident?
    Entendons-nous bien, je ne milite pas pour que tous les pauvres du monde est droit a leurs « iphones » mais cette hypocrisie des touristes, voyageurs, appel-les comme tu veux, qui sont en permanence en train d´exiger et des « locaux » qu´ils jouent leur rôle de gentil autochtone me fatigue…
    De plus puisque tu parle de lutte des classes qui est en effet la problématique majeure sur le continent, pourquoi donc accepte tu ce concept racial? C´est justement ce qui a toujours fait défaut, faire croire au gens que tout ceci est un problème racial quand c´est en fait un problème purement macro-économique, c´est avec ce genre de théories que les noirs en Afrique du sud n´ont toujours pas accéder a une fin réelle de l´apartheid, au moment ou Mandela arrive au pouvoir il néglige totalement l´aspect économique, il laisse les rennes de l´économie au seigneurs de l´apartheid, la suite on la connait…
    L´Afrique c´est peut-être pire, j´ai vécut 2 ans au Burkina faso, j´en garde un souvenir formidable et amer à la fois.
    Le sujet que tu aborde est beaucoup plus vaste que le tourisme a proprement parler, il en est une conséquence, celle du tout marchand où même la culture ou « folklore » est une marchandise comme une autre.
    L´Amérique latine a effectivement été le laboratoire du libéralisme, je te confirme que Friedman est allé au Chili où lui et ses comparses de Chicago on détruit la jeune et prometteuse démocratie chilienne et avec elle l´espoir de tout un continent, les chiliens d´aujourd´hui gavé au crédit à la consommation ne semblent pas prêt d´aller réclamer la note…
    Enfin pour te donner mon opinion sur ta dernière réflexion, voyeur et voyageur, n´est-ce pas bien souvent la même chose?
    Saludos

    • Mikaël

      Re-bonjour.

      Quand on parle de « Progrès » il faut savoir de quoi on parle. Divers penseurs (théoriciens socialistes aussi bien que penseurs à l’esprit aristocratique), dès le XIXe siècle, en dénonçaient l’imposture. Le Progrès, c’est d’abord un mythe. Celui selon lequel le meilleur est forcément dans l’avenir ; il faut donc tourner le dos au passé, aller de l’avant, etc. On n’en est tjs par sorti. Le Progrès, c’est à double tranchant : il y a le progrès de la médecine, le progrès des conditions hygiéniques, le progrès social ; il y a le progrès de la technologie, notamment de l’armement ou de la propagande commerciale.

      Ensuite, il convient aussi de distinguer la pauvreté de la misère ; une famille paysanne peut être pauvre selon certains critères économiques liées à l’économie capitaliste et aux mythes qui s’y rattachent, notamment la croissance ; mais cette pauvreté peut être vivable, ou considérée comme de la simplicité. Elle devient en revanche une misère quand les moyens de subsistance n’existent plus pour de nombreuses raisons, liées tantôt à des conditions climatiques, tantôt au surpeuplement des campagnes par ex, tantôt à la dérégulation de l’économie et à la pénétration de l’économie de marché dans des pays déjà très faibles et où l’Etat était un rempart — bien que relatif — à l’extension de la misère. Vous avez vécu en Afrique, vous vivez en Amérique latine : vous savez de quoi il s’agit.

