L’orang-outan, autrefois largement présent à travers tout le sud-est asiatique, ne survit plus que sur les îles de Sumatra et de Bornéo. Les programmes de conservation ne réussissent pas à enrayer le déclin de l’espèce, à tel point que la Wildlife Conservation Society prévoit l’extinction de ces primates à l’état sauvage d’ici une dizaine d’années. De son côté, l’International Union for Conservation of Nature a placé l’orang-outan sur sa liste rouge des espèces menacées. Au cocktail explosif et bien connu de la déforestation et du braconnage s’ajoute une fréquence de reproduction très faible. Une femelle donne naissance à un petit à la fois tous les 8 ans maximum. Avec une longévité d’environ 50 ans, elle ne donne la vie que deux ou trois fois.
Le nombre de pongus abelii, espèce endémique de Sumatra, est aujourd’hui estimé à 6000 individus, alors que le dernier recensement officiel faisait état de 7300 primates en 2004. L’orang-outan de Sumatra, exclusivement arboricole, peut-être observé dans le nord de l’île. L’essentiel de l’espèce, vit, non-protégée, dans la province de Banda Aceh. L’Indonésie a entrepris un programme de conservation dans le parc national de Gunung Leuser, sanctuaire qui abrite 25% de la population. Un centre de recherche, installé à Bukit Lawang depuis 1971, veille à la réintroduction à la vie sauvage d’orangs-outans arrachés à la jungle dès leur plus jeune âge pour être vendus comme animaux de cirque ou à de riches familles chinoises en quête d’animaux de compagnie exotiques.
Les habitants de Bukit Lawang, village paisible situé à l’est du parc Gunung Leuser, ont su exploiter avec intelligence cette entreprise de sauvegarde écologique en mettant sur pied des treks d’observation des primates dans leur habitat naturel. La randonnée varie d’une journée à 7 jours, obligatoirement en la compagnie d’un guide expérimenté. Elle nécessite une bonne condition physique, voire excellente pour le trek longue durée, car le terrain est très accidenté. Il faut compter six à neuf heures de marche quotidienne, en montées et en descentes extrêmement raides, à s’agripper aux lianes ou aux branches d’arbres. Il faut veiller à ne pas se laisser emporter par un sol rendu glissant par les averses tropicales. Il faut bien regarder où on met les mains pour ne pas terminer avec un garrot et une pompe aspi-venin en action.
Le confort des étapes du soir est minimal puisqu’on dort à même le sol, juste protégé par des bâches en plastique. Mais la récompense est au bout de la semelle de la chaussure de rando, car les orangs-outans sont aisément observables et peu farouches. Ils ne prennent pas la fuite à votre arrivée. Sauf peut-être Mina, la plus célèbre femelle orang-outan de Sumatra. Récupérée chez des particuliers où elle a subi des maltraitances, Mina a gardé une dent contre l’espèce humaine et peut se montrer agressive.
Les primates de Gunung Leuser partagent leur habitat avec d’autres singes, gibbons, babouins ou Thomas leaf monkey (presbytis thomasis). Pour observer les autres espèces en voie de disparition elles aussi, il faut embarquer pour le trek de sept jours. Vos pas vous mèneront alors au cœur de la jungle tropicale, où « l’homme de la forêt » cède la place au tigre de Sumatra, à l’éléphant ou encore au rhinocéros de Sumatra, dont on ne compte plus que… 27 spécimens. Dans tous les cas, votre guide veillera à ne pas laisser trace de votre passage dans cet écosystème fragile. En plus d’une parfaite connaissance de la faune et de la flore, les guides ont une conscience écologique aiguë et veillent à ramasser les déchets ou à enterrer ceux biodégradables, afin que les animaux n’entrent pas en contact avec des produits exogènes à leur environnement (pesticides, détergents).
Dans tous les cas, un trek dans une jungle préservée et hostile à l’homme constitue une expérience inoubliable. Et pour les moins sportifs, il est toujours possible d’aller observer les orangs-outans à la plate-forme d’approvisionnement de Bukit Lawang. La balade de 20 minutes le long de la rivière vous conduira jusqu’au centre de recherche où les orangs-outans en cours de réintroduction viennent se nourrir deux fois par jour.
Liens utiles
- Bjorn Grotting Photography : de belles photos et plein d’infos utiles sur le parc national de Gunung Leuser et Bukit Lawang
- Site de la Wildlife Conservation Society
- Site de l’International Union for Conservation of Nature
Les treks peuvent se réserver directement via votre hôtel à Bukit Lawang. Il faut compter 900 000 IDR (environ 55€) pour un trek de deux jours, comprenant l’entrée dans le parc, les repas, une nuit en camp, un guide et un ou deux accompagnateurs, la descente de la rivière en canot de fortune pour regagner Bukit Lawang. Assurez-vous que votre guide parle correctement anglais, qu’il a une approche éco-responsable de son métier et que tout est compris dans le prix avant de partir.
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