À l’aube de l’humanité, l’éléphant était considéré comme un esprit de la forêt. Sa morphologie impressionnante et sa longévité (durée de vie moyenne de 50 – 70 ans à l’état sauvage) forçaient le respect des humains. Ceux-ci étaient nomades et vivaient dans un monde hostile. Ne sachant pas encore domestiquer l’éléphant, ils ressentaient plus de crainte que d’amour pour lui. Ce n’est qu’avec l’invention de l’agriculture, 6000 ans avant notre ère, que cet étrange animal devint l’un des meilleurs alliés de l’humain. Apprécié pour ses incroyables capacités physiques, il permit leur transport, la traction de matériaux ou le labourage des champs. Par sa faculté d’exécuter des ordres comportant plusieurs actions enchaînées, cet animal allie force et intelligence, ce qui rapproche sa nature de celle des humains.
Ce n’est que plus tard qu’il est devenu un animal sacré, notamment grâce aux religions. Symbole de fertilité, de puissance et de sagesse, on retrouve l’éléphant dans la mythologie hindoue, au travers du dieu Ganesh. Chef des troupes divines, il est doté d’une tête d’éléphant en remplacement de la sienne, tranchée par son père Shiva. L’éléphant d’Asie est également une figure du bouddhisme, surtout depuis l’expansion du bouddhisme theravada. Bouddha, lors de ses nombreuses réincarnations, a été un éléphant blanc. Dans le cycle des réincarnations, l’éléphant constitue la dernière étape avant celle en être humain. Ainsi, on considère que l’éléphant possède la même nature que l’être humain, même s’il n’en a pas la forme !
L’éléphant d’Asie est une race génétiquement complètement différente à l’éléphant d’Afrique. Plus petit que celui-ci, il vit dans les forêts tropicales humides ou les plaines herbeuses. Les chiffres sont impressionnants : il mange 250 kg de feuilles, boit 140 litres d’eau par jour et pèse en moyenne 4 tonnes ! Dès la naissance, un éléphanteau pèse 100 kg ! Sa trompe est un muscle sans os, qui est un fait un prolongement du nez. Elle est un organe multi-usage, qui lui permet de se nourrir, de boire, de communiquer et de sentir. Les oreilles, impressionnantes et caractéristiques, ne servent pas tant à entendre qu’à l’éventer !
L’éléphant au Laos est devenu un paradoxe. Animal sacré, il est pourtant menacé d’extinction par les mêmes personnes qui le vénèrent. Les éléphants sauvages sont menacés par la destruction de leur habitat que les éléphants domestiqués détruisent eux-mêmes, sous les ordres de leur maître. La déforestation et l’extension des terres agricoles perturbent leur milieu de vie. Le braconnage est également grandement responsable de la quasi-disparition des éléphants sauvages. Chez l’éléphant d’Asie, seuls les mâles ont des défenses. Ce sont donc les seuls visés par les braconniers, ce qui a pour conséquence de déséquilibrer le nombre de mâles par rapport aux femelles, d’autant que les mâles qui survivent sont les moins bien dotés génétiquement.
L’éléphant domestique n’est pas mieux loti. Apprécié pour sa capacité à faire des travaux très pénibles en forêt, il est surexploité, à un rythme de plus en plus intensif. La déforestation l’oblige à chercher le bois dans des zones de plus en plus accidentées et inaccessibles. Souvent blessés, de par la nature de leur travail, ils sont également trop fatigués pour se reproduire. Leurs propriétaires ne cherchent de toute façon pas à favoriser la production, car cela rend les femelles improductives pendant 4 ans : 2 ans de gestation, puis 2 ans jusqu’au sevrage du petit ! L’éléphanteau en lui-même est une charge insupportable, puisqu’il ne peut travailler qu’à l’âge de… 14 ans !
L’association Elefantasia propose des solutions pour venir en aide aux populations locales qui vivent de leur éléphant. Afin de relancer la natalité, condition incontournable à la survie de l’espèce, l’ONG explique aux propriétaires qu’il existe d’autres formes d’emplois pour les éléphants qui peuvent générer du bénéfice sans pour autant maltraiter les animaux. Le tourisme, par exemple, est moins difficile pour les animaux et peut rendre les éléphanteaux utiles. Dans le cas des éléphants sauvages, le problème est plus complexe. Les réserves naturelles sont insuffisamment protégées des braconniers. De manière plus globale, il faudrait trouver un moyen de diminuer la demande d’ivoire, en jouant sur le symbolique par exemple (« l’ivoire porte malheur »). La communication est très importante dans la démarche de préservation de l’éléphant : elle permet de rappeler aux Laotiens combien cet animal est ancré dans leur patrimoine culturel.
L’agence de voyage solidaire Hiraya est partenaire de cette association et vous propose des séjours au Laos vous donnant la possibilité de rencontrer les acteurs de cette ONG, et d’observer cet animal attachant dans des conditions exceptionnelles. Contrairement à d’autres centres à touristes où le bien-être de l’éléphant n’est pas pris en compte, le centre d’Elefantasia en fait un critère important et propose aux voyageurs responsables qui s’y aventurent une expérience inoubliable, en apprenant beaucoup de choses sur l’éléphant, même à leur parler et à les monter !
Le français Sébastien Dufillot, chargé des programmes d’Elefantasia, résume bien dans ces 3 vidéos la siutation inquiétante de l’espèce en Asie, et plus particulièrement au Laos :
Eléphants en danger au Laos
L’éléphant laotien : un symbole en danger
Sauvons les éléphants laotiens
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Il y a 1 commentaire
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C’est vraiment triste ce qui arrive à cette race d’éléphant du Laos. Pourtant ce sont de magnifiques bêtes. Il ne faut pas attendre qu’ils disparaissent comme les dinosaures avant de faire quelque chose