      Je pense à Ivan Illich qui, dans un bouquin que j’ai lu voilà qq mois, parlait de l’uniformisation du monde. Le touriste veut de l’authentique, du dépaysement : et le voilà qu’il découvre qu’ailleurs, oui, la technologie est partout, l’habitat est le même, etc. A Bangkok, à Guatémala, à Lima, à Johannesbourg : le béton et les parpaings sont partout et la diversité des habitats du monde n’est plus ; idem pour les vêtements ; les musiques traditionnelles vivent un peu partout sous perfusion des Etats qui y voient encore un intérêt économique avec le tourisme. Le tourisme est une industrie juteuse qui consiste à empailler le passé, à figer une population dans une image d’Epinal vendue à des touristes et voy(ag)eurs qui veulent du dépaysement parce que chez eux tout a déjà été dévasté et que le terroir y est ringardisé et considéré comme beauf. Notez que ce qui est beauf chez nous est « authentique » ailleurs. Le tourisme n’est pas la cause de tous les maux, mais il participe de l’extension mondiale du libéralisme culturel et économique. Où pénètre le tourisme, pénètrent le marché, la transaction, l’utilitarisme et le rapport transactionnel. Avec tous les effets collatéraux que ça suppose. Et avec les effets anthropologiques que ça entraîne aussi : triomphe du mode de vie des classes moyennes éduquées des pays riches. Le néolibéralisme (qu’on peine à qualifier de tout à fait libéral, mais c’est un autre débat) en lien avec l’Etat, les migrations de la misère et l’exode rural, puis les représentations télévisées et cinématographiques jouent énormément aussi dans la diffusion du libéralisme culturel et social, dans l’aspiration à ce mode de vie (qui représente un « progrès ») plutôt qu’à ce qui est considéré comme passéiste : vêtements, musiques et danses traditionnels, maison bi- ou tri-générationnelle, langue d’un terroir et donc d’un territoire restreint. Symptomatique, à cet égard, fut ma rencontre d’un jeune rockeur à Oaxaca : « Les groupes traditionnels reçoivent la blinde de l’Etat… Et nous, les rockeurs, on a rien ». Aspiration à une reconnaissance d’une musique qui n’est de nulle part, de nul terroir, une musique mondiale (à défaut d’être une « musique du monde », càd d’un terroir, d’une certaine histoire et d’une certaine vision du monde). Le rock, le comportement individualiste-jouissiste, plutôt que le rattachement à une histoire et une tradition collectives : tout était résumé en quelques mots.

      Je n’aurais pas la prétention de blâmer. J’observe seulement.

      Pour ce qui est de la question de lutte des classes, et sans vouloir faire bcp plus long, il me semble qu’aucune jacquerie, révolte, commune ou révolution n’a pu exister sans être d’abord ancrée dans un certain nombre de valeurs, expérimentées d’abord dans un lieu, une communauté. La communauté peut être une classe, mais il s’avère que classe et « race » se superposent souvent en Amérique latine, là encore pour schématiser — épargnons-nous les exceptions : elles contredisent mais, restant des exceptions, elles confirment la règle. Les « damnés de la Terre », en Amérique latine, ce sont souvent les Indigènes. Travail des enfants et adolescents, analphabétisme, violences domestiques, travaux dégradants et dégradés (cireurs de pompes, vendeurs de babioles et de bouffe dégueulasse, mineurs, ouvriers de maquiladoras, femmes de ménage — et tu connais le cas des Péruviennes qui bossent au Chili par ex–, etc.) : ce sont eux qui, statistiquement, morflent le plus. Entre prolétariat et Lumpenproletariat, ce sont eux qui sont aussi les plus méprisés, caricaturés, etc. D’un autre côté, pour ceux que la télévision, l’exode rural, la misère intellectuelle et économique, n’a pas encore « Lumpenisés », il reste tout une réserve de valeurs identitaires fortes : certains rituels, certaines légendes, certaines traditions, une langue, un ensemble de chose qui font du commun, donc une communauté. En ce sens, l’indigénisme s’articule évidemment avec des valeurs révolutionnaires. Je ne l’ai pas encore lu, mais il me semble que José Carlos Mariategui a théorisé à ce sujet ; plus récemment, Evo Morales ou Rafael Correa ont, une fois au pouvoir, mobilisé ces valeurs issues des cultures indigènes. Je ne parle pas ici en disant que je suis pour ou contre. Je pense qu’en effet, la réserve de sentiment de révolte, donc de révolution, tient à l’attachement à une tradition, une histoire, à la crainte de perdre et de se faire voler quelque chose. Une révolution a souvent une dimension conservatrice. Or, justement, dans un monde de « progrès », les jeunesses du monde semblent plutôt communier dans le capitalisme avancé (bougisme, technologies, individualisme…) qui est totalement anti-révolutionnaire…

      FIN.

