Séparées d’à peine un peu plus d’un kilomètre, les mines de Humberstone et Santa Laura partagent la même histoire. Créées en 1872, elles utilisent le système d’extraction industriel Shanks et connaissent vite leur apogée. Elles forment un binôme complémentaire pour comprendre cette industrie aujourd’hui disparue. A Humberstone, le visiteur peut observer les traces de la vie quotidienne ouvrière, avec son théâtre, sa place, son marché, sa piscine, sa pulpería (bistrot-épicerie de village) et, à Santa Laura, les infrastructures industrielles, dont l’usine La Maquina, les voies ferrées et les terrils.
Parmi les pionniers du désert qui explorent au péril de leur vie cette région reculée, don José Santos Ossa se distingue par sa découverte de mines de cuivre, d’argent et d’or le long du río Loa, puis se dédia à l’exploitation du nitrate en fondant la Compañía de Salitres y Ferrocarriles de Antofagasta (c’est-à-dire la Compagnie des salpêtrières et chemins de ferre d’Antofagasta). La valeur marchande de ce nitrate que l’on appelle rapidement l’or blanc déclenche la guerre du Pacifique entre le Pérou et la Bolivie, d’un côté, et de l’autre, le Chili. Le gouvernement chilien laisse des entreprises anglaises, françaises, italiennes, allemandes et espagnoles se charger de l’exploitation, et tire une fortune des taxes qui permettent de supprimer les impôts pendant les années d’apogée de l’exploitation — du minerai, qui va de pair avec celle surtout des ouvriers. La production des mines augmente de 200 000 tonnes par an en 1880 à 900 000 tonnes à son paroxysme au début du XXe.
La découverte du nitrate synthétique sonne le glas de cette fantastique source d’abondance et la misère de milliers d’ouvriers de la pampa. Leur déclin irréversible fut amorcé par la crise de 1914, jusqu’ à la fermeture définitive à la fin des années 50, drame social pour une région qui n’a que peu de ressources à mettre en valeur. Cette faillite soudaine a façonné la ville fantôme aujourd’hui visitable. On s’y croirait dans un décor de western spaghetti ; une série à succès de la télévision chilienne a d’ailleurs exploité ces vestiges d’une grandeur passée.
[Jeanne Fabre pour Chile Excepción]
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Il y a 1 commentaire
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On dirait en effet, les décors d’une série post-apocalyptique.