Culte des ancêtres et art funéraire : la renaissance de l’identité malgache

Bien souvent, l’évangélisation, la science et la modernité ont apporté de nouvelles visions, de nouveaux modes de pensée et de vie au détriment des us et coutumes, des traditions. A Madagascar, beaucoup ont réalisé que le développement n’est pas un simple mimétisme, mais qu’il doit se baser sur le passé du pays et tenir compte de l’identité culturelle.

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Le culte des ancêtres ou la relation entre les vivants et les morts

Le Malgache croit en un être suprême : le Dieu Zanahary, qui a créé le Cosmos et l’ordre du monde. Entre Dieu et les vivants, les ancêtres sont les intermédiaires. Rien ne peut se réaliser sans leur bénédiction. Tous les projets importants (construction, mariage, culture, récolte…) ne sauraient se réaliser sans une offrande (rhum, sacrifice d’animaux) et une prière. On entrera en contact avec les ancêtres pour demander conseil à travers des séances de transe ou tromba.

Certains événements se produisent parce que les ancêtres attendent des vivants qu’ils s’occupent d’eux. C’est ce qui, parfois, emmène à organiser le retournement des morts (famadihana). Mais, cela peut être aussi suite à l’apparition d’un défunt dans un rêve.

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Le retournement des morts est une grande festivité qui dure trois jours au cours de laquelle on invite tout le village pour boire, manger, danser et surtout, on sacrifie au moins un zébu. Tout s’achève par l’ouverture du tombeau familial et les ancêtres sont recouverts d’un nouveau linceul fait avec de la soie sauvage, un tissu précieux chez les Malgaches. Ainsi, les défunts honorés apportent le bonheur et la récompense, alors que le disparu, altéré par le silence ou l’absence des siens, sème la maladie et le malheur.

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L’art funéraire de Madagascar

On ne connait pas l’origine des sculptures funéraires (ou aloalo) que l’on retrouve sur les tombeaux des ethnies sakalava dans le sud-ouest, puis mahafaly dans le sud de l’île. Néanmoins, sa période d’expansion date de la fin du XVIIIe siècle, lorsque les riches familles ou les descendants de rois ont remplacé les sépultures de pierres empilées par des enclos en bois surmontés de sculpture.

Tout au début, les thèmes étaient essentiellement l’amour, la mort et le sexe. Puis, s’y sont ajoutés les emblèmes représentatifs des clans et de leur hiérarchie. La colonisation bouleversant l’ordre établi, des flambeaux, poteries et personnages divers remplacent alors les emblèmes des clans. Les sculptures symbolisent alors la richesse et la réussite. Les familles engagent des artistes et leurs réalisations sont de plus en plus audacieux et débordants d’imagination. Faites en bois imputrescible dans des régions où l’eau est rare, les statues ont traversé les siècles.

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La renaissance de l’identité malgache

Les années 70 étaient la période de la malgachisation. On prônait la langue malgache pour l’éducation à l’école et la culture malgache était remise en valeur.

Si le made in Madagascar a été longtemps considéré par les malgaches eux-mêmes comme ayant peu de valeur, aujourd’hui, le leitmotiv est « Gasy ka manja » (« Ce qui est malgache est beau »). On est fier de ses origines, de sa culture et de son savoir-faire et on le montre.

En moins de 15 ans (de 1990 à 2003), trois sites, dont deux historiques, ont été classés au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco et l’art zafimaniry est classé Patrimoine immatériel mondial.

Beaucoup de tombeaux ont été pillés et dépouillés de leurs sculptures pour satisfaire les collectionneurs. Mais, il est encore possible de visiter ces vestiges. Les tombeaux sakalava sont situés entre le fleuve Tsiribihina au nord et le fleuve Mangoky au sud dans la région du Menabe près de Morondava en bord de mer, tandis que les tombeaux mahafaly sont situés plus au sud entre Tuléar et Fort Dauphin.

On dit souvent des peuples du sud qu’ils « travaillent pour les morts » à cause des fastes organisés lors des funérailles, alors qu’ils vivent dans le plus grand dénuement. Pourtant, la notoriété de leur art funéraire a développé l’artisanat local si bien que les aloalo sont sculptés également pour devenir des objets de décoration très tendance et s’exportent très bien. Ils demeurent, par ailleurs, une opportunité pour développer le tourisme dans ces régions ce qui, espérons-le, pourra motiver les autochtones, à entretenir et à conserver leur patrimoine.

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Sur les Hautes Terres, même si cela reste encore embryonnaire, la saison des famadihana (retournement des morts), de juin à septembre, emmènent des visiteurs dans l’arrière-pays, alors que ces derniers ne longeaient que les routes nationales auparavant.

Les lamba mena, tissu précieux destinés aux rois et aux défunts habillent, maintenant, les belles dames dans les grandes cérémonies. Echarpes, étoles, robes, sacs, chaussures… de toutes les couleurs, sous toutes les coutures, l’imagination des stylistes n’a plus de limite.

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Madagascar est riche de sa biodiversité mais le pays a aussi une culture extraordinaire qui gagne à être plus connue.

Plus de renseignements sur le site de Tsarada Travel et sur sa page Facebook.

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