      • Saveur Pérou

        Je ne vois rien a ajouter qui ne saurait être redondant par rapport a ce que nous avons déjà évoqué, j´ai eu plaisir a te lire.
        Au sujet de ce que tu évoquais sur le concept de misère et pauvreté, je te rejoins absolument et te propose d´enrichir ta lecture par « quand la misère chasse la pauvreté » de Majid Rahnema ceux sont avec celui de Illich pour moi les meilleurs ouvrages sur ce sujet.
        Au plaisir de te lire.
        Saludos

  19. Amandine@Unsacsurledos

    Ha bein m*** alors ! Je n’étais pas du tout au courant pour la construction de télécabine, piste d’hélico et hôtels de luxe à Choquequirao ! Mais quelle déception !!!! Moi qui veut tant y aller, qui me fait une joie de faire ce trek de 5 jours – je n’ai pas pu le faire lors de notre séjour dans le Sud du Pérou en janvier, car en saison des pluies, seule l’une ou l’autre (mauvaise) agence acceptait de nous y emmener ; nous avons remis ça à la prochaine fois … Mais il y en aura-t-il encore, des prochaine fois, vu les conditions ! Ha, ça ne se ressent peut-être pas en me lisant, me je peste derrière mon clavier (qui souffre que je passe ma colère sur ses touches !).

    Le côté « faux typique » m’énerve également (je le suis déjà, alors autant continuer !) ; l’endroit où cela m’a le plus frappé, c’est sur une des îles flottantes du lac Titicaca (côté péruvien) : mais quelle horreur ! Ces soit disant familles typiques étaient exposées comme dans un zoo, prêtes à poser pour la photo pour quelques pièces. Et après, « invités » à utiliser leurs bateaux typiques de totora (qui ne sont construits que pour les touristes), nous avons même eu droit à des chansons sous un air dramatiquement faux (dans tous les sens du terme), ça faisait peine à voir (surtout vu l’enthousiasme contraint de certaines) ; mais le pire a été le final de leur chorégraphie, avec un « hasta la vista baby » ! Argh ! j’ai cru m’étouffer ! Et tous les touristes étaient enchantés et riaient, alors que je m’attristais intérieurement : mais que leur a t-on fait, à ces pauvre « péruviens typiques » ?!

    • Saveur Pérou

      Bonsoir,

      Franchement je vais me répéter mais en allant dans ces endroits à quoi vous attendiez vous?
      Choquequirao et los Uros sont d´énormes pôles touristique au Pérou, franchement aller dans ce genre d´endroit pour dire ensuite « le Pérou c´est horrible, trop touristique » je vois pas l´intérêt…
      Déjà en vous renseignant un peu vous auriez su que le peuple Uros en tant que tel a disparu depuis les années 50, ensuite choquequirao, ba ouais c´est horrible ce qu´ils vont faire, mais en même temps c´était prévisible…
      Encore une fois en vous creusant la tête un minimum, prés de Lac il y a un plein d´endroit ou vous auriez pu assouvir votre quête de « typique », à Cusco également plutôt que d´aller payer des fortunes pour visiter des ruines dont au final on ne sait rien vous pouvez toujours aller découvrir les communautés d´agriculteurs comme à Lares par exemple.
      Il existe plein d´endroits au Pérou où découvrir la vie des gens et partager est possible, un peu de volonté et deux trois contacts sont suffisant.
      Si vous choisissez de rester à « Gringo paradise » vous devriez savoir ce que vous aller y trouver….
      Cordialement.

      • Mikaël

        Un phénomène commun chez les touristes consiste à s’horrifier de ce qu’est ou devient en lieu sans vouloir assumer sa part personnelle de responsabilité, en tant que participant au phénomène.

        « Angkor ? J’y suis allé : quelle horreur ! On est harcelé sans cesse, le sol piétiné menace à long terme les édifices. C’est un massacre ! » Prendre le phénomène en parlant de « les gens », « le tourisme », « les gens irrespectueux », c’est bien, peut-être, mais c’est refuser d’admettre qu’on fait partie de la masse des gens qui par leur seule présence menacent un environnement, causent la présence de vendeurs-arnaqueurs-harceleurs et le dommage aux monuments historiques qui ne deviennent que des lieux de défilement continu de personnes qui se rendent sur place pour le caractère « obligé » (intériorisation des impératifs du capitalisme appliqué aux loisirs : il faut avoir « fait » le Machu Picchu, « fait » Angkor, « fait » Chichén Itza, « fait » le Mont-Saint-Michel, etc.), quand bien même il n’y a aucun attrait profond pour ce que représente l’ensemble archéologique.

        Kalagan, lorsqu’on était à Oaxaca, n’a pas voulu m’accompagner dans les cathédrales merveilles qu’il y a là. J’ai quant à moi depuis longtemps une passion pour l’art baroque ; lui, il s’est dit simplement : « ça m’intéresse pas ». Et il n’est pas venu. Si tous les voyageurs et touristes se disaient : « en ai-je vraiment envie ou y vais-je parce que c’est une ‘évidence’ et que je ne peux pas n’y être pas allé ? », y’aurait un tourisme de meilleure qualité sans doute. Au lieu de ça, défilent des millions de personnes ignorantes de l’histoire antique grecque au Parthénon, de l’histoire du classique maya à Tikal, etc. Pour quel bénéfice ? A titre personnel, très faible, avec et surtout sans guide : on voit un amoncellement de pierres qu’on ne peut rattacher à rien. C’est comme voir le squelette de la femme ou de l’homme qu’on a aimé (du moins pour le cas où l’on a déjà une connaissance du sujet). A titre social, pas exorbitant : ce type d’endroits attire les miséreux et le Lumpenproletariat des environs et parfois venu de loin, les gens fuyant la misère en allant faire les poches des Blancs en tongs…

        Encore une fois : le tourisme est une industrie de la paresse. Paresse, parce que bien sûr « on est en vacances ». Mais paresse intellectuelle surtout parce qu’il massifie les désirs : il les crée et y répond par une propagande publicitaire et médiatique continue ; ce faisant, il ne mobilise pas l’imagination d’une personne qui s’interrogera sur ce qu’elle désire profondément, individuellement, mais apporte propose un paquet tout-inclus, clefs en main, à sa paresse de l’imagination.

        L’une des plus grandes victoires du capitalisme, c’est d’avoir mutilé l’imagination et d’avoir constitué un imaginaire à part entière, faisant les questions et les réponses, pour ainsi dire.

        Salutations,

        M

      • Amandine@Unsacsurledos

        Je ne dis pas que je suis surprise pour Choquequirao, mais j’ai un profond respect pour les traces de notre passé, et si en plus elles gardent un parfum de mystères et sont protégées du tourisme de masse non réfléchi, j’aime d’autant plus.
        Je ne suis pas surprise dans le sens que je sais que c’est l’économie et le profit qui dirige le monde, et pourquoi cracher sur la poule aux oeufs d’or qu’est l’archéologie au Pérou …

        Ensuite, je n’ai jamais dit « le Pérou quelle horreur, c’est trop touristique » : au contraire, je suis tombée sous le charme de ce pays ; j’y suis allée déjà à deux reprises et planifie d’y retourner encore l’année prochaine (ou la suivante). Je n’aime pas trop que me fasse dire ce que je ne dis pas !

        Pour les Uros, je me suis renseignée … mais par la suite ; d’habitude je prends plus mon temps pour découvrir les lieux … Mais voilà, on ne suit pas toujours un idéal non plus … Relacher sa villigence et on tombe vite dans de mauvais travers …

        Ensuite, ici, le thème de l’article c’est un peu tous ces côtés néfastes du tourisme de masse, d’ù mon témoignage sur les îles Uros.
        Mais le côté typique, authentique, magnifique, nature, … J’en ai vu aussi (beaucoup plus que des sites comme Uros, qui est un peu un alien dans mon voyage). Heureusement d’ailleurs.

        Et visiter des ruines dont on ne sait rien ou pas grand chose (c’est-à-dire la majorité finalement !), cela ne me dérange pas, dans le sens ou justement je me renseigne avant, je demande explicitement d’avoir un vrai bon guide – archéologue avec lequel je peux échanger et débattre en espagnol, et que pouvoir approcher le mystère de l’histoire, ça me plait !

        Cordialement.

  20. Bea Marlic

    Voyage octobre 2017
    Cuzco, la magnifique !

    Imbattable pour ses nuisances sonores :
    – Vous avez la chance de replonger au début des années 1980. Souvenez-vous, ces merveilleuses alarmes de voiture qui se déclenchaient juste en les regardant aux décibels qui vous fracassaient les oreilles et pendant de très très longues secondes. Elles sont encore là…omniprésentes, jour et nuit.

    – Les taxis officiels et clandestins (cela fait beaucoup de monde) n’attendent pas que vous leviez la main pour vous proposer leur service, non… Ils vous klaxonnent ! Lorsque l’on marche un minimum d’une heure trente en ville chaque jour, ça vrille rapidement les oreilles. Être klaxonné tous les 10 mètres peut rapidement devenir un supplice.

    – la police siffle en permanence pour faire partir les vendeurs non autorisés ou éviter les rassemblements, jour et nuit.

    Cuzco et son air irrespirable, solution trouvée au bout de deux jours, acheter des masques pour filtrer un peu.

    Piétons en danger : prioritaire, vous ne l’êtes jamais même si en théorie, vous pourriez l’être. Vous êtes au beau milieu de la rue sur une passage piéton, une voiture arrive, accélérez ! Vous pouvez terminer votre course sur le capot.

    Cusco et sa vielle ville :
    – Des milliers de touristes qui se déversent (y compris nous) entrainent forcément des effets secondaires : vous êtes constamment interpelés pour des tours (une agence de voyages tous les 2 mètres), on vous propose les meilleurs restos en ville à tous les coins de rue, de prendre des photos avec des Alpagas servis 5 mètres plus loin en steak, des massages, de vous cirer les chaussures (3 fois par la même personne en 5 minutes, même si on a des baskets), des bibelots au goût incertain (pléonasme), des bonnets, gants, pulls, porte monnaie, breloques en tout genre. On suffoque de couleurs (le père Noël est une ordure n’est jamais très loin).

    – Les touristes « narcisses » et leur trépied à selfie. Déclinaisons : On a aussi le droit à la pose « Jésus » ou encore le photographié qui montre du doigt les pierres avec lesquelles il est pris en photo (???).
    – le jeu des humains-tamponneurs (valable mondialement)… Ben oui, marcher les yeux rivés sur son Iphone peut avoir des conséquences. On a le choix de l’esquive ou au bout d’un moment on peut entrer dans le jeu du tamponnage agrémenté du « boom-prévention ». Cela finit par être entrainement de préparation aux chocs futurs.

    Cuzco et ses montagnes autoroutes (non testées).
    Le fameux Machu-Pichu, son train spécial touristes captifs, ses milliers de bus, le tout orchestré et chronométré à la minute. (Il y a des parcours alternatifs qui peuvent se faire en 4 jours mais cela nécessite d’avoir des genoux fonctionnels, malheureusement pas mon cas en ce moment).
    Les montagnes colorées & photoshopées, le tout en une journée, monte à 5800 mètres, prends tes photos, enlève de ta »bucklet list » et redescends.

    Cusco et ses habitants : forcément le tourisme de masse met à mal les rapports humains sains (encore une fois, merci aux habitants de Tarapoto pour leur gentillesse et total désintérêt). Cerise sur le gâteau (jamais vu ailleurs au Pérou), les mecs pissent et crachent partout !

    Cusco, grâce à toi, j’ai encore appris sur ce qui me motive, que la forme sans le fond n’a pas lieu d’être dans mon univers, que je suis une nullité dans l’art de l’abstraction.

    Succès : J’ai tout de même gardé mon sang froid et suis toujours restée polie même lorsque je bouillonnais.

    Cusco, je te quitte avec une joie non dissimulée.
    Ce sera une fin de non recevoir.


Laisser un commentaire